Seine-et-Marne (77)

Magali Hanke et Frédéric Guerreau : « Le barreau de Melun est innovant et attractif » !

Publié le 07/06/2022

Pour la première fois, le barreau de Melun est dirigé par un binôme : Magali Hanke, bâtonnière, et Frédéric Guerreau, vice-bâtonnier, élus en juin 2021. Ils ont pris leurs fonctions en janvier 2022. Pour Actu-Juridique, ils sont revenus sur leur parcours et sur leurs objectifs pour ce mandat.

Actu-Juridique : Comment exercez-vous votre métier d’avocat ?

Frédéric Guerreau : J’ai commencé mes études de droit au centre de Melun de l’université Paris-Assas, avant d’effectuer un DEA de droit privé général à Paris. Diplômé du CRFPA, j’ai commencé comme avocat collaborateur à Fontainebleau dans le cabinet Bouaziz et associés, structure interbarreaux où travaillent des avocats du barreau de Fontainebleau et de Melun. Après quelques années, j’en suis devenu le deuxième associé. J’y suis resté jusqu’en 2015, année ou j’ai décidé de créer ma propre structure. Depuis lors, j’exerce à Pontault-Combault, à la limite de Paris, dans un cabinet généraliste. J’ai une spécialité en réparation du préjudice corporel et je suis donc qualifié en matière de responsabilité du handicap. Je fais aussi du droit de la construction, et j’interviens pour le secrétariat général de l’administration de la police pour tout ce qui concerne la défense des fonctionnaires de police lorsqu’ils sont victimes d’injures et/ou de blessures dans le cadre de leurs fonctions. En dépit de ces pôles de spécialité, j’ai une activité généraliste. Dans un barreau comme celui de Melun, nous pratiquons toutes les matières du quotidien, il n’y a pas de demandes pour une activité hyperspécialisée !

Magali Hanke : J’ai le même début de parcours, puisque j’ai également fait un DEA de droit privé général à Paris-Assas. J’avais pour ma part choisi la mention « droit de la famille et bioéthique ». J’ai commencé à exercer en 2001. J’ai enchaîné deux collaborations dans des structures très différentes : d’abord dans un cabinet individuel qui n’avait même pas de secrétariat, puis au cabinet Bouaziz et Associés, où je travaillais pour ma part avec les avocats de Melun. Je me suis ensuite associée dans une SCP que j’ai quittée en 2019 pour m’installer en cabinet individuel. Je pratique principalement du droit de la famille – à hauteur de 60 % – mais aussi du droit pénal, du droit de la responsabilité civile et du droit de la personne, etc.

Actu-Juridique : Quelle est la particularité du barreau de Melun ?

Magali Hanke : Ce département a la particularité d’avoir trois tribunaux judiciaires sur son ressort : Melun, Meaux et Fontainebleau. Il comporte donc également trois barreaux. Celui de Melun compte 146 avocats, celui de Fontainebleau en compte une quarantaine et celui de Meaux environ 200. Cette particularité d’avoir trois tribunaux judiciaires est historique et est lié à la population du département, l’un des plus grands de France. C’est un territoire diversifié, plus rural au sud de la Seine-et-Marne. Le barreau de Melun a une taille humaine, qui permet de développer des liens privilégiés avec les confrères. Il est attractif. Depuis quelques années, beaucoup d’avocats du barreau de Paris, voyant notre bon fonctionnement, nous rejoignent.

Frédéric Guerreau : Le tribunal judiciaire de Melun est une juridiction pilote de la cour d’appel de Paris. De nombreuses innovations de la Chancellerie sont donc testées à Melun. Le service d’accueil unique du justiciable (SAUJ) avait ainsi commencé à Melun avant d’être étendu partout sur le territoire. Autre exemple, la médiation a été mise en place dès 1998 sur le ressort. Récemment, notre juridiction vient d’être choisie pour mettre en œuvre la réforme du SIAJ, logiciel de gestion dématérialisée qui devrait permettre aux justiciables de saisir seuls et en ligne leurs demandes d’aide juridictionnelle.

Magali Hanke : Nous avons de bonnes relations avec les magistrats. Une fois par trimestre environ, nous avons des réunions magistrats/avocats sur des thèmes comme le droit de la famille, la justice des mineurs. C’est une sorte de comité de pilotage qui nous permet de nous voir régulièrement. Le fait que Melun soit une juridiction pilote aide les chefs de juridiction à obtenir des moyens. Par rapport à d’autres juridictions où les délais d’audiencement sont très longs, nous nous sentons relativement privilégiés. Enfin, le barreau est accueillant pour les jeunes avocats. Nous avons sur le ressort des conditions de rétrocessions des collaborateurs parmi les plus hautes en Île-de-France. Le minimum est ainsi de 2 500 mensuels la première année, et de 2 700 la deuxième année. C’est certes moins attractif que Paris, mais d’un niveau très correct. L’accès aux permanences est plus facile qu’à Paris et il est plus aisé de développer sa clientèle personnelle.

