En Seine-Saint-Denis, l’Adie veut développer la création d’entreprises
Mercredi 13 novembre dernier, l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), reconnue d’utilité publique depuis 2005, lançait sa campagne « Parlons Cash », destinée à soutenir la création d’entreprises dans les quartiers populaires en Île-de-France. Elle vise à faire connaître ses possibilités d’accompagnement aux personnes qui souhaiteraient lancer leur entreprise mais manquent de ressources pour le faire. Jean-Marc Mormeck, délégué régional aux quartiers populaires d’Île-de-France, et Benjamin Chkroun, conseiller régional et président du Hub de la réussite, étaient présents lors de cette manifestation soutenue par la région Île-de-France.
La Marbrerie avait pris des couleurs le 13 novembre dernier. C’est dans ce haut lieu de la nuit Montreuilloise, ancienne marbrerie industrielle réhabilitée en salle de concert et de conférences, que l’Adie avait choisi de lancer sa campagne à destination des entrepreneurs des quartiers populaires. Pour l’occasion, les murs de béton brut de l’ancienne usine étaient réchauffés par l’artisanat chamarré des entrepreneurs de Seine-Saint-Denis. Une petite dizaine d’entre eux avait été invitée à exposer leur production. Ils n’étaient pas tant là pour vendre que pour montrer au public que l’entreprenariat peut prendre de multiples visages, et, qu’avec un bon accompagnement, il est à la portée du plus grand nombre.
Ces exposants avaient pour point commun d’avoir été, à un moment de leur histoire, aidés par l’Adie.
Promettant « de très belles histoires en perspectives », l’Adie choisit d’ouvrir sa table ronde en présentant l’une d’entre elles : celle de la restauratrice montreuilloise, Fatou Sylla.
Elle fut la première à prendre la parole sur l’estrade de cette grande salle où se produisent d’ordinaires des musiciens. Derrière la tribune, sous la grande charpente en bois, le slogan « Parlons Cash » tagué à la bombe se voulait un clin d’œil à la culture des quartiers populaires. Fatou Sylla prit un plaisir manifeste à raconter sa success story, celle d’une jeune femme qui, il y a quelques années, vendait des barquettes de mafé sur la place du marché de Montreuil. « L’Adie m’a aidé à m’installer dans un local de 4 m2, puis de 6 m2 », se souvint-elle. Aujourd’hui installée dans un restaurant avec de grandes baies vitrées donnant sur une des avenues principales de la ville, elle propose des services de restauration et de traiteurs, et se targue de compter parmi ses clients de grandes institutions comme le quai Branly. Drapée dans un grand tissu aux couleurs de la Côte d’Ivoire, elle a invité ses auditeurs à croire en leur talent et à se lancer à leur tour. « Le combat a été difficile, mais grâce à l’aide de Dieu et de l’Adie, j’ai réussi ! », lança-t-elle avec un enthousiasme communicatif.
Dans la salle, l’écoutait un public majoritairement jeune et métissé, à l’image des quartiers de Seine-Saint-Denis. Un peu plus de 200 personnes, aspirant à la création d’entreprises, invités nommément par l’Adie. « L’histoire de Fatou peut être celle de tout le monde », a insisté Frédéric Lavenir. « Notre association fait beaucoup grâce aux créateurs. Ce qui fait vraiment les projets, c’est vous ».
Remplaçant Valérie Pécresse, initialement annoncée pour cette table ronde, Benjamin Chkroun, conseiller régional et président du Hub de la réussite, était présent pour représenter la région Île-de-France. Il a explicité le sens du soutien de la région à l’Adie. « Il y a sur notre territoire des pépites inexploitées. Ces ressources sont perdues pour notre société. Or la création d’entreprise crée de l’emploi, mais aussi de l’impôt et de la solidarité », a-t-il expliqué. Il a loué « l’accompagnement bienveillant » proposé par l’association. « Je n’aime pas le terme d’ascenseur social, car elle laisse entendre que les choses se font toutes seules », précise-t-il. « Je nous vois plutôt comme une rampe sur laquelle vous pouvez prendre appui pour monter l’escalier. Vous faites l’effort, nous vous soutenons ».
Plus de 2 200 projets devraient être soutenus d’ici 2021. « Pour l’Île-de-France, c’est considérable », a affirmé le conseiller régional. Main dans la main, la région et l’association promettent de développer toujours plus l’entrepreneuriat en le mettant à la portée des personnes manquant de moyens économiques. Car, ils l’affirmèrent ce jour-là, elles ne manquent pas de talent.