Délit de non-partage des tâches domestiques : mieux vaut en rire !

Publié le 23/03/2022

La candidate malheureuse à la primaire de l’écologie Sandrine Rousseau (EELV) a proposé mercredi la création d’un délit de non-partage des tâches domestiques. L’idée fait sourire l’avocate pénaliste Julia Courvoisier qui imagine à quoi pourrait ressembler le traitement judiciaire de ce type de dossier en l’an 2042.

Délit de non-partage des tâches domestiques : mieux vaut en rire !
Photo : ©AdobeStock/Ekaterina

Paris, un jour pluvieux de janvier 2042, au tribunal correctionnel et domestique.

Paul, mon client, est tenu par la main par deux policiers arborant une fleur à la place de leur numéro d’identification, visiblement fiers de porter leur nouvelle tenue en coton bio éco-responsable.

Il semble inquiet de la sanction qui va lui être infligée par ce tribunal très sévère, composé exclusivement de féministes et d’hommes déconstruits (qui ont justifié de 150 heures de formation « déconstruction »).

Il sait qu’il a commis un délit puni d’une peine de prison et que le tribunal correctionnel et domestique prononce des mandats de dépôt dans 99% des cas, à tel point qu’une « maison d’arrêt domestique » a dû être construite dans le centre de Paris.

Cette « maison d’arrêt domestique », dite MAD est une structure pénitentiaire créée il y a quelques années par un groupe de femmes, visant à rééduquer les hommes non déconstruits, condamnés pour des faits de « non-partage des tâches domestiques ».

 

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L’idée est née vingt ans plus tôt, le 22 mars 2022, lorsque Sandrine Rousseau, figure du parti EELV, a confié à l’occasion d’une interview vouloir créer un délit de « non-partage des tâches domestiques ». Elle avait précisé à l’époque que « le privé c’est le politique » et que l’égalité entre les femmes et les hommes devait être absolue.

Il fallait donc s’immiscer dans la vie privée des couples, au point de compter le nombre de verres et de fourchettes lavé par les uns et les autres, les Français n’étant pas suffisamment évolués pour gérer leur foyer eux-mêmes.

Nous vivions alors une campagne présidentielle qui peinait à s’imposer entre la crise du Covid et la guerre en Ukraine, et l’on ne prenait pas forcément Sandrine Rousseau très au sérieux.

Mais elle a fini par arriver à la tête du gouvernement français. Et elle a mis en pratique toutes ses idées innovantes, à commencer par la  réforme du code pénal pour pénaliser l’inégalité dans les tâches domestiques.

Elle nous avait prévenus : le non-partage des tâches domestiques serait réprimé au même titre que les violences sexuelles dans un couple.

Laisser sa femme faire les courses tous les samedis matin deviendrait donc aussi grave que de la violer.

A l’époque, le viol était puni de 15 ans de réclusion criminelle (sauf circonstance aggravante).

Aujourd’hui, en 2042, le fait de ne pas laver autant d’assiettes que sa femme vous fait encourir 15 ans à la MAD. C’est le délit le plus sévèrement puni.

La loi pénale est très claire et prévoit une répartition stricte du nombre de couverts à laver, mais aussi de passages hebdomadaires d’aspirateur, de coups de serpillière, de lessives et de courses au supermarché.

 

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Paul, mon client du jour, sait donc qu’il risque gros.

La MAD lui fait peur. Et je le comprends.

Les détenus de la MAD subissent un programme de déconstruction et de reconstruction très strict comprenant différents cours et programmes quotidiens :

*1 heure d’entrainement à rabaisser la cuvette des toilettes (le mouvement de poignet étant très difficile à maitriser),

*3 heures de vaisselle sans eau (option : vaisselle à l’eau froide),

*2 heures pour maîtriser la serpillère dans le sens des lattes sur le parquet (l’option « lino » vient d’ailleurs d’être créée sous l’impulsion de la direction de la MAD, Madame Alice Coffin),

*1 heure de médiation féminine pour faire naitre la femme qui est au coeur des détenus,

*2 heures de sport (yoga ou danse classique en tutu).

Sur la porte d’entrée de la MAD figure cette édifiante devise : « la charge mentale doit changer de camp ».

Paul, qui a déjà été contraint par le passé, dans le cadre d’un sursis probatoire, de passer 7 heures à rabaisser la cuvette des toilettes devant un huissier, quatre policiers et une juge d’application des peines domestiques, a évidemment peur d’être incarcéré.

Oui, Paul est un récidiviste. Un voyou. Un délinquant. Un criminel du ménage.

Un homme dangereux, en somme.

Il est avocat. Après une semaine passée à la cour d’assises à défendre un homme accusé d’avoir violé sa fille, il est rentré chez lui le vendredi soir, aux alentours de minuit. Sa femme, qui dormait, lui avait laissé la moitié de la vaisselle à faire, ainsi que le linge à étendre (elle avait réparti le bac en 2 : son linge à elle et son linge à lui comme le prévoit l’article 87.865 du nouveau code pénal). Épuisé après avoir travaillé près de 75 heures dans la semaine, il s’était dit que ses tâches domestiques attendraient le lendemain.

Erreur !

Samedi matin, ce sont les policiers, appelés par sa femme comme le prévoit la loi, qui l’ont réveillé à 6 heures. Après avoir constaté qu’il n’avait pas exécuté ses obligations domestiques, et nul n’étant censé ignorer la loi, Paul a été placé en garde à vue :   48 heures d’interrogatoires, avec pour seul repas du tofu arrosé de thé vert au gingembre.

Finalement, et malgré mes efforts pour faire comprendre au tribunal la fatigue qui s’était emparée de lui ce soir-là, Paul a été condamné à 10 ans de MAD.

Il y est parti à pied, dans un Paris interdit aux voitures. Tenu par la main par ces deux gentils policiers fleuris. Il ne peut pas faire appel car Sandrine Rousseau a décidé que le tribunal correctionnel et domestique statuerait en premier et dernier ressort.

En 2042, la justice domestique tourne à plein régime. Il y a quasiment une MAD dans chaque commune.

Sandrine Rousseau envisage d’ailleurs d’ouvrir une MAD « nouvelle génération » comme elle dit, mais cette fois-ci sur une île éloignée de la métropole, qu’elle fait actuellement construire avec nos déchets recyclés. Elle trouve qu’il y a trop de récidivistes et pense que les MAD actuelles sont trop laxistes. Alors elle ressuscite le bagne.

Les prisons sont pleines d’hommes à reconstruire et les rues exclusivement néo-féminines.

Nous vivons enfin en sécurité en France.

 

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