Orientation : toujours plus d’étudiants dans la filière droit
Le 1er juin dernier, les premiers chiffres de Parcoursup sont tombés : sur la plateforme d’inscription à l’enseignement supérieur, 917 000 candidats ont fait au moins un vœu d’orientation dans l’enseignement supérieur. Dans le top 5 des formations les plus demandées par les lycéens, le droit est de plus en plus populaire ! Près de 310 000 étudiants ont fait le vœu de la licence de droit pour la rentrée 2023 contre 281 087 en 2021. Les facultés de droit croulent sous les candidatures et s’apprêtent à refuser de nombreux candidats. Amandine Sarfati, avocate à la cour et directrice de l’Institut supérieur de droit (ISD), établissement privé d’enseignement supérieur ouvert auprès du rectorat de Paris, livre son analyse du phénomène et évoque les formations possibles, hors université.
Actu-Juridique : Comment expliquez-vous que le droit reste l’une des formations les plus populaires auprès des lycéens ?
Amandine Sarfati : La première raison, c’est que le droit mène à tout… et pas seulement aux carrières juridiques. Avec le droit, un étudiant peut faire des sciences politiques, du journalisme, évoluer dans de nombreux domaines. Quand on vient d’obtenir son bac, cela permet de ne pas se fermer des portes et de se donner plus de temps avant de choisir son métier. L’autre raison, c’est qu’il y a de l’embauche et un marché professionnel du droit conséquent et qui ne cesse de s’accroître avec la hausse de la réglementation, qui vient avec le RGPD, l’intelligence artificielle ou le numérique de manière générale.
Il y a énormément d’embauches professionnelles en entreprise, et les avocats ne forment pas l’ensemble du contingent juridique, loin de là. On peut exercer en start-up, en direction juridique et même dans les ressources humaines. C’est en tout cas le cas des étudiants de l’ISD, quand ils arrivent sur le marché du travail.
AJ : Diriez-vous que les études juridiques sont toujours associées à une image d’élite ?
Amandine Sarfati : J’ai l’impression que c’est de moins en moins le cas, et que ces études sont de plus en plus ouvertes au grand public. Cela est peut-être moins vrai à l’université, mais au sein de l’ISD, les étudiants viennent de tous les milieux, d’un point de vue socioculturel, ils font preuve d’une grande diversité. Certes, il existe toujours ce cliché d’un cercle un peu fermé mais le droit, ce n’est plus ça. Il y a des avocats de tous horizons, de toutes les religions et la profession est moins cloisonnée. Cette diversité se retrouve dans le monde de l’entreprise.
AJ : Les représentations culturelles ont-elles joué en la faveur du métier d’avocat, notamment à travers des séries américaines ou françaises ?
Amandine Sarfati : Il y a toujours eu une sorte de mythe par rapport au métier d’avocat. Les séries américaines ont sans doute fait naître des vocations chez les jeunes, qui les apprécient et les regardent beaucoup. Cela a dû jouer dans les représentations et sur la popularité des études juridiques.
AJ : Le droit est-il en passe de devenir omniprésent dans chaque aspect de la vie quotidienne ou professionnelle ?
Amandine Sarfati : Le droit devient incontournable pour toutes les entreprises, car quel que soit leur domaine, il faut qu’elles soient conformes à leur réglementation interne. C’est la compliance, ou mise en conformité. Sur le RGPD, que l’entreprise soit de petite taille ou un grand groupe, elle doit être en conformité et cela se traduit par de plus grands besoins juridiques. D’où un département très spécifique, très détaillé, qui permet au sein des directions juridiques, de déployer trois axes : la prévention des risques, le contrôle interne, la conformité. Cela explique que les entreprises aient de plus en plus de besoins de formation en droit.
En ce qui concerne le développement des activités de l’entreprise, le droit permet de savoir ce qui est autorisé ou non, les risques encourus en cas de non-respect du droit, etc.
AJ : Tous les étudiants inscrits sur Parcoursup ne pourront pas avoir leur choix en licence de droit, en quoi l’ISD est-elle une bonne option pour eux ?
