Justice : la protection judiciaire de la jeunesse se dote d’une réserve

Publié le 15/12/2023

Les réservistes, âgés entre 18 et 75 ans, ne remplaceront pas les professionnels de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), affirme le ministère de la Justice. Lancée début novembre, cette réserve vise avant tout à « renforcer l’action de la PJJ au bénéfice des jeunes dont nous avons la responsabilité », précise Caroline Nisand, directrice de la protection judiciaire. Entretien.

Actu-Juridique : Pourquoi le ministère de la Justice a-t-il décidé de créer cette réserve ? À quels besoins répond-elle ?

Caroline Nisand : La réserve de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) devait être initialement créée pour favoriser le recrutement de militaires dans le cadre du partenariat justice/armées signé entre les deux ministères en juillet 2021. Toutefois, la réflexion du ministère de la Justice s’est élargie à la possibilité d’intégrer tout citoyen qui se porterait volontaire et qui souhaiterait apporter son expérience à la réserve. Cela peut concerner donc des militaires, des retraités de la protection judiciaire de la jeunesse ou tout citoyen qui souhaiterait apporter son expertise et son expérience à l’accompagnement des jeunes en conflit avec la loi.

AJ : Recherchez-vous tout de même certains profils en particulier ?

Caroline Nisand : Non, le dossier de candidature peut être complété et envoyé par tout citoyen sous réserve, toutefois, de remplir les conditions élémentaires suivantes : avoir la nationalité française, avoir entre 18 ans et 75 ans, ne pas avoir été condamné à la perte de ses droits civiques ou à l’interdiction d’exercer un emploi public, ne pas avoir été condamné à une peine criminelle ou correctionnelle inscrite au bulletin n° 2 du casier judiciaire.

Plus précisément, nous sommes surtout à la recherche de personnes qui disposent de compétences dont nous manquons en interne. Cela peut être par exemple le savoir-faire d’enseignants ou de chefs d’entreprise. L’objectif est, bien sûr, de renforcer l’action de la PJJ au bénéfice des jeunes dont nous avons la responsabilité. Aussi, je voudrais indiquer que les réservistes de la PJJ interviennent en complément des équipes déjà présentes sur le terrain et n’ont pas pour vocation de les remplacer, en cas d’absence notamment.

AJ : Quelles seront les missions que pourront réaliser par exemple les réservistes ?

Caroline Nisand : Selon les compétences et l’expérience de chacun nous avons établi trois niveaux d’assistance. Le premier permettra le renfort de l’action éducative : appui à l’accompagnement des jeunes et participation à la mise en place des activités éducatives, culturelles et sportives, stages et mesures de réparation, soutien aux professionnels et aux familles d’accueil. Le deuxième niveau d’assistance, quant à lui, servira aux actions de formation et de mentorat : réparation et dispense d’actions de formation, ou de mentorat de professionnels dans le cadre de leur prise de poste. Enfin, le troisième et dernier niveau d’assistance soutiendra l’ingénierie de projet : assistance des équipes et des cadres dans l’écriture des projets de services et de documents structurants ou encore dans le suivi des plans d’action mis en œuvre ; appui dans le cadre de projets nécessitant des compétences spécifiques. De manière générale nous nous attacherons à favoriser les projets innovants et l’intégration de profils variés au sein de la réserve.

AJ : Une indemnisation est-elle prévue ?

Caroline Nisand : Oui, celle-ci dépendra du type de la mission proposée avec une indemnité journalière de 120 € bruts pour le niveau 1, 160 € pour le niveau 2 et 200 € pour le niveau 3. Précisons également que les réservistes signeront un contrat d’engagement d’une durée minimale d’un an renouvelable avec un maximum de 150 jours d’interventions par année civile.

AJ : Quelles sont les personnes qui bénéficient de la protection judiciaire de la jeunesse en France ?

Caroline Nisand : L’action de la PJJ se concentre essentiellement sur la prise en charge de mineurs (plus de 130 000 en 2022) qui font l’objet d’une décision de justice et ce afin de les aider à s’insérer dans la société. Protéger, éduquer et insérer sont les trois objectifs de la PJJ à destination des mineurs confrontés à la justice. Le tout s’inscrivant, bien entendu, dans un souci de lutte contre la récidive.

AJ : La création de cette réserve a-t-elle aussi pour ambition de rapprocher la justice des citoyens en les impliquant directement dans la vie de cette première ?

Caroline Nisand : Oui, intégrer cette réserve c’est un acte d’engagement citoyen en faveur de la justice et des personnes bénéficiaires de la PJJ. C’est aussi l’occasion pour des personnes éloignées du monde judiciaire de participer à l’action éducative de la justice. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous sommes à la recherche de tous les types de profil, au-delà de retraités des professions du droit même s’ils ont, eux aussi, tout à fait leur place dans cette réserve. Nous invitons par ailleurs toutes les personnes intéressées à adresser leur dossier de candidature soit à l’administration centrale, à la direction interrégionale de la PJJ la plus proche de chez eux ou à l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse.

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