Hauts-de-Seine (92)

Les Hauts-de-Seine à la pointe de la lutte contre les risques de prolifération d’espèces invasives

Publié le 28/09/2023
Les Hauts-de-Seine à la pointe de la lutte contre les risques de prolifération d’espèces invasives
Cenusa Silviu Carol/AdobeStock

La lutte contre les espèces envahissantes est un élément stratégique de la protection de la biodiversité. Recenser ces espèces, limiter leurs impacts négatifs, empêcher de nouvelles installations, la politique du département des Hauts-de-Seine (92) est en conformité avec le cadre juridique dédié à la préservation de la biodiversité.

L’ambroisie à feuilles d’armoise, le frelon asiatique, le moustique tigre, l’écureuil de Corée ou encore l’écrevisse de Louisiane  : ces espèces animales ou végétales ont pour point commun de figurer au nombre des espèces invasives recensées par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), un organe intergouvernemental créé en 2012, dont la structure est inspirée de celle du GIEC. Mais un constat s’impose, ces espèces sont déjà présentes dans les Hauts-de-Seine (92). Les espèces invasives sont des espèces végétales ou animales qui ont été introduites par les humains en dehors de leur aire de répartition naturelle, que ce soit volontairement ou accidentellement, et qui menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces locales. Toutes les espèces introduites ne sont pas envahissantes, on estime que schématiquement environ une espèce introduite sur mille devient envahissante.

Les espèces invasives : une menace pour la biodiversité

En mai 2019, l’IPBES a publié le premier rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques. Il a dressé un constat alarmant : une érosion sans précédent de la biodiversité. Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d’au moins 20 % en moyenne. Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. « La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier », précise le rapport. Sur les huit millions d’espèces animales et végétales recensées sur terre, un million d’entre elles est appelé à disparaître dans les prochaines décennies si rien n’est fait pour lutter contre ce phénomène. Les principales causes de la disparition de la biodiversité sont généralement bien connues. Il s’agit des activités humaines comme les changements d’utilisation des terres et des mers (agriculture intensive, déforestation…), l’exploitation directe des organismes, la pollution et le changement climatique. En revanche, les espèces exotiques invasives sont rarement identifiées comme l’une des menaces pour la biodiversité alors même qu’il s’agit du cinquième facteur de perte de biodiversité dans le monde.

Une menace mondiale

Elles constituent un facteur majeur dans 60 % et le seul facteur dans 16 % des extinctions mondiales d’animaux et de plantes enregistrées par l’IPBES. Le 4 septembre dernier, l’IPBES a publié un rapport dédié à ce fléau (IPBES, Rapport d’évaluation sur les espèces exotiques envahissantes et leur contrôle, septembre 2023). Ce rapport qui a mobilisé 86 experts de 49 pays différents étudie les causes, la diversité et les solutions possibles pour agir contre les 3 500 espèces exotiques envahissantes dans le monde. Les pertes économiques liées aux espèces invasives y sont chiffrées à 423 milliards de dollars annuels. Et ce coût augmente de façon exponentielle. Le phénomène est en nette augmentation. En Europe, le nombre d’espèces exotiques envahissantes a ainsi augmenté d’au moins 76 % ces 35 dernières années d’après les chiffres du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires.

Une quinzaine d’espèces en Île-de-France

La France est loin d’être épargnée. On y recense environ 2 750 espèces exotiques en France, dont certaines espèces envahissantes particulièrement problématiques. Du fait de sa diversité de climats et de milieux et de sa position de carrefour entre l’est et le sud de l’Europe, la France métropolitaine est particulièrement vulnérable aux invasions d’espèces exotiques envahissantes. C’est l’un des pays les plus touchés d’Europe. En Île-de-France on recense pas moins d’une quinzaine d’espèces envahissantes dont des plantes comme, l’ambroisie à feuilles d’armoise, la renouée du Japon, des mammifères comme le ragondin, l’écureuil de Corée et le vison d’Amérique, des crustacés au nombre desquels l’écrevisse de Louisiane, des poissons comme le silure ou la perche soleil, des oiseaux comme la perruche à collier ou l’oie bernache du Canada, ou encore des insectes : la pyrale du buis, le frelon asiatique, le moustique tigre, la coccinelle asiatique.

