Les Yvelines, maillon fort de la politique pour la préservation de la biodiversité

Publié le 22/01/2024
Les Yvelines, maillon fort de la politique pour la préservation de la biodiversité
Langladure

Le département des Yvelines se caractérise par un patrimoine biologique exceptionnel. Sa démarche volontariste de protection de la biodiversité francilienne est un relais efficace de la stratégie nationale pour la biodiversité.

Le concept de biodiversité est récent. Il est utilisé pour la première fois en 1985, lors de la préparation du Forum américain sur la diversité biologique, et est repris dans le titre du compte rendu de ce forum, en 1988. C’est le Sommet de la terre de Rio de Janeiro, en 1992, qui a permis la mise en place de la Convention internationale sur la diversité biologique (CDB), qui consacre le terme de biodiversité. Il recouvre tout à la fois l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactéries, etc.) ainsi que toutes les relations et interactions qui peuvent exister, d’une part, entre les organismes vivants eux-mêmes et d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie. Environ 1,8 million d’espèces différentes ont été décrites sur notre planète, dont 280 000 dans les mers et les océans. Les spécialistes estiment que 5 à 100 millions d’espèces peuplent la Terre alors qu’ils décrivent, chaque année, environ 15 000 espèces nouvelles. Leur travail de recensement est loin d’être terminé.

Une biodiversité gravement menacée

Les experts estiment que le rythme actuel de disparition des espèces est 100 à 1 000 fois supérieur au taux naturel d’extinction. Environ 1 million d’espèces seraient menacées. De nombreux scientifiques évoquent d’ailleurs une sixième extinction de masse des espèces, la dernière en date étant celle des dinosaures, il y a 65 millions d’années. Mais la crise actuelle qui menace la biodiversité est beaucoup plus rapide et elle est quasi exclusivement liée aux activités humaines. La France possède un patrimoine naturel exceptionnel : avec la métropole et les territoires d’outre-mer, elle est présente sur deux continents et dans tous les océans, sauf l’Arctique. C’est le deuxième espace maritime du monde avec plus de 10 millions de km2. Plus de 180 000 espèces sont recensées en métropole et outre-mer, soit 10 % des espèces connues sur la planète. En dépit des politiques et des actions entreprises pour préserver la biodiversité, celle-ci s’érode en France. Sur l’ensemble du territoire national, environ 590 000 ha de milieux naturels et de terrains agricoles ont été artificialisés entre 2006 et 2015. Cela équivaut à la superficie d’un département comme la Seine-et-Marne. La France se situe parmi les dix pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées selon la liste rouge des espèces menacées 2018.

Les départements, maillons indispensables de la stratégie nationale pour la biodiversité

La richesse du patrimoine naturel français et les menaces qui pèsent sur son devenir confèrent à la France une responsabilité particulière en matière de biodiversité. La stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) est la concrétisation de l’engagement français au titre de la Convention sur la diversité biologique. Après la loi relative à la protection de la nature de 1976 et la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages de 1993, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a été promulguée le 9 août 2016. Elle a inscrit dans le droit français une vision dynamique et renouvelée de la biodiversité qui vise à protéger les espèces en danger, les espaces sensibles et la qualité de notre environnement, tout en faisant de la biodiversité un levier de développement économique. La gestion et la protection des milieux naturels, de la flore et de la faune, reposent sur un large éventail d’outils qui permettent d’adapter les réponses à la diversité des enjeux et des problématiques rencontrés sur le terrain et peuvent s’articuler pour renforcer l’efficacité de la gestion et de la protection. La création d’une aire protégée, la délimitation d’une zone d’inventaire ou encore l’acquisition d’espaces naturels à gérer relèvent, en fonction de l’outil considéré, de l’État ou d’une collectivité territoriale. Les départements ont un rôle stratégique à jouer. Ils sont un maillon essentiel de la stratégie nationale pour la biodiversité. Ils s’imposent en effet comme l’échelon pertinent pour mener des actions de protection de la biodiversité, et ce plus particulièrement depuis la loi du 18 juillet 1985 qui leur a conféré la compétence de mise en place d’une politique Espace Naturel Sensible.

