Un grand magasin parisien accepte les paiements en cryptomonnaie

Publié le 03/01/2025
Un grand magasin parisien accepte les paiements en cryptomonnaie
HJBC/AdobeStock

Le réseau des magasins Printemps propose désormais à ses clients de régler leurs achats en cryptomonnaie. Le point sur les conditions d’utilisation et les risques inhérents à ces monnaies virtuelles.

Depuis la fin novembre 2024, tous les clients du Printemps peuvent payer leurs achats avec leurs cryptomonnaies (bitcoins, ethereums et stablecoins). Cette innovation est possible dans les 20 adresses du réseau, dont la célèbre enseigne du boulevard Haussmann à Paris, ouverte en 1865.

Scanner un QR code au passage en caisse

En Italie, Hongrie ou en Estonie il est possible de payer une course de taxi en bitcoin. À Paris, le centre commercial de Beaugrenelle dans le XVe arrondissement offre cette solution de paiement depuis le 8 juin 2022, mais seulement pour régler leur carte-cadeau, utilisable dans toutes les boutiques et tous les restaurants du centre. Au Printemps, les clients peuvent payer tout type d’achats (mode, beauté, etc.) directement en bitcoins. L’objectif de cette démarche marketing est d’attirer une nouvelle clientèle haut de gamme et augmenter les revenus du réseau en payant des frais de transaction moins élevés.

En pratique, lorsqu’ils passent en caisse, les clients sont invités à scanner un QR code, puis à sélectionner la monnaie de leur choix avant de confirmer la transaction. La transaction est réalisée sur la plateforme d’échange Binance et s’opère avec sa solution de paiement Binance Pay, ainsi qu’avec la fintech française Lyzi. Les paiements sont ensuite reversés en euros afin de protéger le magasin de toute fluctuation du marché de la cryptomonnaie.

Comment ça marche ?

Pour payer en bitcoin, l’acheteur doit détenir un portefeuille numérique appelé wallet, qui permet d’acheter ou vendre. Il est créé sous la forme d’un algorithme unique. Son détenteur dispose d’une clé publique, accessible aux tiers, comme un IBAN en cas de virement, à laquelle correspond une clé privée. Cette clé privée doit rester confidentielle puisqu’elle seule permet de générer des transactions dans le wallet. Pour payer avec ce portefeuille, l’acheteur scanne le QR code du commerçant ou copie l’URL de paiement de la transaction et la colle dans l’écran « Envoyer » de son portefeuille. L’acheteur peut également détenir un portefeuille physique permettant de stocker, envoyer et recevoir ses bitcoins, par exemple sous forme de clé USB. Enfin, il existe aussi des cartes de paiement spéciales, dédiées au paiement en cryptomonnaie.

Pas de statut légal pour le bitcoin

En France, la seule monnaie officielle est l’euro, conformément à l’article L. 111-1 du Code monétaire et financier. C’est d’ailleurs le cas pour tous les pays de la zone euro. Cela signifie que les créditeurs sont tenus d’accepter les paiements en euros. Toutefois, rien ne les empêche d’accepter des devises étrangères, ni même des monnaies virtuelles. « Les commerçants sont donc libres d’accepter ou de refuser les cryptomonnaies », indique le site du ministère de l’Économie et des Finances. Au sein de l’Union européenne, celles-ci ne sont pas régulées par les États membres, ni par les banques centrales. Elles constituent donc des actifs très volatils. Selon le Centre européen des consommateurs (ECC-Net), « leur prix peut varier à la hausse comme à la baisse en très peu de temps, dépendant principalement de l’offre et la demande. La valeur de ces monnaies est extrêmement imprévisible, car très sensible aux évolutions macroéconomiques, notamment dans des périodes de guerre et d’inflation ». En outre, ces monnaies numériques ne peuvent bénéficier du fonds de garantie des dépôts puisqu’aucun dépôt n’est effectué en banque. Enfin, leurs détenteurs sont exposés à un risque technique radical. S’ils perdent leur portefeuille physique (clé USB), leurs crypto-actifs sont définitivement perdus. Idem s’ils oublient leur clé privée. Et s’ils se trompent dans l’adresse du bénéficiaire du paiement, ils ne peuvent pas annuler la transaction ni récupérer leur monnaie.

Un intérêt croissant des Français pour les crypto-actifs

En France en 2023, 6,5 millions de personnes (12 %) détenaient un portefeuille de cryptomonnaies (contre 9,4 % en 2022), selon une étude de KPMG publiée en mars 2024 (Web 3 et Crypto En France et en Europe). Les Pays-Bas et le Royaume-Uni affichent les taux de détention les plus élevés, respectivement de 17 % et 16 %. Cependant, la France comble son retard en étant le seul pays dont le nombre de détenteurs actifs croît. « La majorité des détenteurs de crypto-actifs possèdent déjà des produits financiers classiques et voient en cette nouvelle classe d’actifs une opportunité de diversification ».

La loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi Pacte,a offert un premier cadre juridique aux cryptomonnaies. Elle prévoit notamment un cadre de régulation des prestataires de services sur actifs numériques (PSAN), c’est-à-dire une régulation des prestataires proposant l’achat ou vente de cryptomonnaies, la conservation, le placement ou encore la gestion de portefeuille de cryptomonnaies. La loi distingue deux catégories de prestataires. Certains ont l’obligation de s’enregistrer auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Il s’agit des prestataires qui procèdent à la conservation de cryptomonnaies pour le compte de tiers (détention, stockage, transfert) ainsi que les prestataires procédant à l’achat ou la vente de cryptomonnaies en monnaie ayant cours légal, l’échange entre crypto-actifs, l’exploitation d’une plateforme de négociation de cryptomonnaies. D’autres prestataires peuvent, s’ils le souhaitent, solliciter un agrément optionnel. Il s’agit des prestataires proposant d’autres services, tels que les plateformes d’échange de cryptomonnaies, services de placement de cryptomonnaies ou de conseils en investissement de cryptomonnaies, par exemple. Cet agrément peut être obtenu à condition de justifier de plusieurs critères comme l’existence d’un contrat de responsabilité civile professionnelle ou de fonds propres d’un niveau suffisant.

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