Actu-Juridique : Pour quelle raison avez-vous voulu devenir bâtonnier ?

Magali Hanke : Nous partageons le goût de l’action collective ; nous avons une vision commune de l’ordinalité et de l’exercice du bâtonnat. Nous voulions impulser une dynamique positive au barreau de Melun que nous trouvions un peu en sommeil. Nous ne prétendons pas que nous allons faire la révolution, mais nous voulons réellement accompagner nos confrères dans la mise en œuvre des nouvelles réformes et dans leur exercice quotidien.

Fredéric Guerreau : Normalement les candidats au bâtonnat se présentent seuls. Nous avons fait le choix d’être à deux parce que nous avons conscience de l’engagement que cela implique d’être bâtonnier. Notre métier est d’être avocat, bâtonnier est une fonction qui vient se rajouter. Nous voulions poursuivre nos activités dans des cabinets qui doivent continuer à fonctionner.

Actu-Juridique : Quels sont vos projets pour ce mandat ?

Magali Hanke : Nous sommes 146 avocats et nous couvrons 25 permanences de consultations gratuites par an, sur des lieux différents. Certaines ont lieu toutes les semaines au TJ de Melun, qui accueille une permanence en droit du travail, trois en droit général, une en droit de la famille. D’autres permanences ont lieu sur tout le ressort territorial de Melun. Ces permanences fonctionnent sur la base du volontariat, en plus des permanences judiciaires que sont les audiences que nous faisons en matière pénale, les gardes à vue, les mesures de contrainte et d’hospitalisation d’office. C’est une activité importante, et une de nos missions est de veiller au bon fonctionnement de ces permanences.

Frédéric Guerreau : Le 1er janvier 2022, tous les bâtonniers de France se sont vus confier la possibilité de visiter les lieux de privation de liberté, en lien avec la Contrôleuse des lieux de privation de liberté, Dominique Simmonot. Nous nous en sommes saisis et avons désigné des délégués pour commencer ces missions. Nous avons la possibilité de vérifier les conditions de rétention et de détention des personnes dans tous les commissariats de police, les services de gendarmerie, et dans les centres de détention. Nous avons sur notre ressort le centre de détention de Réau, une grosse unité, ainsi que la maison centrale sur l’île de Melun, qui comporte un centre de semi-liberté et un centre de détention. Après les visites, nous pouvons ensuite faire un rapport au parquet général pour que des aménagements soient faits.

Actu-Juridique : En quoi consiste l’accompagnement de vos confrères ?

Magali Hanke : Nous sommes à leurs côtés pour les accompagner dans la mise en œuvre des nombreuses nouvelles réformes. Un exemple : aux affaires familiales, nous devons désormais pratiquer « l’intermédiation financière », pour simplifier le recouvrement des pensions alimentaires, aujourd’hui assuré par la CAF. Les gens de justice, magistrats et greffiers, doivent donc assurer ce rôle d’intermédiaire entre débiteur et créancier, c’est-à-dire entre les parents, pour éviter que la problématique financière ait un retentissement sur les relations parentales. Cela engendre de nouvelles contraintes pour les avocats, et nous devons en informer les confrères pour éviter qu’ils ne risquent de voir leur responsabilité engagée.

Frédéric Guerreau : Nous avons des normes de plus en plus strictes de contrôle pour lutter contre le blanchiment d’argent du terrorisme, qui nous contraignent à opérer des contrôles.

Nous serons là pour aider nos confrères à se mettre en conformité.

Actu-Juridique : Dans quel état se trouve le barreau de Melun après deux ans de crise sanitaire ?

Magali Hanke : Remettre de la convivialité et de la confraternité au sein du barreau fait partie de nos priorités. Les avocats ont une obligation de formation continue, et cela fait partie de la mission des bâtonniers d’en proposer. Les formations sont également des occasions de tisser du lien, entre les avocats qui y participent mais aussi avec les intervenants, venus d’autres professions. Nous travaillons sur une journée complète de formation au mois de juin. Nous allons y réintroduire des thématiques liées à la déontologie, qui est l’ossature de notre métier et nous distingue d’autres professions du droit. Nous allons donc en profiter pour joindre l’utile à l’agréable et ouvrir cette formation aux trois barreaux de Seine-et-Marne.

Frédéric Guerreau : Nous souhaitons faire renaître l’UJA de Melun, en stand-by depuis quelques années. Les années « COVID » passées n’ont pas contribué à resserrer les liens entre confrères. Nous tenons à restaurer cela et nous voulons relancer la revue du tribunal, grand moment de la vie judiciaire locale.

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