Un musée pour le peintre Jean Couty

Publié le 18/04/2017

Le chantier du métro, h/t 146 x 114 cm, 1972.

Musée Jean Couty

Jean Couty (1907-1991) est, avec Jacques Truphémus (dont peut voir actuellement une exposition à Yerres), l’une des figures marquantes de l’école de Lyon, née au milieu du XIXe siècle, réputée pour ses peintres paysagistes. Humaniste, cet artiste a souvent transcendé la réalité dans son art authentique.

Peintre prolifique, Jean Couty s’est intéressé aussi bien au paysage, scènes de genre, églises romanes, qu’aux portraits et natures mortes. Il a laissé une œuvre importante. Afin de conserver pleinement la mémoire de cette création, de la mettre en valeur, son fils Charles a décidé, soutenu par son épouse, de créer un musée dans le lieu où son père a vécu et travaillé toute sa vie : l’île Barbe à Lyon. En 2015, il a commencé la réhabilitation d’un bâtiment ancien, voisin de la maison familiale. Sobre et lumineux, le musée s’étend sur près de 800 m2 où les œuvres sont présentées dans un parcours chronologique et thématique.

Architecte de formation, Jean Couty a finalement, en 1933, préféré la peinture ; elle lui permettait d’évoquer au plus profond sa réflexion, ses sentiments, à travers diverses démarches figuratives, du réalisme à l’expressionnisme.

Dès l’entrée, le visiteur est confronté à de grands formats aux couleurs puissantes qui, pour certains, impressionnent par leurs formes abruptes, leur palette éblouissante. Chaque toile est construite comme maçonnée parfois, en une matière souvent nourrie, et c’est de la couleur que sourd la lumière. À la réalité se joint son imaginaire. Dans l’île Barbe, demeurent des vestiges romans qui ont marqué le peintre ; on retrouve cette influence dans les églises romanes notamment. Cette première salle donne un aperçu de la diversité de la création de Jean Couty qui, figuratif, n’hésite pas à n’utiliser que des tracés succincts, appuyés et expressifs, proches d’une abstraction qui schématise sans dénaturer. Mouvement, couleurs, lumière sont parfaitement rendus dans ces visions si vivantes de Lyon.

Cet art est porteur d’une admiration pour Titien et les grands peintres italiens, mais aussi héritier de Gustave Courbet dans son réalisme. Cependant, l’art de Jean Couty demeure éminemment personnel, habité d’humanité. Témoin de son temps il s’empare de sujets sociaux : les chantiers de la Défense ou de la Part-Dieu à Lyon où se découvrent son admiration, son respect pour ces ouvriers, ainsi Les maçons, vivants, puissants, qu’il peint dans leur vérité avec, ici et là, des empâtements. Il les évoque en volumes schématiques ; l’on apprécie cette vérité, cette solidité des personnages qui prennent des allures sculpturales. Il les évoque dans des rouges orangés ardents, verts dans de vastes compositions parfaitement ordonnées.

Lorsqu’il aborde le thème des églises romanes, le plus souvent, il en dévoile l’architecture sobre qui incite à la dévotion ; elles émergent de ciels rougeoyants fortement travaillés ou sous l’éclat de la lune. Dans ses paysages et natures mortes se retrouve la fougue colorée des fauves.

Au milieu des années 1930 il délaisse la couleur et s’exprime en tons de bruns ; les œuvres perdent alors de leur violence. Cette peinture « terrienne » fait place parfois à une belle finesse d’écriture avec Christilla en prière. Et l’on s’arrête devant La récréation ou Le Cercle de famille où le peu de perspective projette les personnages au premier plan. On admire aussi la retenue dans les portraits le plus souvent familiaux. Dans les paysages des années 1980, il reprend sa fougue colorée, son dynamisme et en un dessin simplifié exprime la spécificité des sites.

Dense, diverse, cette œuvre révèle un artiste engagé avec une dimension humaine, autant que sacrée.

LPA 18 Avr. 2017, n° 125x7, p.13

Référence : LPA 18 Avr. 2017, n° 125x7, p.13

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