Vigilance dans les Hauts-de-Seine

Le département des Hauts-de-Seine est particulièrement attentif au risque de prolifération d’espèces invasives sur ses espaces naturels. Ces milieux fragiles portent des enjeux forts pour les habitants et pour la biodiversité locale. Les espèces exotiques envahissantes ont un impact sur l’environnement sur la santé et parfois même sur la sécurité de la population. Ainsi certaines plantes invasives présentent également des risques sanitaires. Elles peuvent être allergisantes comme l’ambroisie à feuilles d’armoise, ou encore provoquer des brûlures cutanées comme la berce du Caucase. Pour éviter leur impact négatif sur la santé des visiteurs et sur la biodiversité, le département surveille et contrôle la prolifération d’une trentaine d’espèces dans les parcs et jardins départementaux. La protection du patrimoine végétal est une priorité et la lutte contre les espèces envahissantes constitue une tâche quotidienne pour les équipes du département. Ainsi pour la pyrale du buis, un petit papillon originaire d’Asie dont la chenille dévaste les buis la surveillance est quotidienne car il n’existe pas de traitement préventif. Au-delà des problèmes sanitaires qui peuvent affecter les plantes, le département s’attache à contrôler la prolifération de certaines espèces indigènes ou exotiques qui risquent de nuire à la qualité paysagère d’un site ou à sa biodiversité. Les espèces invasives font l’objet d’une surveillance et d’un contrôle. Certaines espèces sont déjà présentes dans les parcs du département des Hauts-de-Seine (l’ailante, la balsamine, écrevisse de Louisiane…), il s’agit donc de limiter les impacts négatifs de cette installation en empêchant leur prolifération. D’autres, non présentes, ne sont pas souhaitées et seront retirées dès leur apparition par les équipes du département (la berce du Caucase, la jussie, le frelon d’Asie…). Ainsi en août dernier une opération démoustication a été menée à Colombes pour lutter contre le moustique tigre et deux autres opérations sont prévues à Colombes encore et à Rueil-Malmaison, où un cas de dengue a été recensé dans chacune des communes. Un comité de suivi départemental du moustique-tigre a été mis en place. Le département des Hauts-de-Seine est classé en niveau 1. Ce niveau signifie que le moustique tigre y est implanté et actif

Un cadre juridique cohérent

Cette stratégie départementale s’inscrit dans un cadre juridique national cohérent en conformité avec les textes européens et les traités internationaux. L’objectif 6 de l’accord de Kunming-Montréal, signé en décembre 2022 à la COP15 sur la biodiversité, organisée dans le cadre de la Convention pour la diversité biologique (CDB) mise en place lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, prévoit d’ « éliminer, minimiser, réduire et/ou atténuer les impacts des espèces exotiques envahissantes sur la biodiversité et les services écosystémiques ». Le plan d’action national s’articule avec la politique européenne de lutte contre les espèces exotiques envahissantes et notamment avec le Règlement (UE) n° 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014 sur la prévention et la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes. La stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes comprend 5 axes et 38 actions. Elle a été adoptée en 2017. Élaboré par le ministère de la Transition écologique et l’Office français de la biodiversité (OFB), le plan d’action pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces exotiques reconnues comme envahissantes prolonge et approfondit la stratégie nationale, pour la période 2022-2030, notamment sur les aspects de prévention. Il couvre l’ensemble du territoire national, métropolitain et ultramarin et met l’accent sur la sensibilisation et la mobilisation de tous les acteurs susceptibles de contribuer à propager les espèces exotiques envahissantes (touristes, usagers de la nature, filières de production et de vente, établissements détenteurs, entreprises du BTP, transporteurs, etc.) et prévoit un renforcement des contrôles sur les voies d’introduction possibles.

Plan