TJ de Nanterre : « C’est une constante que d’outrager et de menacer ! »
Parce qu’il a insulté une employée d’une agence Pôle Emploi, Monsieur B. est convoqué à l’audience de la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Nanterre.
La juge commence par faire le point sur la situation personnelle de Monsieur B. en énumérant chaque mention à son casier. Et la liste semble interminable : violences, dont certaines avec armes, vols en réunion, outrages, transports de stupéfiants. Bientôt 40 ans, père de trois enfants, le prévenu travaille aujourd’hui comme technicien pour une enseigne de location. Il lui est reproché des faits d’outrage à une personne chargée d’une mission de service public et de dégradation volontaire.
En septembre 2023, la police est appelée à l’agence Pôle Emploi de Nanterre, suite à des dégradations. Plus tôt dans la journée, un usager s’est présenté pour faire un changement de situation concernant son RIB. Il est orienté vers les machines automatiques par les hôtesses et s’est énervé contre elles, les accusant de racisme, puis a fini par partir en donnant un coup de pied dans la porte vitrée qui s’en est trouvée fissurée. Aux policiers, Monsieur B. a expliqué qu’on l’a « envoyé chier » : « Je faisais la queue depuis trente minutes et on m’a mis devant une machine. » Devant la juge, il confirme qu’il a effectivement ruminé, et reconnaît l’ensemble des faits.
« Il faut comprendre le contexte »
La procureure souligne que l’outrage reproché a été commis auprès d’une personne dépositaire d’une mission de service public. « Elle n’est pas confrontée à ce genre de comportement d’habitude, contrairement aux personnes dépositaires de l’autorité publique, concède-t-elle un peu amère. En tout cas, pas au niveau d’outrage, d’où la saisie de cette juridiction. » Mais un autre élément a joué, le nombre impressionnant de mentions et de condamnations au casier judiciaire de Monsieur B. « Dont un certain nombre pour des violences, des outrages et des menaces. C’est une constante que d’outrager et de menacer ! Peut-être quand il est contrarié… mais qui ne l’est pas dans la vie ? » Elle espère que le nouvel emploi de Monsieur B. lui apportera un cadre et de l’apaisement et prend en considération cette donnée. Elle requiert un stage de citoyenneté à sa charge et une amende.
L’avocate de la défense tient à souligner que les propos tenus par Monsieur B. ont été proférés alors que la personne à qui il s’adressait n’était même pas présente à ce moment-là. « Il faut comprendre le contexte, l’employée ne les a pas entendus, et lui n’a pas eu le sentiment de l’insulter. » La longue litanie de ses condamnations passées donne l’impression que son client est un homme chez qui la violence est systématique à la moindre contrariété. « Mais ce n’est pas toujours la faute de l’usager, note l’avocate, Monsieur B. a eu le sentiment d’un fond de racisme, on peut entendre la version qui est la sienne. » Face à l’absence de demande de dommages et intérêts de la part de l’agence, elle estime qu’un sursis est suffisant.
Avant de retourner s’asseoir dans la salle, Monsieur B. revient à la barre et s’adresse à la procureure concernant son casier judiciaire. « L’année dernière, j’étais encore en semi-liberté. J’étais encore en train de m’adapter à cette société », justifie-t-il. Loin d’être nonchalant, il semble un peu plus assuré et réellement désireux de montrer sa bonne volonté.
Au délibéré, Monsieur B. est reconnu coupable et condamné à 1 000 euros d’amende ainsi que 150 euros d’amende au titre de la contravention.
Référence : AJU013g2