Les collectivités territoriales soutiennent l’égalité femmes-hommes

Publié le 09/11/2018

Suivant la prise de conscience collective des inégalités femmes-hommes, les collectivités territoriales agissent pour replacer les femmes dans l’espace public. Le 2 octobre dernier, le centre Hubertine Auclert du conseil régional d’Ile-de-France organisait ainsi la 4e journée du réseau territoires franciliens : « Les collectivités s’engagent pour l’égalité ! ».

Depuis plusieurs années, les collectivités territoriales se sont emparées de la question de l’égalité entre les femmes et les hommes. Le constat est formel, les femmes et les hommes n’ont pas la même expérience des espaces publics, car les politiques d’urbanisme, de transports et de loisirs n’ont pas été conçues pour répondre à tous et toutes. Ces inégalités se ressentent notamment à travers les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes sur le territoire. C’est pourquoi « les collectivités s’engagent pour l’égalité femmes-hommes » était le thème du colloque du 2 octobre dernier, organisé par le centre Hubertine Auclert dans l’hémicycle du conseil régional d’Île-de-France, dans le cadre des Journées du réseau « Territoires franciliens pour l’égalité ».

Récemment renommé Simone Veil, ce centre du conseil régional a accueilli les élus et les agents des collectivités durant toute la journée. Différents sujets ont été abordés en conférence tels que les actions des collectivités, la participation des femmes à la vie locale et leur cause dans le domaine sportif. Trois ateliers étaient proposés dans l’après-midi sur la lutte contre les mariages forcés, l’aide pour les victimes de violences et les conseils pour concevoir des équipements locaux pour toutes et tous. À la fin de la journée, le dernier rapport du centre Hubertine Auclert, « Femmes et espaces publics », a été remis à Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France. Cette production contient 17 mesures et 31 recommandations concrètes pour améliorer la place des femmes dans toute la sphère publique.

Différents intervenants ont pris la parole tout au long de la journée devant près de deux cents personnes. Des adjointes et adjoints au maire, des conseillères et conseillers, des membres d’associations, hommes et femmes, il s’agissait d’acteurs locaux, venants de toute la France et investis dans la cause des femmes. Lors de son intervention, Josselin Aubry, adjoint au maire de Fresnes, en charge du développement de la citoyenneté, du vivre ensemble et de la lutte contre les discriminations, a bien résumé le principal enjeu de leur travail : « la première difficulté est de convaincre (les élus) de l’importance de mener ce type d’action », explique-t-il. Selon Aïcha Bassal, adjointe à la mairie de Nantes, « Les collectivités n’ont pas attendu une politique nationale pour se lancer dans l’action de l’égalité. Nous avons un devoir d’exemplarité en tant qu’élus ! ».

Des chiffres alarmants

La place de la femme dans l’espace public était donc le fil rouge de la journée car les résultats des études sur le sujet sont alarmants. Selon les données d’une enquête de l’Institut national d’études démographiques (Ined), menée en 2015, sur les violences faites aux femmes dans les espaces publics, une femme sur quatre déclare avoir subi du harcèlement ou des violences contre un homme sur sept sur les douze derniers mois. Ces phénomènes seraient exacerbés en Île-de-France avec plus d’une Francilienne sur trois. Toujours selon la même enquête, les femmes seraient deux fois plus nombreuses à avoir subi une agression sexuelle (4,2 % des femmes en France). Les faits de violences sont davantage déclarés dans les transports en commun (43 % des faits graves et 40 % dans la rue).

D’après Marik Fetouh, adjoint au maire de Bordeaux, chargé de l’égalité et de la citoyenneté, présent au colloque : « ces enquêtes ont permis une prise de conscience pour les élus ». Selon lui, c’est ce qu’il s’est passé à Bordeaux après la création d’un observatoire bordelais de l’égalité et l’obtention des résultats des premières enquêtes. Sur 5 000 répondantes, 90 % se disent avoir été victimes de frotteurs. Pour lutter contre les inégalités dans l’espace public, l’action des collectivités peut s’enrichir de l’apport des citoyennes et citoyens. À Nantes, par exemple, la municipalité a demandé à la population de proposer des noms de femmes afin de féminiser les noms des rues de la ville à 90 % masculins. La ville est aussi la première à avoir expérimenté l’arrêt à la demande pour les bus afin de lutter contre l’insécurité la nuit.

Une politique d’exemplarité

Concernant les inégalités professionnelles, il existait pendant longtemps l’idée reçue que ce n’était pas le cas dans la fonction publique. Pourtant, en 2012, l’écart net mensuel pour un temps plein entre une femme et un homme y était de 10,3 % contre 19,2 % dans le secteur privé. « Il faut aussi un travail d’analyse de nos propres politiques publiques, car les collectivités peuvent être également discriminantes même sans le faire exprès », explique Josselin Aubry. À ce propos, la loi du 12 mars 2012 a marqué une avancée majeure et a poussé l’action des collectivités. Les employeurs sont désormais tenus d’établir des bilans chiffrés « genrés » et de rendre compte de leurs actions en faveur de l’égalité. Elle prévoit également la mise en place de quotas pour favoriser l’accès des femmes aux postes de dirigeantes.

Récemment, le Centre national de la fonction publique territoriale a reçu le prix Marianne d’Or 2018 pour sa promotion des grandes causes dont celle de l’égalité entre les femmes et les hommes. Par exemple, afin de prévenir et lutter contre les violences, harcèlements et agissements sexistes et sexuels faits aux femmes, ils ont mis en place des formations pour les agents et employeurs des collectivités. Afin de changer les comportements, il est important de valoriser les pratiques innovantes des politiques locales. Pour les collectivités qui souhaitent s’engager, la Chartre européenne pour l’égalité des femmes et des hommes pose un premier cadre général autour de six principes fondamentaux, depuis 2005. Pour l’instant, 270 communes françaises l’ont signée. « Son intérêt est de bénéficier de la dynamique au niveau français et européen pour permettre de s’échanger les bonnes pratiques », précise Gunilla Westerberg-Dupuy, adjointe au maire de Suresnes.

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