Préserver la biodiversité : une priorité en Essonne
Le département de l’Essonne travaille à la préservation des écosystèmes de son territoire au travers de sa politique des espaces naturels sensibles.
En Île-de-France, la préservation de la biodiversité constitue un sujet stratégique. Contrairement aux idées reçues, cette dernière abrite en effet une forte biodiversité :
• 1459 espèces végétales ;
• 17 espèces d’amphibiens ;
• 56 espèces de mammifères dont une vingtaine de chiroptères ;
• 178 espèces d’oiseaux nicheurs ;
• 14 espèces de reptiles ;
• 41 espèces de poissons dont 11 introduites ;
• 112 espèces de papillons du jour ;
• 1500 espèces de papillons de nuit ;
• 62 espèces de libellules ;
• 68 espèces d’orthoptères, etc.
Or cette biodiversité est particulièrement fragilisée. Les causes à l’œuvre sont bien connues. Il s’agit d’une part de la disparition et de la fragmentation des habitats (5 mètres linéaires de haie par hectare seulement en Île-de-France), du comblement des zones humides (2 % des surfaces de la région), de l’artificialisation des sols (équivalent de la surface d’un département en 10 ans en France), de l’usage croissant de pesticides et insecticides, de la monoculture (46 % des terres agricoles franciliennes dont 45 % en blé et seulement 7 % en herbe), mais aussi de l’invasion par les espèces exotiques animales et végétales facilitée par les hivers doux (ragondin, pyrale du buis, frelon asiatique, renouée du Japon, etc.) – d’après les chiffres de l’Agence régionale pour la biodiversité (https://www.arb-idf.fr/nos-travaux/publications/panorama-de-la-biodiversite-francilienne-2019/). On estime ainsi que, de 2004 à 2014, 18 % des espèces de papillons se sont éteintes, 22 % sont en danger. En 14 ans, 44 % des oiseaux spécialistes des milieux agricoles et 41 % des oiseaux urbains ont disparu. En comparaison, au niveau national ce taux est limité à -33 % en France métropolitaine. Les chauves-souris sont particulièrement menacées : -55 % pour la pipistrelle commune en 11 ans, -75 % pour la noctuelle commune. Seules 4 espèces sur 20 ne sont pas en situation préoccupante.
L’Essonne, un département leader en matière de protection de biodiversité
En Île-de-France, l’Essonne tient une place particulière en raison de la très grande richesse de son patrimoine naturel. Ce département dont la croissance démographique est l’une des plus dynamique de l’Île-de-France se distingue en effet par la qualité de son patrimoine naturel. Avec 25 % de son territoire occupé par des milieux naturels, le département de l’Essonne affiche un paysage riche et varié : forêts, landes prairies, rivières, étangs, marais, etc. Les espaces boisés, qui s’étendent sur 42 150 hectares, y sont largement majoritaires. 25 % de ces espaces sont des forêts publiques aménagées pour la promenade. Les zones humides, qui constituent 3 % des espaces naturels du département, présentent quant à elles un intérêt écologique majeur. Les domaines départementaux de Chamarande (XVIIe siècle) ou de Méréville (XVIIIe siècle) ou encore les nombreux châteaux et jardins du XIXe siècle jalonnant l’Essonne attestent également des atouts que ce territoire possède en matière de patrimoine naturel. Autant de réservoirs précieux de biodiversité. Le département mène une politique active de conservation et de valorisation de ce patrimoine naturel. Il est un acteur majeur de la préservation de la biodiversité et des paysages.
Le rôle stratégique des espaces naturels sensibles
Depuis plusieurs décennies, le département adopte une démarche volontariste. L’Essonne a notamment initié un vaste programme de rachat de parcelles à potentiel naturel élevé, pour les préserver. Plus de 1 900 hectares de patrimoine naturel ont été acquis par le département. Les forêts et les zones humides constituent la très grande majorité des espaces dans lesquels le département est intervenu mais on y trouve également des milieux emblématiques de l’Essonne, comme les platières gréseuses, les pelouses calcicoles, les sites fossilifères, espaces au patrimoine écologique remarquable. Ce patrimoine foncier constitue un réseau écologique de près de 80 sites départementaux, dont une cinquantaine a été réhabilitée, aménagée et ouverte au public. Pour protéger et valoriser ces sites, le département s’appuie sur un outil majeur en matière de préservation de la biodiversité : l’espace naturel sensible (ENS). Les espaces naturels sensibles visent à préserver la qualité des sites, des paysages, des milieux et habitats naturels et les champs naturels d’expansion des crues. D’une grande diversité, ces espaces abritent une flore et une faune remarquable. Ainsi, les étangs du marais de Misery constituent un refuge pour les très rares couples de Locustelle Luscinioïde, mais également pour des grands cormorans, des milans noirs ou des balbuzards pêcheurs. Le site a d’ailleurs obtenu le label européen Natura 2000, récompensant les sites à la faune et la flore exceptionnelles. Ils ont été également inscrits sur la prestigieuse liste verte de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Les quelque 130 hectares du cirque de l’Essonne, un amphithéâtre naturel d’exception qui a bénéficié d’un programme de préservation et de valorisation important, n’abrite pas moins de 10 espèces de mammifères, 54 espèces d’oiseaux, 26 espèces de papillons de jour et 28 espèces de libellules.
