Les portraits de Jean Couty
Les miettes du dimanche, Jean Couty.
Musée Jean Couty
Jean Couty « portraitiste » ; la facette moins connue du travail de cet artiste, emblématique de l’École de Lyon, est présenté au musée qui lui est dédié, fondé par son fils en 2017. Il réunit une grande partie de son œuvre depuis ses débuts, dans les années 1930, jusqu’à sa mort en 1991.
Si ce peintre a abordé de nombreux sujets – vues de sa ville, chantiers, églises romanes, natures mortes – il fut aussi un superbe portraitiste.
De sa formation d’architecte, Jean Couty a conservé le goût de la construction ; l’on dit souvent de lui qu’il est un peintre bâtisseur, artisan autant qu’artiste. Son atelier était à Lyon, mais l’artiste a beaucoup voyagé. Il s’est imprégné de l’art flamand, italien, espagnol, conservant alors intacts sa personnalité, son regard.
Reconnu à Paris, où il exposait dans la galerie Katia Granoff, il a reçu entre autres le célèbre prix de la critique.
Artiste confirmé, il est resté discret. Devant la diversité de ses portraits, on est frappé par l’approche humaniste, révélatrice du caractère du modèle. En une écriture puissante à la géométrisation discrète de la forme et une matière le plus souvent généreuse, travaillée, ce peintre jamais complaisant transmet l’émotion, l’intime, la vérité d’un regard, en une figuration toute personnelle.
L’humain réside dans ses compositions, reflet du mystère de ces visages. Des portraits naturels, sans artifice, touchants par leur vérité.
Jean Couty a beaucoup peint sa famille, à ses débuts notamment, créant ainsi des œuvres émouvantes, sincères : ses parents et sa sœur apparaissent assez classiques, même si percent déjà une singularité, une profondeur. Les mains souvent croisées sur les genoux, les modèlesen proie à leur réflexion… la palette sobre s’éclaire parfois d’un rouge.
Une vraie différence apparaît dans le portrait de sa sœur, peint en 1937 : elle se détache d’un fond lumineux, le regard vers le lointain.
Dix ans plus tard, elle est évoquée en des volumes stylisés, aux arêtes assez dures, les mains en pleine lumière, tout comme le visage un peu mystérieux ; l’artiste joue des contrastes.
Jean Couty réalise également des groupes, vivants, souvent empreints de réalisme : Le repos du père (1935). Vingt plus tard, il a évolué vers l’expressionnisme, avec Filles dans la rue, œuvre haute en couleurs, flamboyante.
Chez lui, la couleur crée le dessin, l’adoucit parfois ; il ne s’attache pas au détail, témoigne de son observation aiguë de l’être, de ses douleurs profondes, de ses questionnements et parfois de sa sérénité. L’authenticité est toujours présente dans une forme de rigueur voulue qui n’est pas rigidité.
Quelques paysages, tels un somptueux Coucher de soleil sur les quais (1980), la cathédrale Saint-Marc à Venise ou des scènes de campagne complètent l’exposition et révèlent le talent du peintre à exprimer son émotion contenue devant les êtres, la nature, les églises…