Le service public de l’éducation nationale sous la Troisième République
Les observateurs de l’éducation nationale déclarent avec la force de l’évidence qu’elle est un service public. Le voyage a lieu sous la IIIe République, là où le service public de l’éducation nationale est pour la première fois l’objet d’un récit. Celui-ci est tenu par les républicains, qui veulent convaincre de la réalité du service public de l’éducation nationale, tandis que les juristes confirment son existence sans le démontrer. Or le service public de l’éducation nationale se révèle être essentiellement un discours inséparable de l’État éducateur, qui sert à légitimer l’administration de l’Instruction publique, en vue d’imposer la République. Il s’agit alors de révéler, d’abord, le mythe du service public de l’éducation nationale, capable de générer de la confiance en l’État éducateur, ensuite, de caractériser le phénomène administratif qui lui fait appel. Le service public de l’éducation nationale dissimule ainsi la réalité administrative de l’État éducateur. C’est que l’administration de l’Instruction publique est une machine à produire de l’ordre social, en même temps que du pouvoir ; une administration idéale pour gouverner les esprits. Le service public de l’éducation nationale légitime aussi le droit par lequel cette administration est conservée. C’est dire la valeur fiduciaire d’un service public réputé acquis, autant qu’exprimer le rapport étroit entre l’idéologie et le droit.