Le premier conte de Noël

Publié le 22/12/2021

Toute la légende du Père Noël est contenue dans le texte de C.C Moore : le traineau, les huit rennes…

aerynrei/AdobeStock

Jusqu’à une période récente, c’est-à-dire avant le XIXe siècle, les ouvrages consacrés à Noël étaient des recueils de cantiques et de chansons populaires. Ceux-là ont été recueillis par le libraire Alexis Socard (1815-1877), sous le titre complet de Noëls & cantiques imprimés à Troyes depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours, « avec des notes bibliographiques sur les imprimeurs troyens. Ouvrage orné de 20 gravures originales, avec la musique de plusieurs airs ». Selon cet auteur, les plus anciens noëls que nous connaissons datent du commencement du XVIe siècle. L’intention d’Alexis Socard était de faire revivre et sauver de l’oubli les « noëls ». Nulle part dans son ouvrage, il ne fait référence aux contes de Noël. Il aurait pu citer La Petites filles aux allumettes d’Andersen et A Christmas Carol de Charles Dickens. Le premier a été publié en 1837, et en français en 1848 ; le second en 1843, et en français en 1857. Le genre du « conte de Noël » ne s’était pas encore imposé dans les Lettres.

Il semblerait que le premier parmi tous les écrivains connus à avoir écrit un conte de Noël, serait Clement Clarke Moore (1779-1863), un poète américain, professeur de théologie et de littérature grecque et orientale. On rapporte qu’il aurait écrit entre 1821 et 1822 un poème intitulé : A Visit from St. Nicholas, afin de distraire ses six enfants, pendant la soirée du réveillon de Noël. Cette histoire met en scène Saint Nicolas, après une promenade en traîneau. Toute la légende du Père Noël est contenue dans ce texte : le traineau, les huit rennes, le sac de jouets, la cheminée. C.C Moore n’avait, semble-t-il, pas envisagé de publier ce poème. Mais une amie, une certaine Miss Harriet, l’aurait copié et envoyé sans le consentement de l’auteur à Orville L. Holly, éditeur du journal local, le Troy Sentinel, qui l’a publié anonymement le 23 décembre 1823. Il fut dès lors régulièrement republié toujours anonymement, avec des illustrations.

Sept auteurs ont revendiqué la paternité de ce premier conte et parmi eux, Henry Livingston Junior (1748-1828), lui aussi poète. Pour commencer, Charles Fenno Hoffman, rédacteur en chef du The New-York Book of Poetry, attribua en 1837 le poème à son ami Clement Clarke Moore. Ce dernier inséra en 1844 son texte dans son recueil Poems. En 1859, les descendants d’Henry Livingston découvrirent cette paternité et assurèrent qu’ils avaient entendu entre 1804 et 1807, leur père leur raconter l’histoire de Saint Nicolas. Le poème aurait ensuite été entendu par une femme, devenue plus tard la gouvernante des enfants de Clement Clarke Moore, qui le leur aurait raconté. Si manuscrit original il y a eu, celui de Livingston aurait été détruit dans un incendie vers 1840. Ses descendants tentèrent de faire reconnaître sa paternité, mais apparemment sans succès. Saint Nicolas les a, lui et Moore, certainement accueillis sur son traineau pour le bonheur de Noël.

X