À la recherche de ma mère
Gallimard
Il a fallu attendre longtemps, très longtemps – voire trop – pour qu’Éric Fottorino et les siens découvrent le lourd secret qui tenaillait leur mère, l’empêchant d’être heureuse et de vivre, tout simplement.
C’est par un dimanche de décembre, alors que ses trois fils sont réunis dans ce qui fut la maison familiale, au temps où ils étaient encore une famille, que Lina, la mère, se livre et dévoile le terrible secret qui lui a gâché la vie.
À compter de ce jour, Éric Fottorino remonte le temps et part à la recherche de celle qui l’a un jour enfanté, alors qu’elle n’avait que 17 ans !
De La Rochelle, en passant par Bordeaux, puis Nice, c’est le parcours, l’errance, de cette mère alors encore une enfant, une fille-mère, jeune et insouciante, qu’il cherche du quartier des Chartrons jusqu’à la promenade des Anglais… Tout est prétexte à retrouver des bribes de sa mère, et pourtant, elle est nulle part.
Plus de 40 ans sont passés par là, et les non-dits, les silences, ont brisé – à jamais ? – le lien qui aurait dû être indéfectible entre Lina et lui !
Cette quête identitaire, à travers laquelle Éric Fottorino tente de s’inscrire après avoir étudié dans ses précédents livres les relations qu’il a pu avoir avec son père naturel et son père adoptif, est la pièce manquante de cette histoire familiale.
Pourtant, si le roman est très bien écrit et que l’on prend plaisir à suivre l’auteur dans ses déambulations, le livre tourne assez vite en rond. Éric Fottorino ne sait rien de sa mère ; il ne l’a jamais questionnée, et leurs silences restent leur unique moyen de communication.
Des souvenirs remontent à la surface, des rencontres sont le prétexte pour s’interroger sur le sens de l’amour filial, cet amour ambivalent pour une mère libre, peut-être trop libre…
Le roman, au sous-titre évocateur : « Le roman de la mère », se perd vite dans les méandres du questionnement de l’auteur, pour se transformer en souvenirs liés aux conditions de sa naissance. Ces souvenirs tournent autour de son être et de son mal-être, comme le connaisseur de la petite reine qu’il est ! Se pose par ailleurs la question de la véracité du propos : est-ce un roman, quelle est la part autobiographique dans ce récit ? On s’interroge…
Et si ce livre avait un pouvoir cathartique ? Car il y a quelque chose proche de la psychanalyse dans ce roman : la rencontre avec un pédopsychiatre lors de son séjour à Nice est-elle vraiment fortuite ?
C’est dommage, car les qualités littéraires sont réelles mais on passe un peu à côté du sujet. Trop de pathos, de « je », et pas assez d’amour, finalement, envers cette femme qu’il finira par retrouver au fond d’un lit d’hôpital.
Mais pourquoi aura-t-il fallu attendre aussi longtemps et aller aussi loin pour finalement accepter d’aimer sa mère telle qu’elle est, avec ses failles et ses défauts ? Attendre d’arriver à une telle maturité pour enfin accepter celle qui vous a donné la vie, c’est beaucoup de chemin pour aimer tout simplement…