Amandine Sarfati : L’ISD offre une alternative aux études universitaires. En intégrant notre école, l’étudiant va pouvoir bénéficier d’enseignements à taille humaine, axés sur la pratique, dispensés par des professionnels du droit, magistrats, directeurs juridiques, avocats, tous ancrés dans les réalités quotidiennes de la filière, et en alternance dès la 3e année d’étude. À cela s’ajoute la possibilité de bénéficier de tous nos services dont un accompagnement par notre career center qui pourra les encadrer et les aider dans leur recherche de stage et de contrat par la suite. Enfin, l’étudiant pourra participer à tous les ateliers de soft skills (prise de parole en public, atelier théâtre, coaching, etc.) et à nos masterclass, c’est-à-dire à nos conférences qui ont lieu tout au long de l’année avec des personnalités du droit.
AJ : Pourquoi est-il important d’apporter cet ancrage professionnalisant ?
Amandine Sarfati : La professionnalisation des études est très importante. Les étudiants veulent apprendre à rédiger un contrat, à rédiger des actes judiciaires et juridiques. Leurs enseignants sont des professionnels du droit et font donc travailler les étudiants sur des cas concrets. Cela va même au-delà du cas pratique : ces derniers choisissent des dossiers traités dans leurs cabinets, qu’ils ont pris le soin d’anonymiser. Les étudiants travaillent ainsi sur de véritables pièces et des dossiers réels. Chez nous, ils trouvent du concret et un savoir-faire. Les étudiants sont très demandeurs de cette professionnalisation, et de notre côté nous nous engageons à des formations pratiques pour répondre à cette demande. Par ailleurs, nous organisons des master class très appréciées : les étudiants ont plaidé sur l’affaire Jacqueline Sauvage, défendue par la pénaliste, Nathalie Tomasini, symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes, qui est venue à l’école. Valérie Bacot (victime de violences conjugales pendant de longues années, elle a tué son mari agresseur en 2017, NDLR) est venue écouter des élèves qui ont travaillé sur son dossier. Nous avons également accueilli le magistrat Philippe Bilger (juge d’instruction et avocat général à la cour d’assises au sein de la cour d’appel de Paris, NDLR), la pénaliste Clarisse Serre ou encore le bâtonnier Pierre-Olivier Sur. C’est un rendez-vous que les étudiants attendent et qui leur permettent de rester ancrés dans la réalité judiciaire. Cette professionnalisation est une vraie plus-value. J’en suis convaincue car premièrement, je suis passée par là, et deuxièmement, en tant qu’avocate, j’ai eu à recruter des collaborateurs. J’ai pu constater que le savoir-faire était déterminant. À CV égal, je vais embaucher celui ou celle qui sait faire ! La preuve, nous comptons des étudiants qui sont recrutés à des postes de responsables, comme cet ancien étudiant devenu directeur juridique d’un club de foot de ligue 1. Notre taux d’insertion professionnelle est de 77 % dans les 6 mois, ce qui est bon, puisqu’une partie de nos étudiants choisit de poursuivre ses études après un passage à l’ISD.
AJ : Comment adaptez-vous vos formations à la place mouvante du droit ?
Amandine Sarfati : Nous sommes attentifs aux évolutions de la société, à la place du droit et surtout au fait que nos formations doivent mener au recrutement de nos étudiants. Nous sommes clairement connectés aux besoins du marché du travail. Ainsi nous ouvrons une formation sur la compliance, qui est devenue incontournable. Nous avions auparavant quelques modules sur ce sujet mais nous avons estimé qu’il fallait lui dédier un mastère à part. D’autres matières méritent plus d’attention : avec la crise sanitaire, le droit de la santé et le droit médical ont émergé dans les préoccupations des étudiants. Ainsi nous allons lancer un mastère en responsabilité médicale dès la rentrée 2023-2024. Nous aimerions aussi lancer un mastère en droit de l’environnement. Concernant l’intelligence artificielle, elle est abordée dans les spécialités que nous proposons déjà, comme le droit des entreprises et du numérique.
Les matières plus classiques, comme le droit des affaires ou de l’immobilier, se portent toujours bien. Peut-être le droit public suscite-t-il un peu moins d’engouement, même s’il y a beaucoup de débouchés.
Cahier de vacances Lextenso étudiant
Les résultats de Parcoursup sont tombés et votre enfant s’apprête à faire sa rentrée en première année de droit ? Afin de s’y préparer au mieux Lextenso étudiant a concocté un cahier de vacances, à télécharger gratuitement ici. Au programme des jeux, des quizz, des définitions et bien plus encore pour être fin prêt pour la rentrée !
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Référence : AJU009f4
