Hauts-de-Seine (92)

L’avenir des taxis franciliens se joue-t-il dans les airs ?

Publié le 14/12/2022
Taxi-volant, Volocopter
DR/Volocopter

Depuis quelques années flotte sur l’Île-de-France un air de Futuropolis. Des « vertiports » pourraient bientôt permettre à tout un chacun de sillonner le ciel bas de Paris à l’aide de drones à passagers… La phase test sera lancée pendant les JO 2024.

« Dites adieu aux rues bondées, aux itinéraires bis, aux trajets épuisants. Nous sommes là pour vous guider vers une alternative : survoler la jungle urbaine. Dites donc bonjour aux solutions en tout électrique pour vous et votre famille : les taxis aériens biplaces VoloCity, les coursiers VoloDrone, les véhicules quatre places VoloRegion, et notre système Urban Air Mobility (UAM) vont réaliser le rêve de voler dans les villes. Nos premiers vols commerciaux sont prévus à Paris et à Singapour pour 2024. Soyez prêts à vous envoler dans les airs !  » Sur son site internet, la société allemande Volocopter nous vend du rêve ! Mais cette présentation enthousiaste n’a rien d’un fantasme à la Walt Disney (qui avait imaginé une ville futuriste, Celebration), ou d’une scène de « Retour vers le Futur« , avec voitures et skate-boards volants : tout cela est bien réel, et pour demain…

Nous connaissions déjà les taxis-boats, utiles pour rallier tel James Bond, le ministère de l’Économie et des Finances au quai d’Orsay en quelques minutes à peine, quelle que soit la circulation. Pour les humbles citoyens, les navettes Voguéo (financées par le STIF et donc comprises dans les forfaits Navigo) avaient pendant quelques mois entre 2008 et 2011 pu permettre la même chose, avant le flop. Voilà que l’on annonce désormais que l’avenir du transport parisien VIP se joue dans les airs. Dès 2024 (pour la phase test), il sera en effet possible de commander un drone comme on commande un Uber et de quitter les toits de La Défense (92) pour rejoindre le quai d’Austerlitz sans avoir eu le temps de dire ouf, et en profitant d’un joli coup d’œil sur les bouchons en contrebas.

Bientôt déployés à Singapour, en réflexion pour Los Angeles, les Volocopter – des hybrides biplaces entre drones et hélicoptères entièrement électriques – seront bientôt mis en place à Rome. Il s’agit d’appareils relativement silencieux munis de plusieurs petits moteurs semblables à ceux des drones. Les clients (plutôt fortunés) pourront simplifier leur trajet d’une trentaine de kilomètres entre l’aéroport et le centre-ville, moyennant la somme de 140 euros. La ville italienne a signé un contrat avec la société allemande pour l’installation de son premier « vertiport de mobilité aérienne avancée » (AAM). Dans un communiqué, la start-up décrit l’infrastructure du vertiport comme comprenant : « une zone d’approche et de décollage final (FATO) pour les opérations d’atterrissage et de décollage ; une aire de stationnement ; un hangar couvert de 20 x 20 x 6 mètres ; diverses pièces, y compris un bureau, un entrepôt et un espace pour le chargement de la batterie ».

Des Objets Volants Identifiés pour des véliports déjà validés

Selon nos confrères du Parisien, la RATP et la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), ont elles aussi lancé les démarches administratives pour créer deux vertiports sur la grande arche de La Défense (92) et quai d’Austerlitz à Paris (XIIIe), correspondant aux zones de décollage et d’atterrissage des véhicules. Dix appareils devraient être testés sur une période de huit mois à compter d’avril 2024, pendant les Jeux olympiques donc. « En installant un vertiport sur un point haut, on a deux avantages. On supprime les obstacles et on réduit les nuisances liées aux bruits », expliquait à nos confrères des Échos Olivier Jouans, chef de projet VTOL à la DGAC, le 15 novembre 2021. Au quai d’Austerlitz au contraire, les taxis partiront du bas, sur des pontons flottants amarrés sur la Seine. Cette fois, c’est « l’acceptabilité sociale, le bruit et les vibrations » qui seront évalués. Avant de déployer ces dix appareils en pleine ville, deux aérodromes seront utilisés pour évaluer leur autonomie et étudier leur insertion dans le trafic aérien actuel : ceux de Pontoise et Saint-Cyr-l’École (berceau du premier dirigeable à carcasse rigide).

Quoi de mieux qu’un événement mondial pour tester un nouveau moyen de transport ? Officiellement, bien sûr, l’objectif est de tester « l’acceptabilité sociale, le bruit et les vibrations » de ce nouveau moyen de transport, mais le contexte choisi – plusieurs millions de visiteurs sont attendus en Île-de-France le temps de la compétition – laisse entendre qu’il s’agit surtout de donner à la région et à la France, une image futuriste. Pour limiter les nuisances, d’ailleurs, les taxis volants seront limités à quatre décollages/atterrissages par heure sur une plage horaire moyenne de dix heures par jour.

Il y a fort à penser que l’apparition de ces petits drones non polluants fera sensation, lors de cette grand-messe du sport, mais ce qui est dommage – pour les millions de visiteurs aux moyens plus limités qui auraient souhaité rallier les sites des JO rapidement – c’est que le Grand Paris Express et ses connexions tant attendues ait, quant à lui, raté le rendez-vous des JO !

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