L’espace naturel sensible, un outil au service de la protection des espaces naturels
Créés par le département, les espaces naturels sensibles permettent à celui-ci d’élaborer et de mettre en œuvre une politique de protection, de gestion et d’ouverture au public de ces espaces naturels. Pour répondre aux enjeux paysagers, écologiques et de prévention des risques d’inondation repérés sur ces espaces, le département peut en particulier, sous certaines conditions prévues par le Code de l’urbanisme :
• créer des zones de préemption et mettre en place un droit de préemption sur les ENS (DPENS) ;
• instituer une part départementale de la taxe d’aménagement (TA) pour le financement des ENS ;
• et appliquer le régime des espaces boisés classés (EBC) en l’absence de plan local d’urbanisme (PLU, PLUi) pour préserver les bois, forêts et parcs en ENS.
Mis en œuvre dès 1989, les périmètres ENS définissent le cadre de l’action départementale. Ces périmètres peuvent intégrer des secteurs à forts enjeux écologiques, comme espaces de nature ordinaire, ou des territoires de continuités écologiques (trame verte et bleue). Les espaces naturels sensibles sont décidés de manière consensuelle avec les collectivités locales. Ils sont en effet définis par délibération du conseil départemental, à la suite d’une phase de concertation engagée avec les collectivités territoriales concernées et après consultation de la chambre d’agriculture et du centre régional de la propriété forestière. Ces zones constituent la base des démarches d’acquisition foncière du département (ou des collectivités qui peuvent exercer ce droit par substitution ou délégation), en priorité sur toute autre personne morale ou privée, de conventionnement et de subventionnement des départements. Ce droit de préemption constitue un outil foncier efficace en complément des acquisitions menées par voie amiable.
Quelles orientations à venir pour les espaces naturels sensibles du département ?
Le département s’est doté d’un nouveau schéma départemental des ENS pour la période 2023-2030 afin de poursuivre son effort en faveur de la biodiversité. Pour l’élaborer, le département s’est appuyé sur le bilan de la mise en œuvre de la politique en matière d’espaces naturels sensibles (périmètres ENS, intervention départementale en maîtrise d’ouvrage, appui au territoire, actions de sensibilisation et d’animations, actions en faveur de la biodiversité, partenariat scientifique, etc.) du précédent schéma 2012-2021. Pour la période 2023-2030 différents enjeux ont été identifiés. Il s’agit tout d’abord de répondre à la crise de la biodiversité et à l’urgence climatique, en poursuivant et en renforçant l’action du département et des acteurs du territoire. Le département souhaite poursuivre la politique d’acquisition et de préservation des ENS en se donnant les moyens de gérer les espaces acquis ainsi que de renforcer l’accompagnement du territoire et son expertise auprès des acteurs (nature en ville, zones de préemption, suivi des espaces préemptés, etc.) comme le lien entre la population et l’identité naturelle du département. Autre axe fort de développement pour les années à venir : utiliser le patrimoine naturel comme outil de valorisation et de promotion de l’identité du département. Le département souhaite en outre utiliser efficacement la part de la taxe d’aménagement affectée aux ENS. À cet effet, le département décline dans son plan d’action sept grandes orientations :
• une politique d’acquisition et de préservation ciblée au sein des périmètres départementaux d’intervention foncière (PDIF) et un renforcement des dispositifs d’acquisition par les communes et les établissements publics de coopération intercommunale ;
• gestion et mise en œuvre des moyens nécessaires pour que l’intégralité des espaces naturels bénéficie d’un niveau de gestion minimal ;
• renforcement d’animateurs pour pouvoir accueillir davantage de publics, notamment scolaires, sur les sites ;
• diffusion des richesses naturelles au service de la production de savoirs (observations, études, suivis, porter-à-connaissance, services rendus par la nature, etc.)
• Favorisation de la biodiversité urbaine (nature en ville, jardins naturels sensibles) ;
• Cartographie et préservation des sols vivants (trame brune) ;
• utilisation des ENS comme outil de promotion du territoire et de valorisation de l’identité essonnienne.
Référence : AJU010v4