Camille Claudel, de l’ascension à la chute
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Quatre femmes remarquables. La première est Camille Claudel, l’une des sculptrices les plus exceptionnelles de son temps… de tous les temps, dont la vie dramatique ajoute à la fascination. Expositions, livres, films, pièces de théâtre se succèdent avec plus ou moins de bonheur et Wendy Beckett, artiste australienne de renommée internationale, pas encore assez connue en France, nous donne sa version singulière de ce destin tourmenté.
Particulièrement féconde, elle a écrit 25 pièces, signé une quarantaine de mises en scène, ajoutant à son palmarès des études plus académiques et des biographies. Rien d’étonnant à ce que Camille Claudel, cette « icône », ce « symbole pour les artistes féminines » l’ait séduite. Son texte plutôt classique suit la vie de l’artiste depuis sa première rencontre avec Auguste Rodin jusqu’à sa mort en 1943. Elle s’est attachée à mettre en valeur la sensiblité exacerbée de la jeune femme, son caractère de rebelle, d’insoumise en réaction contre l’incompréhension et l’injustice de son entourage. D’entrée de jeu, son insoumission et sa révolte éclatent alors qu’elle sort à peine de l’adolescence et cette tension jamais ne faiblira durant les deux heures de la représentation, sauf à de rares moments de bonheurs précaires qui demeurent violents et passionnés. La douceur est absente, tout autant que la trève.
Ce qui fait de ce spectacle un grand moment de théâtre c’est une mise en scène parfaitement maîtrisée à partir d’un ensemble de tableaux souvent en clair obscur où les œuvres de l’artiste occupent une place centrale. Des œuvres en mouvement car il a été demandé à la troisième femme remarquable, la chorégraphe australienne Meryl Tankard, d’accompagner le récit de la vie de l’artiste par ses œuvres en cours de création. Ayant longtemps travaillé aux côtés de Pina Bausch au Wuppertal Dance Theatre, Meryl Tankard, a été sollicitée par les plus grandes scènes d’Europe et des États-Unis avant de revenir en Australie où elle a dirigé l’Australian dance Theatre pendant plusieurs années. À partir de mouvements lents et minimalistes et d’une « immense attention aux détails » comme celle d’un peintre ou d’un sculpteur, elle entraîne un danseur et deux danseuses à composer et recomposer les sculptures de l’artiste qui se figent un instant puis se renouvellent comme l’œuvre en cours de création. Un soin particulier est apporté à la scénographie, les projections, les lumières. Le spectateur est captif.
La quatrième femme remarquable est Célia Catalifo qui donne au personnage de Camille Claudel une intensité très forte, passionnée, émouvante, combattant le destin et ses injustices avec panache. Elle montre bien la fragilité du personnage, si forte par ailleurs, mais incapable d’échapper à trop de méchanceté, veulerie, lâcheté et à un internement de 30 ans emmurée vivante. Elle eut le destin de ces génies morts jeunes dont l’œuvre immense qui leur survit. Les autres comédiens sont à la hauteur, comme Swan Demarsan, qui campe un Auguste Rodin plutôt sympathique en dépit des lâchetés, à l’image du jeune frère Paul Claudel joué par Clovis Fouin.
Longtemps les statues de chair en mouvement de Camille resteront dans les mémoires des spectateurs.