Proposition de loi visant à simplifier l’accès des experts forestiers aux données cadastrales
Les experts forestiers, les organisations de producteurs du secteur forestier et les gestionnaires forestiers professionnels mènent des actions d’information à destination des propriétaires sur les possibilités de valorisation économique de leurs bois et forêts. Ce faisant, ils concourent aux actions reconnues d’intérêt général mentionnées au 1° et 5° de l’article L. 112‑1 du Code forestier, à savoir la protection et la mise en valeur des bois et forêts, le reboisement dans le cadre d’une gestion durable mais aussi la fixation et le stockage du dioxyde de carbone dans les bois et forêts et les produits fabriqués à partir de bois, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique.
Pour autant, selon certains parlementaires, ces actions d’information ne peuvent se faire que si les propriétaires des parcelles forestières sont clairement identifiés.
La matrice cadastrale est le seul instrument qui permette d’identifier les propriétaires des bois et forêts. Or la forêt française est extrêmement morcelée et le nombre de propriétaires peut être important sur une surface réduite. Ainsi, en identifiant les propriétaires en forêt privée, les opérateurs économiques pourraient proposer d’effectuer l’exploitation de parcelles contigües qui, prises individuellement, sont trop petites pour avoir de l’intérêt. L’extrême morcellement de la forêt privée est considéré comme un frein majeur à la mobilisation du bois en France. À défaut de régler le problème de la propriété, l’exploitation simultanée de plusieurs parcelles forestières proches en limite les effets. Pour ces parlementaires, cette démarche contribuerait donc à développer la production de bois.
Les professionnels forestiers, précédemment évoqués, sont toutefois limités par une restriction du nombre de demandes qu’ils peuvent adresser à l’administration fiscale pour accéder aux données cadastrales relatives aux propriétés inscrites en nature de bois et forêts.
C’est la raison pour laquelle la loi n° 2014‑1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt avait instauré en son article 94 une habilitation temporaire de trois ans visant à permettre aux experts forestiers d’accéder, sans limitation du nombre de demandes, aux informations cadastrales situées dans le périmètre géographique d’exercice de leurs missions, établissant ainsi une exception au principe du secret fiscal au bénéfice des acteurs de la filière bois. Les experts forestiers ont ainsi pu, temporairement, bénéficier d’un accès simplifié au même titre que d’autres professions réglementées telles que les géomètres‑experts et les notaires.
Ce dispositif a permis de favoriser l’entretien et l’exploitation des ressources forestières dans le cadre d’une gestion durable.
La fin de cette période d’habilitation a fait ressurgir les difficultés d’accès aux données cadastrales.
Une proposition de loi prévoit ainsi de pérenniser cette habilitation au sein d’un véhicule législatif dédié pour répondre à la demande exprimée unanimement par la profession. Elle reprend les mêmes termes que ceux de l’article voté pendant le projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique qui qualifié de cavalier législatif par le Conseil constitutionnel dans sa décision n° 2020-807 DC rendue le 3 décembre 2020, n’a pas été promulgué.
Cette proposition de loi a été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale le jeudi 28 janvier 2021 puis renvoyée à la Commission des affaires économiques.
Sources :