Enquête CPME des Yvelines : 50 % des dirigeants d’entreprise ont eu de la croissance en 2023

Publié le 26/03/2024

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) est un syndicat patronal qui regroupe près de 243 000 chefs d’entreprise en France. Une organisation spécialisée auprès des artisans, des très petites entreprises, des PME ou encore des entreprises de taille intermédiaire. La CPME représente les dirigeants dans plusieurs institutions comme la Caisse des allocations familiales, l’Urssaf ou encore France Travail grâce à 20 000 mandataires. Elle accompagne et répond aux problématiques de ses adhérents. Depuis septembre 2023, Virginie Faivet occupe la fonction de présidente de la CPME des Yvelines. Dirigeante d’une entreprise spécialisée dans la formation dans le numérique, elle évoque ses nouvelles missions et la dynamique qu’elle souhaite enclencher au sein du syndicat patronal yvelinois. Rencontre.

Actu-Juridique : Comment pouvez-vous caractériser la CPME des Yvelines ?

Virginie Faivet : Sur le territoire, nous avons un rôle central pour créer des relations entre les chefs d’entreprise, soutenir les dirigeants et les représenter. Nous sommes à l’écoute et nous remontons les informations du terrain au niveau national, en prenant la température économique. Nous fédérons plusieurs centaines d’adhérents dans les Yvelines avec une croissance chaque année. Plusieurs secteurs d’activité sont représentés comme les services, l’industrie ou encore la santé. On a notamment un cabinet de radiologie comme adhérent et de nouveaux domaines d’activité nous rejoignent. Nous avons l’ambition de nous développer en intensifiant notre présence sur le territoire à travers les réseaux sociaux.

AJ : Vous êtes présidente de la CPME des Yvelines depuis septembre 2023. Quels sont vos objectifs dans le cadre de ce mandat ?

Virginie Faivet : Dans mon programme, j’ai trois axes. D’abord, il y a le développement d’une offre de formations. Nous sommes partis du constat qu’il fallait aller sur Paris pour suivre une formation continue à destination des dirigeants. Nous allons donc lancer des sessions de formation sur le territoire grâce à des organismes de formation partenaires dans les Yvelines. Ensuite, il y a la volonté de faire de la CPME yvelinoise un centre d’information pour simplifier le parcours aux entrepreneurs sur plusieurs sujets. Par exemple, nous venons de conclure un partenariat avec France Travail pour favoriser la diffusion des offres d’emploi des chefs d’entreprise. Nous travaillons sur le parcours adhérent pour, en autres, faciliter l’accès aux aides destinées aux entrepreneurs, aux TPE ou aux PME. Enfin, la CPME 78 se veut fédérateur et multiplie les collaborations avec les réseaux d’entrepreneurs du territoire. Nous sommes partenaires de nombreux événements et d’associations. Le but est de travailler en collaboration pour permettre de créer un parcours d’accompagnement fluide pour nos adhérents. Nous avons aussi mis en place un suivi de chacune de nos actions auprès des adhérents accompagnés. L’idée est de suivre la prise en charge des problématiques des dirigeants de la CPME des Yvelines. À la fin de chaque année, nous pouvons ainsi réaliser un bilan concret.

AJ : De quelle manière allez-vous développer la formation au sein de la CPME des Yvelines ?

Virginie Faivet : Les chefs d’entreprise vont pouvoir se former sur le territoire grâce à nos organismes de formation partenaires. Pour financer ces formations, ils pourront mobiliser leurs fonds d’assurance formation (FAF) comme l’AGEFICE qui a en charge la montée en compétences des dirigeants non-salariés. Le budget annuel du FAF représente environ 3 000 euros par an. Il y a aussi le fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux (FIF PL) qui permet d’obtenir un financement de 750 euros par an. Pour les TPE et les PME, c’est donc compliqué de financer une formation. L’objectif est donc de mutualiser et de former des groupes avec nos adhérents pour bénéficier de formations de qualité à des coûts attractifs. Les dirigeants peuvent ainsi la financer dans sa globalité avec leurs fonds d’assurance formation. En plus, la CPME des Yvelines est mandatée par l’AGEFICE pour gérer les dossiers. Nous pouvons ainsi monter les dossiers des entrepreneurs adhérents ou non. Cette année, on aura une vingtaine de modules de formation proposés par les organismes partenaires qui sont sur le territoire. L’idée est de mettre en place une entraide entre les membres de la CPME des Yvelines. On peut tous se mobiliser en fonction de nos compétences.

