Seine-et-Marne (77)

« Remettre l’expert-comptable au cœur de la création d’entreprise »

Publié le 26/06/2020

Face à la crise du coronavirus, les experts-comptables ont été un maillon essentiel dans l’accompagnement des petites et moyennes entreprises. À son compte depuis 2011, Valérie Beyaert, expert-comptable, dirige Solution Entreprises, un cabinet orienté vers l’humain et l’avenir. Basée en Seine-et-Marne, elle peut ainsi concilier vie personnelle et vie professionnelle. Entretien.

Les Petites Affiches : Pourquoi avoir choisi de vous installer en Seine-et-Marne ?

Valérie Beyaert : J’habitais dans le département. J’avais toujours travaillé à Paris avant et je perdais deux à trois heures par jour dans les transports. J’avais d’abord créé un cabinet à Paris puis je me suis définitivement installée à Esbly en décembre 2013. Quitte à m’installer, autant gagner du temps. Les budgets n’étaient pas forcément les mêmes, mais j’ai fait le choix du bien-être (mes enfants, ma maison, mes passions). Plutôt que de la course aux honoraires. Aujourd’hui, mon trajet dure l’équivalent d’une chanson.

LPA : Comment est constitué votre portefeuille ?

V. B. : J’ai gardé deux ou trois gros clients parisiens sur environ 80 en tout. Je travaille essentiellement avec des TPE, artisans commerçants, et une dizaine de professions libérales.

LPA : Qu’attendent vos clients ?

V. B. : Avec mes deux collaboratrices, nous mettons en avant le relationnel client. Nous avons même mis en place cette année un accord d’intéressement dont un des critères est la satisfaction client. Un chef d’entreprise peut être seul et peut avoir du mal à parler à ses proches de ce qu’il vit. Nous les écoutons, nous essayons de trouver des solutions à leurs problèmes et ils repartent généralement avec le sourire. À Paris, c’était très différent, les clients n’ont pas les mêmes besoins. J’ai choisi ce métier pour l’humain et je le retrouve dans mon cabinet.

LPA : La période actuelle a-t-elle été intense ?

V. B. : Oui, surtout les trois premières semaines du confinement ; nous étions en permanence au téléphone. Pour la petite histoire, l’une de mes collaboratrices avait fait un transfert d’appel sur son fixe, elle a eu une tendinite au coude à force ! Mais c’était fondamental d’être présentes. Tous nos clients avaient besoin d’être rassurés, d’être écoutés et d’être accompagnés. Nous avons répondu à leurs inquiétudes par rapport à l’avenir de leur société, la mise en place du chômage partiel, leur besoin par rapport aux flux continus d’informations, la mise en place des PGE.

LPA : Cela a-t-il modifié votre travail ?

V. B. : Nous avons encore plus joué le rôle d’intermédiaire entre l’État et les entreprises. À chaque annonce gouvernementale, nous devions distiller l’information, vérifier les décrets qui étaient en vigueur ou non, avec souvent un décalage entre les annonces et leurs mises en œuvre. On envoyait systématiquement une newsletter à nos clients sur les aides qui étaient disponibles. Ça a été un travail énorme avec des changements de règles et de procédures très fréquents. Avec l’aide de l’Ordre des experts-comptables de la région parisienne, nous avons pu suivre des conférences en ligne avec des réponses très concrètes grâce à des intervenants des impôts ou de la BPI, par exemple.

LPAVous n’avez donc pas eu de baisse d’activité ?

V. B. : Bien au contraire ! Nous avons néanmoins pris parti de ne pas facturer tout le travail supplémentaire pour être aux côtés de nos clients. J’ai précisé à chaque fois qu’on participait au soutien des entreprises et qu’on jouait sur la pérennité et sur le partenariat à long terme. Depuis cette semaine nous sommes de retour au bureau et j’en suis ravie. J’aime avoir mon équipe autour de moi. Comme nous sommes en semi open space, j’ai à nouveau l’opportunité d’avoir des nouvelles de tous mes clients, ce qui n’était pas le cas en télétravail.

LPA : Avec la déréglementation du métier d’expert-comptable, comment envisagez-vous l’avenir de votre profession ?

V. B. : J’envisage l’avenir très sereinement. Notre métier va être modifié mais ne disparaîtra pas, cependant je suis en train de passer une certification pour devenir coach, afin de mieux accompagner les dirigeants dans leur quotidien de chef d’entreprise. Dans le cadre de mon métier je me retrouve avec des chefs d’entreprise qui ont de nombreuses problématiques : ils n’arrivent pas à manager leurs salariés. Ils sont souvent débordés ou perdus lors des prises de décisions. Mais à part les écouter, pour le moment je ne savais pas comment les aider. J’ai donc cherché comment professionnaliser ma démarche pour développer ensuite la partie conseil. C’est dans cette direction que je vois mon métier évoluer. Parmi mes clients qui ont accepté d’être coachés dans le cadre de ma formation, les premiers retours sont plutôt très bons. Le coaching permet de se poser les bonnes questions, de débloquer des situations, de modifier certaines perceptions ou croyances, de se projeter dans l’avenir et d’atteindre des objectifs, et les résultats sont probants ! Je m’étonne moi-même de l’impact positif que cela peut avoir et je compte bien continuer dans cette voie.

LPA : L’aide à la création d’entreprises est-elle un champ à développer ?

V.B. : Je fais justement partie de la commission « création entreprise » au Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables. Nous avons notamment mis en place la plate-forme Business story pour mettre en relation des porteurs de projets avec des experts-comptables, afin de remettre l’expert-comptable au cœur de la création d’entreprise. En effet, nous avons un cursus très complet et transversal, qui mêle aussi bien la fiscalité, la comptabilité, l’économie que le juridique ce qui est un point fort pour nos clients. Nous offrons trois rendez-vous, ce qui permet de capter le porteur de projet dès le départ, de lui prodiguer des conseils bien en amont. Je dis souvent dans mes conférences au Salon des entrepreneurs qu’il faut privilégier le critère de la proximité, et du feeling. C’est important de pouvoir solliciter son expert-comptable rapidement et en toute simplicité. Avec Business story on peut prendre rendez-vous avec des experts-comptables afin de trouver celui (ou celle) qui a les mêmes valeurs. C’est important pour la suite de créer une relation durable et de confiance pour développer l’entreprise.

LPA : La Seine-et-Marne est-elle un territoire avec du potentiel ?

V.B. : J’accompagne six à sept créations d’entreprises par an. La Seine-et-Marne est très dynamique, mais la majorité du tissu économique est composé de petites entreprises. Pour ma part, je me sens à ma place auprès des TPE/ PME. D’ailleurs, je participe à une autre commission centrée sur les TPE : nous réfléchissons actuellement aux missions à proposer aux micro-entreprises.

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