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Laëtitia Lisois : « Juriste dans une étude de généalogie, je ne connais pas la routine » !

Publié le 12/09/2022

Il n’existe pas de formation type pour travailler dans une étude de généalogie. Après avoir fait du droit de la famille et de l’immobilier, Laëtitia Lisois a rejoint l’étude Andriveau. Un métier qui associe les différents centres d’intérêt de ses précédents métiers. Rencontre avec une passionnée.

Actu-Juridique : Comment êtes-vous arrivée dans l’étude ?

Laëtitia Lisois : J’ai commencé ma vie professionnelle comme clerc de notaire. Lorsque je suis devenue mère, j’ai eu besoin de me réorganiser. Je souhaitais conserver une activité professionnelle mais aussi être présente pour mes enfants. J’ai donc créé une société dans le domaine de l’immobilier. Pendant huit ans, j’ai fait de la gestion locative et de la recherche d’appartement. J’ai beaucoup apprécié la dimension humaine et les contacts avec les intervenants tels que les agents immobiliers, artisans, notaires…. Puis le droit de la famille m’a manqué et j’ai eu envie de réintégrer une équipe, de participer à un travail collectif. Après mon expérience immobilière, je voulais continuer à être sur le terrain. L’opportunité de rejoindre l’étude généalogique Andriveau s’est présentée et j’ai intégré l’équipe de juristes, au service du règlement des successions. C’est une chance car il y a peu de postes. En outre, il s’agit d’une étude de généalogie historique, prestigieuse et réputée pour son sérieux.

Actu-Juridique : Que faisiez-vous comme clerc de notaire ?

Laëtitia Lisois : J’ai obtenu mon diplôme de premier clerc de notaire, tout en travaillant en alternance dans une étude près d’Angoulême avant de valider mon master de droit notarial à Bordeaux. Puis j’ai intégré l’école de notaire de Paris (CFPN). Lors de ma première expérience, il n’y avait pas de spécialisation, les clercs de notaire travaillaient sur 3 pôles de compétences. J’ai donc fait de l’immobilier (des actes pour des ventes entre particuliers et de l’immobilier complexe), un peu de droit des sociétés et du droit de la famille (succession, donations, partages). Cela m’a permis d’affirmer ma préférence pour le droit de la famille. J’ai aimé accompagner les personnes dans des actes importants de leur vie, en établissant les contrats de mariage ou les successions après la perte d’un être cher. Dans ces situations, il ne s’agit pas que de droit, il y a une vraie proximité avec les familles que nous devons soutenir. Il y a également une mission de vulgarisation du droit pour leur en faciliter l’accès. Je retrouve ces dimensions dans mon travail aux Archives généalogiques Andriveau. J’apprécie la diversité des tâches, entre des missions juridiques très techniques et beaucoup de relationnel.

Actu-Juridique : Aviez-vous imaginé travailler dans une étude de généalogie ?

Laëtitia Lisois : J’avais, au tout début de mes études de droit, un intérêt pour la généalogie. J’aime l’histoire, et l’idée de chercher, d’atteindre un but, me plaisait. Mais à l’époque, il était plus facile d’intégrer une étude de notaire que de généalogie. Pour devenir clerc de notaire, le parcours est balisé. Par contre, il n’y a pas vraiment de parcours type pour intégrer une étude de généalogie. Les profils sont assez différents. La plupart de mes collègues, au service du règlement des successions, sont issus du notariat et ont une expérience de premier clerc de notaire. Connaitre les règles successorales, l’ordre des héritiers est un vrai avantage. En plus de la pratique notariale et du droit, il faut, pour faire ce métier, avoir envie d’aller vers l’autre et avoir confiance en soi.

Actu-Juridique : Quel est votre travail au sein de l’étude ?

Laëtitia Lisois : Je m’occupe du règlement des successions une fois les recherches d’héritiers terminées, les contrats et les procurations signés. Je représente la totalité des héritiers qui nous ont mandatés. Il s’agit d’un travail purement juridique, que j’effectue aux côtés du notaire en vérifiant les actes et calculant les quote-part qui reviennent à chacun. Je participe aussi à la gestion des biens immobiliers s’il y en a, aux inventaires, aux estimations, aux diagnostics, aux débarrassages des biens si les héritiers ne souhaitent pas garder le mobilier.

Dès lors que la vente est signée et les droits de succession payés, nous reversons aux héritiers leur quote-part minorée de nos honoraires. Ce métier me permet de pratiquer à nouveau la spécialité que j’avais en tant que clerc de notaire, tout en étant sur le terrain.

Actu-Juridique : Vous rentrez dans l’intimité des familles…

Laëtitia Lisois : Souvent, je suis amenée à faire réaliser des inventaires avec un notaire et un commissaire-priseur. Nous ouvrons le logement sans savoir ce que nous allons trouver. Nous avons alors un aperçu de la vie du défunt. Je suis toujours étonnée de voir le nombre de personnes qui meurent seules. Cette solitude contribue sans doute au développement de troubles psychologiques. Il est fréquent de voir des personnes qui, souffrant d’un syndrome de Diogène, accumulaient un nombre invraisemblable de choses, à tel point qu’elles ne peuvent plus circuler dans leur appartement. Parfois, des personnes vivent dans le dénuement le plus total, dans des appartements quasiment insalubres, alors qu’elles ont accumulé des fortunes personnelles. Parfois les héritiers ne soupçonnaient pas que le défunt vivait dans un tel dénuement. C’est troublant. Nous faisons aussi des inventaires de coffre-fort à la banque. Il n’est pas rare que nous soient dévoilés des secrets de famille en plus des liquidités ou des pièces d’or.

Actu-Juridique : En quoi est-ce un métier de contact ?

Laëtitia Lisois : Je travaille en partenariat avec différents interlocuteurs: notaires, avocats, commissaires-priseurs, agents immobiliers, artisans, diagnostiqueurs. À moi de de développer et entretenir les relations lors de différents événements ou soirées. Ces rencontres sont importantes car elles créent un lien de confiance et fluidifient les relations de travail. Je suis donc très souvent sur le terrain dans un secteur géographique assez large qui regroupe certains arrondissements parisiens et de la petite couronne. Chaque dossier est différent et nécessite de l’adaptabilité. Je ne connais pas la routine, le matin je peux intervenir dans un quartier chic et être l’après-midi dans un quartier plus populaire. Par ailleurs, nous sommes en lien avec les héritiers qui sont souvent inquiets. Nous les rassurons et les tenons au courant très régulièrement. Lorsque nous intervenons, il est important de maintenir la confiance qui a été accordée aux chercheurs, voire d’en gagner encore un peu plus. Je ne pensais pas que le métier était aussi diversifié. De surcroit, nous l’exerçons dans un cadre magnifique, avec une équipe soudée. Nous ne sommes jamais seuls face à une difficulté. Je pense avoir trouvé le métier qui me convient parfaitement.

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