TJ d’Évry : « Si je refusais, je savais que ça allait mal finir ! »

Publié le 25/03/2024
TJ d’Évry : « Si je refusais, je savais que ça allait mal finir ! »
amnaj/AdobeStock

Pour une tentative de vol dans un garage, deux jeunes majeurs sont présentés en comparution immédiate au tribunal judiciaire d’Évry-Courcouronnes. L’un reconnaît les faits, l’autre conteste.

Monsieur C. et Monsieur M. pénètrent dans le box de la 10e chambre correctionnelle. Tous les deux ont été interpellés par des policiers appelés à intervenir en pleine nuit dans un garage Mercedes de Montgeron après l’intrusion de plusieurs individus. L’un a été retrouvé dans l’enceinte du lieu, l’autre à l’extérieur près de son véhicule. Sur Monsieur C. ont été retrouvés des outils, un couteau, un brise-vitre. Les images de vidéo surveillance ont bien montré un homme transportant un pneu.

Monsieur C. a reconnu les faits et son intention de voler des roues de voiture, quant à Monsieur M., il conteste les dégradations. Il porte un bracelet électronique, du fait d’une condamnation récente. « Un gars m’a demandé de l’accompagner, je l’ai attendu », justifie-t-il.

« Que faisiez-vous là-bas en pleine nuit alors que vous avez un boulot ? »

Du côté de Monsieur C., il y a une condamnation en sursis dans son casier judiciaire mais il est également mêlé à d’autres affaires en cours.

– « Vous faites quoi de vos journées ?

– Je cherche du travail avec Pôle Emploi, je suis en formation, je devais commencer aujourd’hui… »

Monsieur M. a deux mentions dans son casier judiciaire. S’il porte un bracelet, c’est parce qu’il a participé à une bagarre. « Vous risquez gros aujourd’hui », prévient la juge. Elle veut comprendre ce qui a amené un jeune homme sous bracelet électronique mais qui a réussi à trouver un travail en CDI comme livreur Amazon, a participé à ce vol. À quoi bon prendre un tel risque ?

– « Que faisiez-vous là-bas en pleine nuit alors que vous avez un boulot ?

– J’étais sous le coup de la menace. Si je refusais, je savais que ça allait mal finir !  »

La procureure intervient pour signaler que dans le cadre de son suivi, Monsieur M. n’est pas particulièrement un modèle et que des incidents ont été signalés, notamment un comportement arrogant et un non-respect des horaires.

Le garage Mercedes s’est constitué partie civile. Un véhicule a été endommagé, de même qu’un pare-chocs et un rétroviseur lorsque les deux hommes ont pris la fuite. « C’est surtout un préjudice d’images contre le garage et contre les propriétaires de véhicule », précise l’avocat.

« C’est votre dernière chance de rester libre, Monsieur »

La procureure estime que Monsieur M., au vu de son manque d’implication dans son suivi, doit voir son aménagement de peine retiré. « Il n’a pas tenu compte des mains tendues », tranche-t-elle en demandant un an de prison ferme avec mandat de dépôt. Pour Monsieur C., même si son casier judiciaire ne comporte pas de mentions, il existe des procédures en cours. Elle requiert un an d’emprisonnement avec aménagement de peine.

La défense de ce dernier s’attache au fameux adage : « Faute avouée, faute à moitié pardonnée » : « Mon client est resté constant », pointe-t-il en appelant à une réponse sociale et pénale qui lui permettrait de se rattraper, et va dans le sens du ministère public. L’avocat de Monsieur M. conteste le préjudice d’images concernant le garage : « Les véhicules dont il est question seraient des épaves. Pourquoi mon client qui gagne 1 700 euros par mois et a un bracelet aurait pris son camion pour se rendre là-bas ? Je ne crois pas qu’il soit permis de caractériser le vol qui lui est reproché. L’incrimination ne me semble pas caractérisée, l’intentionnalité pas avérée. »

Monsieur M. est le seul à prendre la parole pour tenter de rectifier ce qui a été dit sur son suivi : « J’ai été correct, j’ai travaillé, je travaille, je respecte mon bracelet. » Au délibéré, ils sont tous les deux reconnus coupables. Monsieur M. est condamné à six mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt. C’est la première fois qu’il est incarcéré. Il reste impassible, tout comme Monsieur C., qui lui reçoit une peine de six mois de détention aménagée avec bracelet électronique. « C’est votre dernière chance de rester libre, Monsieur. » Ils devront verser des dommages et intérêts au garage Mercedes.

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