Île-de-France : le nombre de défaillances des entreprises poursuit sa hausse, comme prévu

Publié le 28/08/2024

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Qu’elles soient amiables, judiciaires ou qu’elles mènent à une liquidation des entreprises, le nombre d’ouvertures de procédures collectives augmente en Île-de-France qu’importe le type observé. « Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte de croissance modeste et d’incertitude géopolitiques », explique dans une note l’Observatoire consulaire des entreprises en difficulté (OCED) de la CCI Paris Île-de-France. Plus de 200 000 emplois sont impactés dans la région.

C’est une réalité économique peu reluisante mais finalement attendue pour la première région économique française. Après la période Covid et les aides massives de l’État qui ont permis, de fait, de préserver de la faillite des structures mal en point, la réalité économique rattrape le monde de l’entreprise.

Ainsi, en Île-de-France, entre le 1er avril 2023 et le 1er avril 2024, plus de 14 500 entreprises ont été soumises à une procédure collective (hors alertes du président du tribunal de commerce). Particulièrement scrutées, les données concernant les liquidations judiciaires sont un indice précieux de la santé économique d’un territoire. Celles-ci ont bondi, sur un an, de 49 % dans la région capitale pour s’établir précisément à 11 284 fermetures d’entreprises.

« Meilleure anticipation des chefs d’entreprise »

Les autres procédures judiciaires – de sauvegarde ou de redressement judiciaire – ont-elles augmenté respectivement de 62 % et 18 % pour atteindre 247 et 1 877 procédures de ce genre. Les procédures amiables, davantage préventives et donc de fait moins inquiétantes, sont elles aussi en augmentation sur la même période : + 12 % pour les désignations de mandataires ad hoc (439) et + 27 % pour la conciliation (810). Ce qui laisse suggérer, de la part de l’OCED, une « meilleure anticipation des chefs d’entreprise », qui rappelle par ailleurs que « Les procédures amiables – mandat ad hoc et conciliation – sont utilisées en amont des procédures collectives pour négocier avec quelques créanciers. Ce sont des procédures confidentielles ».

Pour expliquer l’ensemble de ces données, l’Observatoire dresse un constat clair : « Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte de croissance modeste et d’incertitude géopolitique. », et spécifie aussi quelques facteurs négatifs comme un « déficit du commerce extérieur très élevé malgré un 6e trimestre consécutif de réduction de celui-ci », une « inflation toujours soutenue malgré un net ralentissement », et des « conditions de crédit toujours difficiles ». Autrement dit, la région parisienne est victime d’une réalité économique et financière qui la dépasse, ou du moins, qui ne la différencie en rien du reste du territoire.

Une situation inquiétante pas anormale

En effet, en desserrant la focale francilienne, on observe la même tendance négative sur l’ensemble du territoire national comme le prouvent les chiffres de l’INSEE ou ceux de la Banque de France. « À fin avril, le nombre provisoire de défaillances cumulé sur les douze derniers mois atteint 59 772 », en hausse de 29 % sur un an, indique à ce sujet l’institution dans une récente publication. Une progression qui tient, estime la Banque de France, « à un double effet » : « Le rattrapage du « retard de défaillances » observé pendant la période Covid (près de 50 000 défaillances en moins sur la période 2020-2023) » et « Le ralentissement actuel de l’économie, même si la croissance reste positive à 0,8 % attendu en 2024 ».

Dans ce contexte, faut-il s’inquiéter pour l’avenir et le reste de l’année ? Si 2024 devrait être assurément une année marquée du sceau de la défaillance, comme nous l’écrivions déjà il y a quelques semaines dans cet article, c’est avant tout une répercussion de la situation particulière observée lors de la crise Covid. Ainsi, comme le rappelle justement la Banque de France, « Ce niveau [de défaillance] est comparable au niveau moyen mesuré sur la période 2010-2019 », bien plus représentative que les années pandémiques et la mise à l’arrêt forcée de l’économie par les confinements.

Aussi, l’OCED dans sa note révèle « quelques éléments positifs » : la « progression de la consommation des ménages », le « reflux des difficultés d’approvisionnement », la « confiance des ménages en légère amélioration », ou encore la « hausse des créations d’entreprises au 1er trimestre 2024 », sont certains d’entre eux.

Une pointe d’optimisme qui ne devrait pas toutefois suffire à rassurer les salariés franciliens concernés par les ouvertures de procédure déjà enregistrées. « Les salariés ayant perdu immédiatement leur emploi du fait de la liquidation judiciaire de l’entreprise sont un peu plus de 7 900 sur les 12 derniers mois », détaille l’Observatoire. Un chiffre élevé, en hausse de 43 % sur un an, auquel il faut ajouter les 45 300 salariés menacés par l’issue incertaine des procédures de sauvegarde ou de redressement judiciaire, et les près de 173 000 autres concernés par des procédures amiables.

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