Val d'Oise (95)

Grande couronne : la montée en puissance de la foncière Île-de-France Investissements et Territoires

Publié le 17/03/2022

Créée durant l’été 2020, et pensée comme un outil du Plan de relance par la région Île-de-France, la société d’économie mixte (SEM) Île-de-France Investissements et Territoires entame son deuxième exercice. La SEM qui intervient en soutien des acteurs publics et privés de l’immobilier d’activité « en moyenne et en grande couronne », vient également de créer une filiale pour épauler le tourisme francilien : « Nous répondons à une demande forte du marché dans le contexte actuel », explique Olivier Pagezy, le directeur général de la structure.

Actu-Juridique : Quelles sont les missions de la SEM Île-de-France Investissements et Territoires ?

Olivier Pagezy : Île-de-France Investissements et Territoires est une foncière parapublique, c’est-à-dire disposant d’actionnaires publics et privés ayant une mission d’intérêt général. Elle associe le Conseil régional d’Île-de-France, la Banque des territoires, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, la Caisse d’Épargne Île-de-France ainsi que le Crédit mutuel Arkéa. Cette société d’économie mixte a été créée, au printemps 2020, dans le cadre du Plan de relance déployé par la Région Île-de-France pour soutenir l’activité.

Île-de-France Investissements et Territoires répond à trois objectifs. Le premier est de lutter contre les inégalités territoriales dans la région qui se sont malheureusement renforcées durant la crise et qui ont fragilisé, encore davantage, certains territoires en difficulté. Le deuxième objectif est de compléter l’intervention des investisseurs immobiliers, en moyenne et grande couronne, où ils se rendent naturellement moins, ainsi que sur des actifs qui ne sont pas considérés comme « classiques » ou « core ». Ainsi, nous excluons l’acquisition de bureaux, d’entrepôts logistiques ou de commerces pour nous concentrer sur des actifs hybrides avec des bureaux liés à des locaux industriels ou d’activité ou sur des actifs correspondant aux nouvelles tendances dans l’organisation du travail : tiers lieux, espaces de coworking, pépinières, incubateurs, parcs d’activité serviciels. Par ailleurs, nous intervenons dans le domaine de la santé avec la construction de maisons ou de centres de santé pluridisciplinaires visant à lutter contre les déserts médicaux dans la région. En effet, de nombreux territoires font face à une démographie vieillissante ainsi qu’à une carence importante de l’offre des praticiens.

Enfin, nous intervenons dans le domaine du tourisme. En effet, notre dernière et nouvelle mission consiste en la création d’une filiale dédiée à ce type d’actif immobilier. Il s’agit d’un secteur stratégique pour l’économie francilienne qui a été très impacté par la crise, ces deux dernières années. Notre intervention permet donc de remettre à niveau du patrimoine pour des hébergements ou des équipements existants et de lancer de nouveaux projets ayant plus de mal à sortir, dans le contexte actuel. Nous avons décidé de créer une filiale dédiée au regard de la spécificité de ces actifs immobiliers et nous cherchons à ouvrir le capital à des actionnaires qui ne sont pas déjà actionnaires de la SEM.

AJ : Concrètement, quelles sont vos modalités d’intervention ? Vous contentez-vous d’acquérir les terrains ?

O.P. : Non, pas seulement. Nous pouvons reprendre des actifs existants, souvent vieillissants, pour les réhabiliter et les transformer. Nous sommes de plus en plus sollicités pour participer à des opérations de requalification de sites complexes ou de friches industrielles. Nous pouvons également construire de nouveaux bâtiments afin de les louer à des entreprises, déjà installées dans la région et qui souhaitent s’y réimplanter, ou qui souhaitent s’y installer pour la première fois. Dans ces cas-là, nous sommes rarement maîtres d’ouvrages et nous avons recours à des contrats de promotion immobilière (CPI) ou à des contrats de vente en état futur d’achèvement (VEFA). Le dernier cas de figure renvoie au co-investissement : nous complétons des tours de table sur des opérations immobilières plus conséquentes (plus de 5 millions d’euros) qui contribuent à l’attractivité d’un territoire. Ainsi, nous souhaitons investir environ 200 millions d’euros d’ici 2025, avec un objectif de fonds propres d’environ 30 millions d’euros.

AJ : Votre action se concentre-t-elle uniquement en moyenne et grande couronne ?

O.P. : En grande partie oui, puisque ce sont ces territoires qui manquent le plus d’investisseurs quant à l’immobilier d’entreprise. Nous comblons donc une insuffisance du marché et nous contribuons à des projets à fort impact pour le développement économique. Nous pouvons également intervenir en petite couronne dans des territoires prioritaires et reconnus par des dispositifs nationaux : le plan « Action cœur de ville », les quartiers prioritaires de la politique de la ville, l’initiative « Territoires d’industrie » ou des projets lauréats du Programme d’investissements d’avenir. La région Île-de-France a également défini des « zones de reconquête économique » qui seront prioritaires dans nos investissements.

AJ : Combien d’opérations immobilières avez-vous déjà menées ?

O.P. : Depuis le premier conseil d’administration de la société, en juillet 2020, nous avons engagé huit opérations, dont quatre déjà en portefeuille et quatre sous promesse. D’ici l’été prochain, nous devrions avoir une quinzaine d’opérations en portefeuille ou sous promesse. Autant dire que la croissance de notre activité est soutenue.

Nous avons mené notre première opération au printemps dernier avec l’acquisition des murs et le réaménagement du loyer de la société Lewis Industrie, leader français de la tôlerie industrielle implanté à Nemours, en Seine-et-Marne. Cette action, réalisée en partenariat avec les collectivités locales, a permis à l’entreprise de sortir de la procédure de redressement judiciaire dans laquelle elle se trouvait et de maintenir une soixantaine d’emplois sur le territoire avec plusieurs emplois industriels relocalisés. Plus récemment, nous avons signé une opération en co-investissement avec la foncière SOREMI pour l’acquisition à Pontoise, dans le Val-d’Oise, d’un parc d’activité. Ce parc, qui joue un rôle moteur dans la vie économique de l’agglomération de Cergy-Pontoise bénéficiera de travaux de rénovation importants, sur plus de 12 000 m², et permettra d’accueillir de nouvelles entreprises, avec une offre de services à forte valeur ajoutée.

Dans le domaine de la santé, nous avons signé une convention de partenariat avec deux communes, Soignolles-en-Brie et Champeaux, en Seine-et-Marne pour la construction de deux maisons de santé, d’ici 2024. Dans ces communes, la présence médicale est largement inférieure à la moyenne départementale et régionale.

AJ : Quelles seront les activités concrètes de votre nouvelle filiale dédiée au tourisme ?

O.P. : La création de cette filiale a été approuvée lors de la séance du Conseil régional du 14 décembre dernier et l’immatriculation est en cours. Ainsi, nous avons déjà identifié une quinzaine de projets qui pourraient être soutenus, notamment quant à de l’hébergement touristique dans les territoires qui en manquent. Cette filiale interviendra également sur des équipements, des lieux culturels ou d’autres types d’infrastructures. C’est le cas, par exemple, du premier projet que nous avons signé : la construction d’un port fluvial à Cormeilles-en-Parisis, dans le Val d’Oise. Au total, nous devrions signer cinq projets, cette année, dans le secteur du tourisme.

X