AJ : Quels sont les besoins des entrepreneurs et dirigeants yvelinois à l’heure actuelle ?

Virginie Faivet : Nous avons fait une enquête pour comprendre les besoins des adhérents de la CPME des Yvelines. Quand on rentre dans les détails de l’enquête, la principale préoccupation qui ressort est la problématique autour de la trésorerie. Beaucoup de dirigeants rencontrent des difficultés : retards de paiement, hausse des coûts de l’énergie… Face à la complexité, ils nous sollicitent pour simplifier la procédure. Pour témoigner de l’opacité à obtenir des aides de l’État, j’ai découvert récemment qu’il existait des dizaines et des dizaines d’aides pour financer le permis de conduire. L’information n’est pas regroupée sur un seul endroit. Il faut aller chercher un peu partout en fonction des collectivités territoriales, des situations… Le sujet des aides et de la complexité des dossiers à monter sont des thématiques pour lesquelles nous allons organiser des ateliers pédagogiques pour nos adhérents. Certaines entreprises dynamiques des Yvelines sont parfois bloquées par les critères d’éligibilité à un dispositif ou à une aide. Ensuite, le recrutement est un sujet aussi de préoccupation. Nous avons une pénurie de main-d’œuvre. Nous faisons face à une évolution des attentes des salariés. Dans plusieurs cas, la difficulté pour trouver des nouveaux collaborateurs est un frein au développement.

AJ : Comment les entrepreneurs yvelinois ont-ils vécu les différentes tendances économiques négatives de l’année 2023 ?

Virginie Faivet : Globalement, d’après notre enquête, 2023 n’a pas été une année sereine même si 50 % des dirigeants qui ont répondu soulignent qu’ils ont eu de la croissance. L’augmentation des prix de l’énergie a été difficile à gérer pour les chefs d’entreprise. Certains m’ont indiqué qu’ils avaient enregistré une hausse de 30 000 euros sur l’année 2023. Pour des petites sociétés c’est complexe à digérer. À côté de la croissance des charges, d’autres entreprises ont connu une pénurie des matières premières. Il y a eu une répercussion sur les prix de vente. Le foncier est aussi une source de difficultés. Des entreprises ont voulu grandir mais ont fait face à la problématique de trouver du foncier disponible à un coût abordable. Un sujet à mettre en relation avec la hausse des taux d’intérêt. Enfin, certains dirigeants parlent aussi de la rigidité des contrats de bail qui peut freiner aussi le développement de l’entreprise.

AJ : Comment les sociétés spécialisées font-elles face à la crise dans le secteur de l’immobilier ?

Virginie Faivet : Beaucoup d’agences immobilières se sont arrêtées net. Il y a eu de nombreuses reconversions et d’autres ont changé leur positionnement en s’adressant aujourd’hui uniquement à l’immobilier des entreprises. Le nombre d’ouvertures de liquidations judiciaires en Île-de-France dans le secteur de l’immobilier a augmenté de presque 60 % entre 2022 et 2023. Mais ce n’est pas la seule activité en difficulté. La restauration est aussi frappée par ce phénomène avec une hausse de 57,5 % de redressements judiciaires ouverts. Enfin, dans le domaine de la santé et de l’action sociale, il y a eu une augmentation de 90 % d’ouvertures de redressement ou de liquidation judiciaires en Île-de-France.

AJ : Quel est le niveau de défaillances dans le département des Yvelines ?

Virginie Faivet : En 2023, les liquidations judiciaires du département des Yvelines affichent une hausse de 36,4 % par rapport à 2022. Nous avons même dépassé le niveau d’avant la crise sanitaire. De mon côté, je reçois beaucoup d’appels de dirigeants qui sont en difficulté. À la CPME, nous avons adhéré au groupement de prévention agréé (GPA). Les GPA accompagnent la viabilité économique de l’entreprise par une analyse des informations économiques, sociales (RH), comptables et financières. La force du GPA, c’est son réseau d’experts, solidaires et proches du terrain. Quand une société connaît des difficultés, il peut y avoir un problème de trésorerie ou de retard de paiements. Mais parfois la problématique est plus profonde et remonte au niveau du business model. C’est compliqué de trouver ce genre d’expertise. La CPME met donc à disposition des spécialistes de la stratégie en business. Ces ressources sont des adhérents yvelinois qui accompagnent ceux qui sont en difficulté.

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