Val-de-Marne : le mécénat au service de la préservation d’un corridor écologique

Publié le 02/10/2024
Val-de-Marne : le mécénat au service de la préservation d’un corridor écologique
Chabe01, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Entre Marne-la-Vallée et Charenton-le-Pont, les bras de la Marne abritent plusieurs dizaines d’îles. Ces biotopes constituent des refuges naturels pour la faune et la flore. Ils jouent un rôle stratégique pour la préservation de la biodiversité en Île-de-France. En 2023, dans le cadre de son programme « Patrimoine naturel et Biodiversité », la Fondation du Patrimoine a ainsi sélectionné un projet francilien : la valorisation et la préservation du corridor écologique de l’Île des Loups à Nogent-sur-Marne, au sein du département du Val-de-Marne.

Reconnue d’utilité publique, la Fondation du Patrimoine est dédiée à un objectif d’intérêt général, la préservation du patrimoine de proximité non protégé. 80 % de ses projets sont situés dans des territoires ruraux conformément à sa mission et à ses objectifs. En lien avec les principaux acteurs du secteur et de l’État, elle aide les propriétaires publics et associatifs à financer leurs projets, permet aux propriétaires privés de défiscaliser tout ou partie de leurs travaux et mobilise le mécénat d’entreprise. Bâtiments, paysages, milieux naturels, espèces, le cadre de vie est un tout. Préserver le patrimoine favorise l’aménagement du territoire durable et la transition écologique. Depuis 2009, la Fondation agit pour la protection de la biodiversité et la valorisation des espaces naturels protégés ou reconnus. Elle accompagne plus de 3 000 projets de sauvegarde public ou privés par an, dispersés sur l’ensemble du territoire, souvent localisés dans de petites ou moyennes communes. La Fondation du Patrimoine a sauvé 27 500 sites en 25 ans. En 2021, 2 178 sites ont pu être sauvés grâce à 84,7 millions d’euros d’aides directes et indirectes en faveur du patrimoine et 703 millions d’euros de travaux soutenus.

Mécénat et fiscalité

Les dons effectués par les particuliers sont déductibles de leur impôt sur le revenu à hauteur de 66 % du montant du don dans la limite de 20 % du revenu imposable du donateur. Les dons ouvrent également droit à une réduction de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) à hauteur de 75 % du don dans la limite de 50 000 euros, excepté pour les collectes de dons organisées en faveur de bâtiments privés protégés au titre des monuments historiques ou labellisés par la Fondation du Patrimoine. Les entreprises mécènes bénéficient, quant à elles, d’une réduction d’impôt sur les sociétés égale à 60 % des sommes données. Cependant la loi limite le taux de réduction fiscale de 60 à 40 % pour les dons supérieurs à 2 millions d’euros par an. La loi n’impose aucun montant minimal de chiffre d’affaires. De même, aucun montant minimal n’est requis pour le don effectué par l’entreprise. En revanche, le dispositif est plafonné. En effet, les dépenses ne sont retenues que dans la limite de 20 000 € ou de 5 % du chiffre d’affaires lorsque ce dernier montant est plus élevé. En cas de dépassement de ce seuil ou si le résultat de l’exercice en cours est nul ou négatif, il est cependant possible de reporter l’excédent sur les cinq exercices suivants.

Un réservoir naturel de biodiversité

Le programme « Patrimoine naturel et Biodiversité » de la Fondation du Patrimoine apporte un appui financier à des projets d’éco-rénovation de patrimoine bâti et à des projets de sauvegarde d’espaces naturels sensibles, réservoir de biodiversité. Retenu dans la catégorie « Nature aménagée et biodiversité », le projet porté par l’association Au Fil de l’Eau pour le corridor écologique de l’Île des Loups bénéficie d’une aide de 80 000 euros. Un corridor écologique constitue un couloir naturel, un lien essentiel entre des territoires fragmentés ou séparés par les activités humaines. Il crée des connexions entre des réservoirs de biodiversité et offre ainsi aux espèces des conditions favorables à leur déplacement et à l’accomplissement de leur cycle de vie. Démarré en 2023, il s’achèvera en 2024. L’Île des loups, longue de 800 mètres, située entre les communes de Nogent-sur-Marne et du Perreux-sur-Marne, accessible uniquement en bateau, riche de centaine d’arbres, dont certains remarquables, est un refuge naturel pour la biodiversité du département. On raconte d’ailleurs que son nom date de la guerre de 1870 lorsque des soldats ont organisé une trêve pour chasser les loups qui dévoraient les cadavres sur les champs de bataille. Les loups seraient alors partis à la nage se réfugier sur l’île…

Un corridor écologique au cœur d’un territoire urbanisé

L’Île des Loups est située dans une zone très urbanisée, à quelques centaines de mètres de l’autoroute de l’Est. Comme toutes les îles de la Marne elle constitue un écosystème stratégique pour l’ensemble du département : épuration de l’air, épuration de l’eau, rafraîchissement, réserve de biodiversité, etc. Elle offre un refuge précieux pour la faune et la flore du département. Composée majoritairement d’une forêt située en son centre, elle abrite de nombreux châtaigniers, chênes et ormes, mais aussi des arbres plantés par l’homme comme des ifs, des noisetiers rouges et un vieux platane plusieurs fois centenaire. Elle abrite de nombreuses espèces protégées : hérons cendrés, chouettes hulottes, martins-pêcheurs, écureuils roux, lucane cerf-volant, un scarabée qui niche dans le bois mort. Mais la vraie star de l’île c’est le hérisson blond, une variété de hérisson extrêmement rare au niveau mondial, qui a la particularité d’avoir les épines dorsales teintées d’une couleur beige clair ou même entièrement blondes, des yeux foncés et un ventre blanc.

Un projet ambitieux au service de la biodiversité

La gestion non-interventionniste de l’île a favorisé le développement des arbres qui entraînent l’érosion de la berge. Une étude du Syndicat Marne Vive en 2015 a démontré la nécessité d’intervenir sur la restauration de la berge, la ripisylve et le développement des milieux typiques des zones humides. En effet, la présence des zones anthropisées, des zones habitées et la présence des espèces invasives représentent un facteur limitant pour la biodiversité. Le projet sélectionné par la Fondation du Patrimoine a pour objectif de reconstituer une forêt alluviale et une végétation de bords de rivière fonctionnelle et de restaurer des plans d’eau en mares écologiques. Ce chantier comprend la réalisation d’un inventaire sur la flore et la faune, la plantation d’arbres et arbustes et la renaturation des plans d’eau pour en faire des mares écologiques. Le projet comprend également des activités de sensibilisation à destination des scolaires.

Plan