Pourquoi « Nantes, 1886 » ? Au mois d’octobre de cette année-là, la ville de Nantes organisa un grand salon de peinture, cour Saint-André, qui présentait des peintures, des dessins, des gravures et des sculptures : des œuvres académiques de Jean-Léon Gérôme, Jean-Jacques Henner ou de Luc-Olivier Merson côtoyaient l’avant-garde impressionniste avec des œuvres de Renoir, Sisley, Gauguin, Seurat, Guillaumin, Steven ou Rodin.
Ce salon interrogea la presse et la population qui y vint était en très grand nombre. Les visiteurs voulaient voir, avec curiosité, la modernité picturale qui faisait irruption dans leur ville. Mais ce fut un véritable scandale ! Les peintres impressionnistes déclenchèrent de multiples polémiques, tant dans la presse locale que parmi les citoyens, car ils donnaient à voir plus qu’une nouveauté : ils montraient une véritable rupture avec des scènes qui représentaient le quotidien et la façon de peindre adoptée par les peintres. Le choc fit date, et on se souvint longtemps de ce salon.
L’événement bouleversa donc les mentalités, mais principalement le goût des collectionneurs. Des particuliers achetèrent néanmoins des œuvres, de même que le musée de la ville, et cela malgré la forte appréhension d’un public qui se trouvait face à un art qu’il ne voulait pas reconnaître. Cependant, la peinture académique laissera progressivement la place à une peinture plus audacieuse et novatrice : celle qui répondait à son époque. L’ombre de Monet, qui séjournait alors à Belle-Île-en-Mer, planait sur le salon, et les impressionnistes, avec un certain sourire, regardaient et écoutaient les réactions.