Hammershoi, le maître de la peinture danoise

Publié le 21/03/2019

Musée Jacquemart-André

Wilhelm Hammershoi (1864-1916) n’était pas dans les débats de son époque, et il demeura en marge de l’enseignement académique.

Il s’y opposa même.

Il est au Danemark ce que Giorgio Morandi est à l’Italie ou Balthus à la France ; non des peintres hors du temps, mais résolument à contre-courant.

En 1882, après avoir passé trois ans à l’Académie royale des Beaux-Arts de Copenhague, Wilhelm Hammershoi décida de poursuivre ses études dans l’atelier du peintre Peder Severin Kroyer.

Il se rendra à Paris, en 1889, pour l’Exposition universelle, où quatre de ses peintures furent exposées. L’année suivante, il fut écarté par les milieux officiels ; il créa alors une société d’artistes indépendants qui proposa à Copenhague des expositions saluées par le critique français Théodore Duret puis par Rainer Maria Rilke.

Le peintre fut découvert en France lors d’une exposition au musée du Petit Palais à Paris, en 1987, puis à celle du musée d’Orsay, en 1997. Le peintre danois avait alors fasciné les visiteurs par ses peintures insolites, étrangement silencieuses… des atmosphères de quasi-rêverie. Des mises en scène qui voisinent avec le symbolisme.

Les peintures d’Hammershoi représentent généralement des intérieurs peu meublés mais subtils, sans ornement. Elles montrent son environnement quotidien, les membres de sa famille et ses amis proches.

La représentation humaine chez le peintre se limite donc à sa mère, sa sœur, son frère et sa femme. Souvent de dos, ses modèles sont placés dans une atmosphère presque monacale, dans une gamme de gris et de blancs.

Nous serons peut-être déroutés par cette impression de vide qu’elle montre, qui faisait certainement écho pour le peintre à sa volonté de fuir la société.

Des historiens de l’art ont quelquefois fait le rapprochement des atmosphères d’Hammershoi avec les ambiances de Johannes Vermeer ou celle d’Edward Hopper, où les figures sont également silencieuses, statiques, soumises à des espaces rectilignes.

Pour ses paysages, Hammershoi employa les couleurs conditionnées par la lumière de son pays, où le ciel prend plus de la moitié du tableau. Ils ont un caractère particulier, presque lessivés, dans des tons de verts grisés, sur des fonds de ciel gris ou tout juste bleutés. Les autres éléments des paysages sont dans des teintes sombres.

Quant à ses thèmes architecturaux, ce sont des bâtiments, des palais ou des façades, réalisés à partir de photographies, pour la plupart, souvent des endroits du quartier de Christianshavn, où Hammershoi s’installa en 1898.

Wilhelm Hammershoi avait un tempérament qualifié de taciturne, peut-être tout simplement mélancolique. Hammershoi reproduisit dans ses peintures un monde à son image, et ce monde est très dépouillé, baigné de silence, qui n’est pas pesant, mais surprenant.

C’est un monde solitaire, mystérieux, d’une rêverie infinie, qui nous invite pour un moment à nous démarquer de l’effervescence de notre quotidien dans les villes d’aujourd’hui.

L’exposition aborde la peinture de Wilhelm Hammershoi dans une perspective qui le relie à des artistes de son entourage.

Elle fait confronter son œuvre avec des peintures de son frère Svend Hammershoi, de son beau-frère Peter Ilsted et de son ami Carl Holsoe.

Des peintures majeures montrant les facettes de son travail, des premiers portraits aux nus, des vues d’architecture aux paysages, et les scènes d’intérieurs.

LPA 21 Mar. 2019, n° 143p4, p.15

Référence : LPA 21 Mar. 2019, n° 143p4, p.15

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