Tribunal de Meaux : Le procès d’un cambrioleur de policier renvoyé pour la 5e fois

Publié le 21/06/2024

Faute d’interprète, le tribunal de Meaux ( Seine-et-Marne) a encore été contraint de reporter le procès de Marcos emprisonné à Orléans (Loiret). En visioconférence, le prévenu a fait part de sa résignation. Il a reconnu le cambriolage chez un policier, et le vol de son arme, en décembre 2021. Pourquoi n’a-t-il pas fait l’objet d’une procédure de plaider-coupable ?

Tribunal de Meaux : Le procès d’un cambrioleur de policier renvoyé pour la 5e fois
Salle des pas perdus du tribunal judiciaire de Meaux (Photo : ©I. Horlans)

 Ce mardi 18 juin, Marcos apparaît sur l’écran géant de télévision dont est équipée la 3e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Meaux. Au parloir du centre pénitentiaire d’Orléans-Saran, séparé par 180 kilomètres des magistrats qui doivent le juger, le Chilien de 25 ans pense qu’il va enfin connaître le quantum de sa peine. Suspecté de vol par effraction, commis le 4 décembre 2021, il a admis le délit avec deux circonstances aggravantes – dans une habitation et en réunion. Son complice n’a pas été arrêté.

L’audience a débuté quand le président Stéphane Léger constate l’absence de l’interprète : Marcos comprend un peu le français, toutefois il ne parle qu’espagnol. Un point acquis depuis le 18 janvier dernier, date du premier renvoi de son dossier. C’est la 4e fois qu’il est traduit devant la juridiction. Et, même s’il est « détenu pour autre cause », il aimerait en finir.

Déjà condamné à 4 ans ferme à Paris

Tandis que les juges se retirent pour essayer de trouver un autre interprète, Me Jean-Christophe Ramadier, le vice-bâtonnier du barreau de Meaux qui défend Marcos, lui explique la situation. Si l’avocat maîtrise la langue de son client, il ne peut évidemment pas assurer la traduction. Tout déconfit, le jeune homme attend une trentaine de minutes. En vain. « Nous sommes obligés de renvoyer à nouveau l’affaire », indique le président. On perçoit un soupir. Marcos dit vouloir « être jugé en [sa] présence ». C’est noté, pas gagné : les extractions pénitentiaires sont perturbées depuis l’évasion le 14 mai de Mohamed Amra au péage d’Incarville (Eure), qui a coûté la vie aux agents Fabrice Moello et Arnaud Garcia. De nombreux procès se tiennent à distance, quand ils ne sont pas annulés en raison de soucis techniques comme à Pontoise (notre article du 31 mai ici).

Dans le cas de Marcos, ce renvoi n’a pas de conséquences majeures car il a été condamné en comparution immédiate à Paris : quatre ans ferme pour une série de vols aggravés. Mais la victime du cambriolage, que représente le bâtonnier Me Florence Fredj-Catel, apprécierait de tourner la page. Ce policier attend les explications du prévenu depuis deux ans et demi.

Le coffre-fort dérobé contenait son arme de service

 L’infraction a été commise un samedi de décembre 2021 vers 19h45, soit il y a 30 mois, dans un minuscule village. En l’absence des propriétaires, les deux compères ont escaladé le mur, arraché un volet roulant et ont dérobé un coffre-fort de 60 kilos. Il contenait l’arme du policier, des chargeurs, des cartouches, un brassard, des bijoux, des appareils numériques. Pressés de charger le butin dans leur voiture, ils ont oublié leur sac à dos.

Grâce au relevé d’empreintes digitales, génétiques, et à l’exploitation d’un téléphone abandonné, les gendarmes ont identifié Marcos en juin 2022 : il faisait l’objet d’une fiche de recherches émise par la police néerlandaise. Il a été localisé dans la prison où il purgeait la sanction infligée à Paris. Il a reconnu l’effraction de 2021, disant avoir jeté l’arme à la poubelle ; elle n’a pas été retrouvée.

Ce 18 juin 2024 à Meaux, Me Ramadier a regretté que Marcos n’ait pas été  « jugé en CRPC ». La procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, dite aussi plaider-coupable, aurait permis de refermer le dossier. Était-il possible d’y recourir ? Oui, si les faits sont simples, reconnus, si la peine proposée n’excède pas la moitié de celle encourue.

En l’espèce, il risque sept ans de détention. « Il y était accessible, explique un magistrat, mais seul le procureur peut décider de la CRPC. Or, le statut de la victime a sans doute joué dans sa volonté de choisir un procès. Cela peut aussi signifier que le parquet va requérir plus de de trois ans et demi de détention. »

Marcos sera fixé le 8 octobre.

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