France Travail : « Près de 2 000 personnes formées à la sécurité pour les Jeux Olympiques 2024 dans les Yvelines »

Publié le 24/06/2024

À quelques semaines des Jeux olympiques de Paris 2024, le défi du recrutement semble avoir été accompli par France Travail et les entreprises engagées dans le déroulement de ce rendez-vous. C’est le cas notamment du secteur de la sécurité. Près de 21 000 personnes ont été formées à cette activité en Île-de-France pour être opérationnel lors des JO. Dans les Yvelines, l’organisme anciennement appelé Pôle Emploi et ses partenaires ont accompagné la formation de 2 000 demandeurs d’emploi. En avril 2024, France Travail a également publié son étude annuelle sur les besoins en main-d’œuvre. Une analyse qui prévoit 39 000 recrutements en 2024 par les entreprises yvelinoises. Delphine Philippe-Giraux, directrice territoriale de France Travail dans les Yvelines, détaille les points de cette étude et rend compte des recrutements effectués dans la perspective des Jeux olympiques. Entretien.

« Les métiers en tension dans le département des Yvelines » Étude besoins de main-d’œuvre 2024 – France Travail

France Travail

Actu-Juridique : Quelle est la situation du marché de l’emploi dans les Yvelines depuis le début de l’année 2024 ?

Delphine Philippe-Giraux : Nous comptons environ 58 750 demandeurs d’emploi sans activité inscrits en catégorie A dans les Yvelines. Nous constatons une légère baisse sur le mois d’avril 2024. Globalement, nous sommes sur le maintien d’un faible taux de chômage pour le département aux alentours de 6 %. C’est à hauteur des niveaux les plus bas de l’histoire. Le marché de l’emploi reste donc dynamique sur le territoire.

AJ : Quels effets ont eu les nouveaux dispositifs mis en place lors de la transition de Pôle Emploi vers France Travail dans les Yvelines ?

Delphine Philippe-Giraux : À travers l’expérimentation menée sur le bassin de Saint-Quentin-en-Yvelines, en association avec le Conseil départemental des Yvelines, nous avons travaillé avec les entreprises du territoire. Une démarche qui a impacté la dynamique dans les Yvelines puisque les sociétés comme les TPE et les PME ont besoin d’accompagnement dans le cadre de leurs recrutements. Ces types d’entreprises ont aussi besoin d’indication sur leur organisation, leur capacité financière et les leviers existants pour les missions des ressources humaines. Généralement, ces sociétés n’ont pas de service RH. Le réseau en cours de construction avec l’ensemble des acteurs locaux comme les missions locales, l’Apec, Cap Emploi ou encore les chambres consulaires, les communautés d’agglomération et les associations d’entreprises nous permet d’assurer de nouveaux services d’accompagnement notamment sur les questions de ressources humaines.

AJ : Avec ces partenariats renforcés, quels résultats avez-vous obtenus au sein des services France Travail des Yvelines ?

Delphine Philippe-Giraux : Notre offre de services est mieux connue de tous. Nous savons aussi orienter un dirigeant vers l’interlocuteur adapté à sa demande. Par ailleurs, nous avons en moyenne 100 nouvelles entreprises qui sollicitent France Travail chaque mois depuis le début de l’année. Ce n’est pas encore suffisant. Nous avons atteint aujourd’hui environ 15 % des sociétés des Yvelines. À terme, l’objectif est d’arriver à couvrir l’ensemble des besoins des entreprises yvelinoises.

AJ : Les services de France Travail ont publié l’étude sur les besoins en main-d’œuvre (BMO) pour l’année 2024. Quel constat faites-vous concernant votre territoire ?

Delphine Philippe-Giraux : L’étude sur les besoins en main-d’œuvre montre une baisse de 11,3 % des projections d’embauche dans les Yvelines. Sur les deux dernières années, nous avons eu une dynamique engendrée par la transformation de nouveaux métiers. Cette année, nous sommes sur un accroissement d’activité et les besoins ne sont pas les mêmes. Il y a aussi une prudence dans les embauches prévues pour 2024. Quand je discute avec les chefs d’entreprises ou leurs représentants, il n’y a pas le sentiment de faire face à une conjoncture particulièrement défavorable. Il y a des incertitudes dans certains secteurs comme le BTP avec les difficultés du marché de l’immobilier. Ce phénomène impacte d’autres secteurs d’activité qui restent prudents. Mais il y a des besoins en main-d’œuvre avec des craintes sur la capacité à embaucher le bon candidat. Notre priorité est de répondre à ces inquiétudes en se focalisant sur les demandeurs d’emploi aux compétences transférables en utilisant par exemple la méthode de recrutement par simulation.

