Bilan 2020 positif pour l’immobilier en France et la région parisienne dans un contexte inédit
La crise du Covid-19 a fait naître un désir de verdure et d’espace chez les acquéreurs. En Île-de-France, les prix des maisons poursuivent leur progression.
Sur le fond, rien ne change vraiment pour le marché immobilier. Malgré 9 mois de crise, les prix restent irrémédiablement à la hausse : + 4,2 % en un an pour les maisons anciennes et + 6,5 % pour les appartements anciens, selon les chiffres nationaux dévoilés le 10 décembre dernier par le Conseil supérieur du notariat. Mais c’est dans les détails, paraît-il, que se cache le diable. Si le volume des ventes a légèrement baissé (- 5 %) du fait de la mise à l’arrêt forcée du marché, au printemps dernier, pour s’établir légèrement sous la barre du million de transactions, c’est davantage l’évolution géographique des achats, portée par les acquéreurs franciliens, et la typologie des biens recherchés qui permettent d’appréhender une nouvelle tendance pour le marché résidentiel.
Prédominance des acheteurs franciliens en province
Une envie de verdure et de plus d’espace pour les Franciliens, disait-on à la fin du premier confinement. Ce qui relevait alors de la supposition se confirme en cette fin d’année. Sur les 9 premiers mois de l’année 2020, la part des acquéreurs locaux a baissé de 3 % en Normandie, comparé à l’an passé, et de 2 % en Centre-Val de Loire et en Bourgogne-France-Comté. Un coup d’œil rapide à la carte de France suffit pour constater que ces régions sont limitrophes de la région parisienne. Le détail départemental précise la tendance. Dans le département de l’Yonne, par exemple, 27 % des acheteurs d’une maison en 2020 étaient Franciliens. Un chiffre en hausse de 9 points en une année. Dans l’Eure et l’Orne, les acquéreurs originaires de la région capitale représentent, respectivement, 22 et 21 % des acheteurs. Soit un bond de 6 points par rapport à 2019. « Il est certain que les Franciliens ont essayé d’y acquérir soit une résidence secondaire, soit un deuxième lieu de vie. C’est vraiment un changement d’état d’esprit », précise Élodie Frémont, membre de la commission des statistiques immobilières des notaires du Grand Paris, elle-même notaire à Paris.
Un changement qui se traduit logiquement dans le coût d’acquisition d’une maison : + 6,1 % en un an en province, et + 5,8 % en Île-de-France. Les premières estimations des notaires parisiens pour 2021 montrent d’ailleurs une accélération du phénomène. Pour eux, « le marché de la maison fait cavalier seul », avec une hausse prévue de leur coût d’achat, fin janvier 2021, de 1 % par rapport au trimestre précédent. Durant la même période, le prix des appartements devrait baisser de 0,8 %. Un fait assez rare pour être souligné et qui valide le mouvement perçu – quoique léger – du marché francilien vers la banlieue.
Si chère Paris
Sommes-nous dès lors à l’aube d’un bouleversement tant conjecturé par le passé ? Rien n’est moins sûr. Les fondements d’un marché, si bien établi, ne peuvent changer en quelques mois. Ainsi, Paris reste sur une autre planète.
Pour devenir propriétaire d’un seul mètre carré parisien, il faut débourser 10 640 € (+ 7,6 % en un an). Soit deux fois plus qu’à Lyon où il faut là débourser 4 770 € (+ 10,6 %), deuxième ville la plus onéreuse de France, et trois fois plus qu’à Nantes avec un prix du mètre carré à 3 580 € (+ 13,2 %), cinquième ville du même classement. Aussi, selon les notaire de France, un acheteur, doté d’un budget de 300 000 €, désirant s’installer dans la capitale n’aurait accès qu’à un studio dans le XVe arrondissement de Paris. Le même montant lui permettrait d’acquérir un trois-pièces à Bordeaux, ou un quatre-pièces à Montpellier.
Pour le Conseil supérieur du notariat, la robustesse du marché immobilier cette année prouve « l’appétence des Français pour la pierre » et conforte la perception qu’ils en ont en valeur refuge. Mais les professionnels s’inquiètent. Qu’en sera-t-il l’an prochain si la crise se poursuit sur les premiers mois de 2021 lorsque les effets économiques et sociaux se feront réellement sentir ? Le marché résidentiel ne pourrait certainement pas résister à une deuxième année de crise.