Mère courage

Publié le 01/04/2021

Mère courage

Éditions de La Martinière

Les auteurs français continuent leur introspection de la famille. Après Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon, qui retrace l’histoire d’une filiation faite de non-dits et de secrets, le premier roman de Caroline Dorka-Fenech, Rosa dolorosa, paru aux Éditions de La Martinière, s’attache au portrait d’une mère, figure de la mère courage…

Dans ce roman, Rosa vit avec Lino dans un appartement du vieux Nice. Elle tient un restaurant, le Petit soleil, mais leur destin est sur le point de prendre un nouveau tournant avec la rénovation d’un hôtel 3 étoiles dont ils sont les propriétaires avec quelques investisseurs triés sur le volet.

Rosa est prête à se lancer dans cette nouvelle aventure avec son fils, qui a lui-même dessiné tous les plans de cet hôtel. Au milieu de la réception trônera un énorme aquarium qui recueillera douze méduses transparentes qui danseront dans ce bassin immaculé… Tout un symbole.

Mais le destin va s’emmêler et les beaux projets vont laisser place à une descente aux enfers.

Telle une tragédie grecque, Rosa et Lino vont devoir répondre de faits monstrueux : l’assassinat d’un enfant.

Vengeance, jalousie ou drame du quotidien, c’est dans les rues sinueuses du vieux Nice que nous emmène Caroline Dorka-Fenech à la découverte de ce drôle de couple mère/fils.

On ne peut pas s’empêcher de penser à Romain Gary et ses relations ambiguës avec sa mère, celle qui a cru en premier en lui et qui lui a promis un destin hors du commun, destin qu’il ne put s’empêcher de réaliser sans vraiment savoir si sa mère avait eu raison de placer tant d’espoirs en lui ou si toutes les mères faisaient ce vœu pieux…

L’amour de Rosa et Lino est inconditionnel. Ils sont prêts à tout affronter, à se protéger l’un l’autre. Il se dégage de ce roman un portrait d’une mère courageuse, qui se débat avec les certitudes des uns et des autres pour protéger son petit. Pourtant, cet amour inconditionnel est-il légitime ?

L’amour se passe de mots et c’est certainement ce qu’a voulu conter Caroline Dorka-Fenech dans ce roman, car on ressent une gêne, un malaise entre ces personnages, des non-dits plus puissants que tout. Il y a très peu de dialogues, les personnages sont présents l’un pour l’autre, mais finalement communiquent peu…

Ainsi, le personnage du fils n’est pas très attachant, la mère se débat pour l’innocenter, mais a-t-elle des doutes pour se mettre autant en danger… On suit le cheminement d’une mère dans la ville mais également son parcours psychologique. Comment d’un côté veut-elle sauver son fils mais aussi connaître la vérité et trouver le coupable de ce meurtre ? Car elle n’en reste pas moins mère et ressent en son sein la douleur de l’autre mère, celle de la victime…

Ce portrait de femme qui vit, qui aime et qui doute nous touche particulièrement, il s’inscrit dans le rôle de la mère prête à tout sacrifier pour son enfant au détriment de ses propres rêves, une mère courage qui ira jusqu’au bout de sa promesse.

LPA 01 Avr. 2021, n° 160g9, p.23

Référence : LPA 01 Avr. 2021, n° 160g9, p.23

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