Essonne (91)

Recherche : des colorants durables récompensés par l’Europe

Publié le 08/12/2021
Recherche : des colorants durables récompensés par l’Europe
Quality Stock Arts / AdobeStock

Synovance, une start-up située dans l’Essonne (91), a été sélectionnée, avec 64 autres entreprises européennes dont 12 françaises, par le Conseil européen de l’innovation de la Commission européenne pour bénéficier d’un financement pour « des innovations radicales ». Les travaux de Synovance « visent à remplacer les teintures synthétiques toxiques qui nuisent à l’environnement par des teintures écologiques produites biologiquement ». Efthimia Lioliou, co-fondatrice, détaille les travaux de la jeune entreprise.

Actu-juridique : Sur quoi portent les recherches de Synovance ?

Efthimia Lioliou : Synovance travaille à la production de colorants bioproduits, c’est-à-dire naturels, notamment pour la couleur indigo, très présente dans le textile, mais aussi le rouge, le rose, le violet, le vert et l’azur. Pour cela nous utilisons des bactéries dont nous modifions l’ADN grâce à une technologie entièrement innovatrice, développée par Synovance, basée sur des génomes bactériens secondaires (génomique synthétique). Nos bactéries sont capables de fermenter les sucres et les sels et les transformer en colorants. Ces colorants durables de nouvelle génération sont ainsi exempts de tout produit chimique nocif et remplacent directement leurs équivalents chimiques. Les seules matières premières que nous utilisons, tout au long du processus de fabrication des colorants, sont l’eau, du sucre et du sel.

AJ : Vos travaux s’inscrivent donc dans une démarche résolument écologique ?

E.L. : Oui, avec Brian Jester, mon partenaire co-fondateur, la première raison pour laquelle nous avons créé en 2017 Synovance était de contribuer, grâce à nos recherches et nos expériences respectives, aux objectifs de développement durable. L’industrie textile a un effet néfaste sur l’environnement, elle est le deuxième plus grand consommateur de produits chimiques au monde et elle est responsable pour 20 % de la pollution d’eau douce. De manière générale, toutes les étapes nécessaires à la fabrication d’un vêtement participent à cette pollution, de l’extraction des matières premières jusqu’à la fabrication des tissus. Par exemple, pour transformer le pétrole brut en teinture indigo, il faut actuellement neuf produits chimiques différents, dont l’aniline et le cyanure, tous deux considérés comme dangereux pour la santé. La production de colorants textiles est restée inchangée depuis un siècle. Or du fait des enjeux environnementaux et de la croissance démographique que nous devrions connaître dans les décennies à venir, nous pensons qu’il y a là une opportunité majeure de transformation. Chez Synovance, nos solutions biosourcées innovantes sont durables et ne polluent pas l’environnement. De plus, nos couleurs remplacent directement l’indigo synthétique. Autrement dit, il n’y a aucune modification sur le processus de coloration de la part de fabricants et aucun investissement additionnel à faire.

AJ : Quelle est la clientèle intéressée par la production de bio-colorants ?

E.L. : L’industrie textile bien sûr, notamment pour la coloration des jeans avec la couleur Indigo. Mais plus largement, notre technologie permet d’avoir de nombreuses applications : pour l’industrie alimentaire, les produits pharmaceutiques, les cosmétiques, ou encore les produits chimiques.

AJ : Vos colorants sont-ils déjà sur le marché ?

E.L. : Nous sommes maintenant, après plusieurs années de recherche et de développement, à l’échelle pilote de production. Nous avons distribué les premiers échantillons à des industriels. Leurs retours sont pour l’heure très positifs. 2022 sera une année charnière pour nous puisque nous mettrons sur le marché les premiers kilogrammes d’indigo bioproduits. Nous sommes en discussion avec plusieurs marques et fabricants de jeans à ce sujet. L’intérêt pour nos produits est élevé. La distinction de la Commission européenne et les financements que nous recevrons du Conseil européen de l’innovation nous permettront d’achever ce but.

AJ : Que vous apporte une telle reconnaissance de la part d’un programme européen ? Une plus grande visibilité ?

E. L. : Oui c’est évident. D’abord c’est une aide financière très importante qui va nous aider à commercialiser nos produits et même industrialiser notre projet. Nous aurons bientôt besoin de nouveaux équipements et d’embaucher de nouvelles personnes pour poursuivre notre développement. Nous ne connaissons pas encore le montant du financement que nous percevrons. Nous savons seulement que nous recevrons une combinaison de subventions et d’investissements en fonds propres.

L’Union européenne sera également un partenaire important pour nous, elle nous accompagnera dans notre croissance et dans notre compréhension de la réglementation européenne. C’est un atout de taille pour une jeune entreprise comme la nôtre.

Plan