Des contes du jour de l’an

Publié le 29/12/2021

Gravure aquarellée de Compte-Calix.

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Charles Monselet (1825-1888) fut l’un des premiers chroniqueurs gastronomiques. Il n’en était pas moins observateur de son temps et de ses acteurs. Il notait dans sa Lorgnette littéraire : dictionnaire de grands et des petits auteurs de mon temps (Poulet-Malassis, 1857) : « Les gens de Lettres peuvent se partager en deux classes : ceux qui ont l’air de tout le monde et ceux qui ont l’air de ce qu’ils sont. Monsieur Léo Lespès appartient à cette seconde classe. Ses cheveux ne connaissent point de règle ; il est couvert d’une sorte de manteau où courent les passementeries et les brandebourgs les plus arbitraires ; il porte des breloques et des graines rouges d’Amérique : cela le regarde. Ceux qui ne l’ont pas vu, le tiennent pour un vif esprit, très observateur, très pratique… ». Ce Léo Lespès (1815-1875), dont le vrai prénom était Napoléon, est qualifié dans les dictionnaires biographiques de « journaliste, littérateur ». Il l’était assurément lorsque l’on considère sa bibliographie. On dit qu’il était « doué d’une imagination vive et d’une extrême facilité » et qu’il « écrivit une quantité d’articles de fantaisie, de nouvelles et de romans ». Parmi ceux-là, on cite son meilleur Les Esprits de l’âtre en 1848. Un titre, pourtant, est absent de sa liste. Il s’agit des Contes du jour de l’an pour 1852. Cet ouvrage est orné de 16 gravures aquarellées représentant des personnages en costume folklorique par Compte-Calix (François Claudius, 1813-1880), un illustrateur de mode. La page de titre comporte une flamme indiquant que l’ouvrage contient des : « Contes – Nouvelles – Apologies – Histoires – Légendes – Fables ». Ce recueil de 33 contes, histoires, légendes et autres fables comprend en effet notamment des imitations de Perrault : Un petit-fils du Petit-Poucet, Cendrillon dans son ménage, une page des Mémoires du Petit-Chaperon-Rouge, La Belle aux yeux d’émail, etc. Mais il n’y est à aucun moment question du jour de l’an. Cet ouvrage a connu une réédition l’année suivante ; la mention « Pour 1852 » n’y figure pas. Le dernier exemplaire, que nous avons vu passer en ventes, a été adjugé 476 € par la maison Binoche & Giquello, le 5 juin 2020. La reliure de Gruel en chagrin violet orné dans le goût du XVIe siècle, aux armes de la maison de Savoie, quoiqu’un peu passée justifie son prix. Un autre exemplaire a obtenu 110 €, à Drouot, le 11 juin 2007 chez Baron Ribeyre.

Il y a quelques jours, le 25 novembre 2021, lors de la dispersion de la bibliothèque Pierre Collin, un exemplaire du Livre de beauté (Le). Keepsake pour 1854, par Léo Lespès, illustré de treize gravures sur acier, a été présenté par la maison Pierre Bergé & Associés, avec une estimation de 300/400 €. Cette édition mentionne dans sa page de titre à propos de Lespès : « Auteur des Contes du Jour de l’an ». Un moyen pour présenter ses vœux !

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