Comment te dire merci

Publié le 11/04/2019

JC Lattès

Quelles sont les personnes à qui vous avez vraiment dit merci dans votre vie ?

Quelles sont les personnes qui ont vraiment compté pour vous ? Avez-vous eu le temps de les remercier, comme cela, pour rien, d’être là, d’être eux-mêmes ?

C’est à cette question que tente de répondre Delphine de Vigan dans son dernier roman, Les gratitudes.

Poursuivant son voyage intime et explorant les affres de notre vie contemporaine après Les Loyautés, l’auteur, sous la forme d’un conte moderne, nous parle de la vieillesse et des au revoir…

Car on le sait, la fin est inéluctable…

Ce roman à double voix, alternant entre celle de Marie, l’amie, et celle de Jérôme, le soignant, nous dévoile les derniers jours de Michka, Michèle Seld, photographe puis correctrice dans un magazine, qui après une vie bien remplie, va finir ses jours en Ehpad.

En effet, elle est seule, n’a ni mari, ni enfant, pour l’accompagner dans ses vieux jours, si ce n’est Marie, sa jeune voisine dont elle s’est occupée lorsque sa mère défaillante n’était pas en état de le faire.

Jérôme est l’orthophoniste de l’Ehpad dans lequel Michka a atterri. Une relation bienveillante va bientôt s’installer entre eux.

Il l’aime bien Jérôme, Michka. Elle n’aime pas trop faire ses exercices, mais elle aime qu’il se raconte…

Le quotidien dans cette maison pour « vieux » nous est dévoilé dans ce roman, la vie entre ces quatre murs qui vous fait aller de moins en moins bien.

Les rêves et les cauchemars se succèdent. D’ailleurs, elle fait de drôles de rêves, Michka, dans lesquels la directrice a toujours le mauvais rôle…

Sans concession, ce court récit nous dresse le portrait d’une femme vieillissante, qui perd la tête, comme diraient certains, et qui souffre d’aphasie.

Et ce sont surtout les mots qu’elle perd, Michka, ce qui donne l’occasion à l’auteur de jouer avec.

Delphine de Vigan s’amuse avec la langue, et ces contrepèteries sont les bienvenues : elles nous font sourire et apportent un peu de légèreté dans cette histoire pudique et touchante.

Une fois la dernière page tournée, n’oubliez pas de remercier les vivants, et pensez à dire merci à la vie et à ceux que vous aimez…

LPA 11 Avr. 2019, n° 144a9, p.16

Référence : LPA 11 Avr. 2019, n° 144a9, p.16

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