AJ : Comment cette méthode de recrutement par simulation se concrétise-t-elle dans le département ?

Delphine Philippe-Giraux : Nous montons en puissance cette année par rapport à cette méthode de recrutement avec des équipes qui ont été renforcées. Nous organisons des visites d’entreprises pour permettre la découverte d’activités. Au-delà du CV et des expériences, elles permettent aux candidats de tester des habiletés. En lien avec les entreprises, nous créons des tests qui correspondent à leurs besoins. Puis nous mettons les candidats dans les conditions des métiers concernés. Ils sont confrontés à la réalité de l’activité. De leur côté, les recruteurs peuvent avoir un aperçu sur certaines personnes qui pourraient devenir leur futur collaborateur. Il y a aussi et surtout l’immersion des demandeurs d’emploi. Aujourd’hui, plusieurs milliers d’entreprises sont ouvertes à l’immersion de demandeurs d’emploi dans les Yvelines. Mais beaucoup de sociétés ne connaissent pas ce dispositif alors qu’elles pourraient être volontaires. À France Travail, nous sommes proactifs pour aller chercher ces entreprises qui n’utilisent pas encore ce levier.

AJ : Pour revenir sur l’étude BMO, quelle est l’ampleur des difficultés rencontrées par les entreprises pour recruter dans le département des Yvelines ?

Delphine Philippe-Giraux : Dans les Yvelines, plus de 61 % des entreprises ont des difficultés à recruter. Un phénomène qui s’explique aussi par le taux de chômage très bas sur notre territoire. C’est en légère baisse par rapport à 2023 mais notre département reste très élevé par rapport au niveau régional. En Île-de-France, elles sont 53 %. Notre rôle est donc primordial. Nous avons des métiers et des secteurs qui ne sont pas différents par rapport à d’autres territoires. Pourtant, il y a plus de difficultés dans le département. Forcément, je me sens tout de suite concernée malgré notre progression en un an. Nous avons quadrillé l’ensemble du territoire avec nos partenaires en organisant plusieurs événements sur l’emploi. Ces actions ont permis de diminuer les difficultés mais ce n’est pas encore suffisant et nous devons être encore plus efficaces.

AJ : Pourquoi les entreprises rencontrent autant de difficultés dans leur recrutement notamment dans le transport puisque le premier métier en tension dans le département est chauffeur routier ?

Delphine Philippe-Giraux : Concernant le métier de chauffeur routier, cette activité nécessite un permis spécifique. Il y a donc une étape conséquente de formation auprès de nos demandeurs d’emploi. Pour autant, les besoins sont importants. La tension est importante dans ce secteur. La difficulté de recrutement peut être expliquée par les compétences à acquérir. À ce titre, nous avons formé 700 personnes dans ce secteur depuis le début de l’année 2024. Nous avons des métiers pour lesquels nous manquons de personnes formées. D’autres activités ont des difficultés par rapport à leur attractivité comme l’aide à la personne. Nous travaillons avec les branches et les entreprises pour trouver des solutions. Nous questionnons les conditions de travail pour attirer des nouveaux collaborateurs en adaptant les plannings et le temps de travail. Par exemple, nous suggérons aux employeurs de proposer des contrats de 20 heures sur deux ou trois jours au lieu de les faire sur six jours. L’idée est d’avoir plus de collaborateurs pour couvrir des amplitudes horaires plus larges.

AJ : Dans quelques semaines, les Jeux olympiques de Paris 2024 vont débuter avec cinq sites dans le département des Yvelines. Quelle est la situation concernant les recrutements à réaliser pour ce rendez-vous ?

Delphine Philippe-Giraux : Le métier d’agent de sécurité est le plus recherché dans la perspective des Jeux olympiques de Paris 2024. Un travail important et efficace a été effectué dans les Yvelines. Avec nos partenaires, nous avons formé près de 2 000 personnes sur le secteur dans le département. Environ 900 personnes ont été embauchées à la fin du mois de mai 2024. Des contrats sont encore en cours de signature à travers des promesses d’embauche pour les JO. Nous faisons des points réguliers hebdomadaires avec toutes les entreprises attributaires des Yvelines pour s’assurer de la certitude des embauches. Tout avance très bien. Il n’y a pas d’alerte dans le département. Les sociétés ont pu satisfaire leurs offres en rencontrant leur public. Les besoins des entreprises pour les JO sont aujourd’hui à la marge. Nous avons réalisé la partie la plus importante des recrutements.

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