Penser les liens sociaux en Amérique ibérique – Langages, expériences et temporalités (XVIe-XXIe siècles)

Publié le 26/02/2020

Le 19e congrès AHILA, du 1er au 4 septembre 2020, est organisé par le CRALMI (université Panthéon-Sorbonne, Paris 1) et l’UMR 8168 Mondes Américains. Sa thématique : penser les liens sociaux en Amérique ibérique, langages, expériences et temporalités.

De l’époque de la conquête et de la colonisation jusqu’à nos jours, les liens sociaux ont été extraordinairement intenses, complexes et conflictuels en Amérique ibérique.

Il est possible d’explorer le langage social de la solidarité et de la désunion, et de se demander comment, depuis la fin du XIXe siècle, les sciences sociales et la psychologie sociale ont oscillé entre discours, enquêtes et conceptualisations selon une tentative toujours renouvelée de rendre compte des spécificités, des pathologies et des adaptations de sociétés de plus en plus diversifiées. En tant qu’élément substantiel du lien social, la mémoire collective peut être abordée selon une perspective historiographique qui explore la diversité de ses motifs et de ses manifestations tout au long des cinq derniers siècles.

Durant toute l’époque coloniale et au-delà, la religion catholique, avec ses moines et ses prêtres, ses croyances, symboles et rites collectifs, ses confréries et ses hôpitaux, a généré des pratiques de vivre-ensemble et des expressions de syncrétisme, elle a également formulé des discours normatifs et elle a fait de la famille sacralisée le fondement de l’ordre social et politique.

Parallèlement, des acteurs d’origine sociale et ethnique très diverse se sont approprié le droit et la justice pour affronter la multitude de frictions, disputes et conflits de la vie quotidienne. Nombreuses ont été les révoltes surgissant d’identités et de revendications collectives contre d’autres groupes tout aussi solidaires, tandis que des esclaves fugitifs construisaient des communautés dont la marginalité ne les empêcha pas de produire des formes spécifiques de lien social.

Depuis le XIXe siècle, l’irruption de la modernité politique et l’avènement de l’individu, la diversification des économies, l’immigration européenne et asiatique, l’urbanisation et le processus de sécularisation ont profondément transformé autant le langage que les expériences du social. L’univers des relations de proximité s’est dissocié des échanges économiques. Le travail salarié et l’usine, les associations mutualistes et les syndicats ont surgi comme lieux d’interdépendance sociale. La « question sociale » s’est posée comme menace contre l’ordre social tandis que la radio, le cinéma, les sports créaient des images et des espaces inédits de solidarité et d’échange socio-culturel. Il convient de s’interroger sur le rôle joué par les moyens de communication les plus divers – et jusqu’aux plus actuels – dans la construction, le renouvellement et la préservation des liens sociaux.

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