Le département des Yvelines un pôle de biodiversité

En Île-de-France, l’action du département des Yvelines en est une illustration au regard de la richesse de son patrimoine et de sa mobilisation en faveur de la biodiversité. Le département ne compte pas moins de 2 800 ha d’Espaces Naturels Sensibles dont une grande partie est ouverte au public. Ces Espaces Naturels Sensibles, répartis sur une cinquantaine de communes du département, comportent de grandes forêts remarquables par leurs futaies ou leurs reliefs de landes sableuses, des étangs, des prairies pâturées, des friches jardinées ainsi que quelques biotopes exceptionnels. Le département des Yvelines a en effet gardé, en dehors de certaines zones urbanisées, un caractère rural et préservé. L’agriculture occupe près de la moitié de la surface de son territoire. Les bois occupent environ 30 % du département, avec notamment de grands massifs forestiers comme le massif de Rambouillet, deuxième massif le plus vaste de la région après celui de Fontainebleau. On y trouve également de grands massifs issus des anciennes forêts royales : Marly, Saint-Germain-en-Laye et Versailles. Le département concentre deux grands pôles de biodiversité qui recouvrent la majeure partie des zones protégées sur des ensembles géographiques très marqués. Il s’agit d’une part de la basse vallée de la Seine avec ses coteaux et pelouses calcaires, ses boisements thermophiles et ses terrasses alluviales et d’autre part du massif de Rambouillet avec son ensemble de milieux oligotrophes ou pauvres en éléments nutritifs plus ou moins boisés et ses zones humides. Un second ensemble beaucoup plus fragmenté est constitué par le sommet des buttes boisées : Meudon, Marly-les Alluets, l’Hautil et les Buttes du Vexin avec des milieux boisés oligotrophes de pente. Autres sites importants du point de vue de la préservation de la biodiversité dans les départements des Yvelines : la vallée de la Seine en amont avec plusieurs zones de terrasses alluviales, la forêt de Saint-Germain-en-Laye et la moyenne vallée de la Mauldre avec ses coteaux et boisements thermophiles.

Une politique de protection

La richesse du département des Yvelines est attestée par de nombreux inventaires et protections : deux parcs naturels régionaux (le parc régional de la Haute-Vallée de Chevreuse et le parc régional du Vexin français), deux réserves naturelles nationales (Saint-Quentin-en-Yvelines, Côteaux de la Seine), quatre réserves naturelles régionales

(Boucle de Moisson, Étangs de Bonnelles, site géologique de Limay, val et côteau de Saint-Rémy), un arrêté de protection de biotope (Bout du Monde à Épône), des sites inscrits au titre de la Directive habitats (ZSC, SIC, PSIC) et les sites inscrits au titre de la Directive oiseaux (ZPS). On trouve six zones spéciales de conservation (ZSC) et Directive habitat : les coteaux et boucles de la Seine, la forêt de Rambouillet, les tourbières et prairies tourbeuses de la forêt d’Yveline, la carrière de Guerville, la vallée de l’Epte francilienne et ses affluents, les chiroptères du Vexin français). Les trois zones de protection spéciales (ZPS) et Directive oiseaux sont l’étang de Saint Quentin, la forêt de Rambouillet, les boucles de Moisson, de Guernes et de Rosny. On peut aussi citer les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, floristique et Faunistique (ZNIEFF) qui ne constituent pas des protections en soi mais sont un outil de connaissance du territoire, basé sur l’expertise de naturalistes et de scientifiques. De fait, la grande majorité des périmètres de protections décidés ultérieurement, sont initialement inclus dans des ZNIEFF. On distingue deux types de ZNIEFF : le type II qui correspond à de grands ensembles naturels suffisamment riches et peu modifié et englobe majoritairement les grandes forêts domaniales comme le massif de Rambouillet, les forêts de Marly, de Saint-Germain, de Rosny ainsi que des grandes entités géographiques comme les boucles de Guernes et de Moisson, les buttes du Vexin et les vallées amont de la Bièvre, du Rhodon, de l’Yvette, de l’Orge et de la Mauldre et le type I, qui cible des habitats ou des espèces remarquables au niveau régional. L’ensemble des ZNIEFF recouvre environ 65 000 ha soit 28 % du territoire des Yvelines.

Des espèces emblématiques du territoire des Yvelines

Le cerf élaphe (Cervus elpahus) est un mammifère emblématique du territoire. Il est présent dans les massifs forestiers. Il a besoin de vastes espaces à dominantes forestières pour vivre mais aussi des continuités écologiques fonctionnelles pour permettre un brassage de ses populations. Dans les Yvelines, il est présent de Rochefort-en-Yvelines au sud jusqu’à l’autoroute A13 au nord, bien que ses noyaux de populations reproductrices soient situés au cœur du massif de Rambouillet. Il a en revanche disparu des massifs forestiers plus petits et des abords des grands centres urbains. Son rôle écologique est essentiel pour le maintien des milieux ouverts (prairies, clairières…). La chouette chevêche (Athena noctua) est quant à elle principalement présente dans la partie ouest du territoire autour du massif de Rambouillet, le Houdanais et autour de la vallée de la Vaucouleurs. Ce rapace nocturne habite les paysages bocagers présentant une mixité d’habitats de champs, pâtures, prairies, haies et vieux vergers. La présence de cavités est nécessaire à sa reproduction, c’est pourquoi on la trouvait principalement dans les vieux vergers. Leur forte régression incite l’espèce à préférer aujourd’hui le bâti comme les fermes ou les nichoirs installés par l’homme. Enfin, l’oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) est un oiseau des milieux steppiques typique de la vallée de la Seine ; il est présent des landes de la boucle de Moisson aux anciennes carrières de la boucle de Chanteloup. Cet oiseau à tendance thermophile affectionne les terrains caillouteux à la végétation rase comme les landes, les prairies sèches, les cultures basses, les friches ou même les anciennes gravières ou sablières. Sur le territoire des Yvelines, nombre de ces habitats sont des milieux de transition dont la pérennité n’est pas garantie. L’enfrichement de ses habitats et les projets d’aménagements sont les principales menaces sur l’espèce dans la vallée de la Seine.

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