Dialogue Calder (1898-1976) – Picasso (1881-1973)

Publié le 28/01/2020

Dialogue Calder (1898-1976) – Picasso (1881-1973)

Calder, Picasso, deux figures majeures de l’art contemporain ; ils sont chacun peintre et sculpteur et leur œuvre symbolise le renouveau de la création, une union parfois insolite entre figuration et abstraction.

Le musée Picasso évoque leur proximité mais aussi leur démarche personnelle pour explorer le vide dans un intéressant face à face. Loin de la tyrannie des traditions, ils ont forgé un art insolite parfois, aux valeurs plastiques et synthétiques ; ainsi, par leurs recherches, ils ont évolué de la figuration vers l’abstraction. Calder demeure sans doute celui qui a voulu donner un sens au vide. Picasso refuse également l’illusionnisme figuratif, préférant de nouveaux rapports de la forme avec l’espace que l’on retrouve dans sa peinture cubiste. Peu à peu, il va vers plus de synthèse et réalise des structures en bois, tôle ou carton.

Ces deux artistes se connaissent, échangent entre eux. En 1931, Calder, qui voyage à Paris dès 1926, conçoit des sculptures légères, évidées, réduites à leurs contours en un assemblage de formes abstraites que Marcel Duchamp baptise « mobile », un nom qui demeure ; il sculpte la forme dans l’espace. Œuvres colorées parfois, abstraites que Picasso découvre à la galerie Percier en 1932, comme Croisière sphérique, des créations tout à la fois fragiles et solides. Intéressé par cette légèreté donnée par le vide, Picasso crée des compositions en fil de fer fin et épais, conjuguant solidité et fragilité.

Du sculpteur américain, une Joséphine Baker en fil de fer si expressive, vivante et cependant juste esquissée : dès cette époque, Calder s’éloigne de la figuration avec des compositions plus légères. Comment traduire l’expression par le vide ? Voilà sa recherche.

Peintures et sculptures figurent à cette exposition, permettant de constater des analogies entre elles. Chez Picasso, Femme au fauteuil rouge et Tête de femme se rapprochent par le traitement du volume. Calder, quant à lui, explore toujours des voies nouvelles vers le milieu des années 30 ; il réalise des peintures bidimensionnelles en mouvement exécutées en divers matériaux.

C’est toujours le même émerveillement devant Tête de taureau, une création audacieuse ; Picasso associe guidon et selle de bicyclette, les métamorphose en sculpture.

L’exposition s’intéresse aussi à l’atelier, lieu de réflexion, de création, lieu intime. Les peintures de ces deux artistes révèlent le cœur de cet endroit, peuplé d’objets nécessaires à la peinture chez Calder ; plus sobre, Picasso propose une toile vierge, symbole d’une création future.

Les compositions de ces créateurs, révolutionnaires à leur époque apparaissent encore contemporaines.

LPA 28 Jan. 2020, n° 147f6, p.23

Référence : LPA 28 Jan. 2020, n° 147f6, p.23

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