La métropole mise sur la revitalisation des centres-villes

Publié le 09/10/2017

Annoncée en avril dernier par le président de la Métropole, l’opération « centres-villes vivants » commence peu à peu à prendre forme. Avec à terme, l’objectif de revitaliser les centres-villes qui souffrent trop souvent de la disparition des petits commerces, mais aussi des transformations profondes de l’espace urbain.

C’est à son programme dédié aux centres-villes vivants que la Métropole du Grand Paris (MGP) a décidé de consacrer sa réunion de rentrée le 31 août dernier. Cette journée était notamment l’occasion d’installer un groupe de travail pour réfléchir aux modalités d’intervention de la métropole sur l’aide à apporter aux communes qui souhaitent revitaliser leur centre-ville. « Les centres-villes sont un des piliers de l’attractivité économique, un lieu de vie, de consommation, de rencontres et d’échanges, il faut les faire revivre en créant du beau, de la diversité commerciale et de l’accessibilité », a déclaré Patrick Ollier, président de la MGP, au cours de cette réunion.

Le phénomène de désertification des centres-villes connaît en effet un écho grandissant depuis quelques années. Dans un rapport sur la revitalisation commerciale des centres-villes publiée par l’Inspection générale des finances en 2016, on apprend ainsi que le taux de « vacance commerciale » (c’est-à-dire les locaux commerciaux vides) a augmenté de 4 % en moyenne sur les 15 dernières années, touchant particulièrement les petites et moyennes villes. Avec des conséquences visibles sur le chômage, la qualité de vie des riverains et le lien social.

À l’échelle du Grand Paris, le taux de vacance s’établit à 12,5 %, mais il faut prendre en compte une forte disparité des situations selon les départements. Si les Hauts-de-Seine (92) ont connu une forte baisse entre 2002 et 2014 et ne compte que 11,3 % de logements commerciaux inoccupés, la Seine-Saint-Denis (93) compte encore 17 % de locaux commerciaux vacants.

Un sujet que Patrick Ollier a pris spécialement à cœur, dès 2005 celui-ci posait dans une loi homonyme les principes d’un droit de préemption des communes en matière de baux commerciaux. Cette loi qui a connu plusieurs évolutions (et notamment la dernière en date avec la loi Artisanat, Commerce et TPE (ACTPE) du 18 juin 2014) permet aux communes d’acquérir des fonds artisanaux, fonds de commerce ou baux commerciaux lors de leur cession s’il elles le juge nécessaire.

Les collectivités territoriales y trouvent un double avantage : éviter les opérations spéculatives menées par les propriétaires tout en empêchant le remplacement progressif des commerces de proximité par des agences tertiaires. En 2015, les décrets d’application de la loi ACTPE apportaient notamment une mesure phare, la possibilité de déléguer ce droit à des acteurs qui ont une meilleure capacité à mobiliser leurs moyens : sociétés d’économie mixte, concessionnaire d’aménagement… ou intercommunalité telle que la Métropole du Grand Paris. De son côté, Patrick Ollier n’hésite pas à citer Rueil-Malmaison (92), dont il est maire depuis 2004, comme exemple de revitalisation réussi : « Lorsque je suis arrivé, les commerces fermaient et le centre-ville était en train de mourir. (…) La préemption de baux commerciaux ainsi qu’un certain nombre d’autres mesures ont permis de lui rendre son attractivité et d’y faire revenir les habitants ». Pour autant, il refuse d’entrer dans une logique d’opposition avec les grandes surfaces et pense que l’implantation de ces dernières doit se faire en complémentarité des petits commerces « ce que je veux c’est éviter les vitrines fermées et rendre à nouveau attractif les centres-villes par l’aménagement, les parkings souterrains et l’offre commerciale », détaille-t-il. Désormais, il souhaite mettre à profit la force de frappe de la Métropole pour appliquer ces méthodes aux centres-villes du Grand Paris qui en ont le plus besoin.

Jean-Marc Nicolle, maire du Kremlin-Bicêtre, Patrick Ollier, président de la MGP, Thomas Degos, directeur général des services de la MGP et Marianne Louradour, directrice régionale pour l’Ile-de-France de la Caisse des dépôts.

DR

Afin d’établir les éléments concrets de la politique métropolitaine sur le sujet, trois séances de travail et une séance de clôture auront lieu au cours des prochains mois avec les nombreux acteurs qui vont s’allier pour la réussite de ce plan (maires et élus locaux, Caisse des dépôts et consignations, chambre de commerces et d’industrie, chambres des métiers et de l’artisanat, Fédération nationale des centres-villes, SEMAEST, etc.).

Jean-Marc Nicolle, maire du Kremlin-Bicêtre (94) et conseiller métropolitain, aura la tâche d’animer ces groupes de travail qui devront choisir les outils utilisés par la Métropole pour aider les communes, mais également dessiner les contours de futurs appels à projets pour revitaliser durablement les centres-villes. On notera que les premières pistes de réflexion souhaitent inclure au plan le Vélib’ métropolitain ainsi que les nouvelles gares construites dans le cadre du Grand Paris Express (la future gare de Villejuif-Institut Gustave Roussy arrivant dans un quartier en devenir en est un bon exemple). À l’issue de ces quatre séances, un « Pacte Métropolitain pour la revitalisation des centres-villes » sera proposé, il offrira un cadre aux contrats particuliers entre la métropole, les acteurs membres du pacte et les villes qui souhaitent s’engager dans l’initiative.

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