Les langues régionales et la construction de l’État en Europe
La problématique des langues régionales est d’autant plus délicate à saisir au sein d’une République, dont le récit peut notamment se faire par le prisme jacobin. À l’heure d’une éventuelle révision constitutionnelle qui devrait permettre à la notion de différenciation de pénétrer le texte suprême, il est pertinent de s’interroger sur les éléments qui font précisément, de la diversité, une richesse républicaine et non un élément à combattre. La question du traitement des langues régionales, au cœur d’un colloque qui s’est tenu en juin 2018 à l’université Toulouse Capitole, et dont les actes sont réunis dans le présent ouvrage, est de ceux-ci.
Comment, en Europe, les États considèrent-ils les langues régionales qui coexistent avec leurs langues nationales officielles ? Comment établir la frontière entre l’épanouissement et la sauvegarde ? Comment sauver une langue qui se meurt ? Par la permission ou la contrainte ? Dans la création de programmes scolaires bilingues ou la co-officialité ? Quels sont les modèles de reconnaissance possibles ? Dans quelle mesure ces revendications linguistiques pèsent-elles dans la rhétorique partisane ? Est-ce la question de la langue qui cristallise le plus les revendications dites identitaires, met le feu aux poudres des canons autonomistes et indépendantistes ? Existe-t-il, en Europe, une problématique commune de ce lien entre langues régionales et pouvoir étatique ou des multitudes si complexes qu’elles empêchent la comparaison rigoureuse ? Autant de questions que plusieurs auteurs venant d’horizons géographiques et disciplinaires différents, ont souhaité soulever dans cet ouvrage.