Pascal-Pierre Ponson-Sacquard : « Le 94 est le premier département d’entraînement des athlètes » !

Publié le 30/10/2023

Val de Marne

Le Val-de-Marne n’accueillera « aucune » compétition lors des Jeux olympiques de Paris 2024 ! Mais le département, premier territoire d’accueil pour l’entraînement des athlètes, espère néanmoins bénéficier de l’événement. Le point avec Pascal-Pierre Ponson-Sacquard, président du Comité départemental olympique et sportif du Val-de-Marne.

Actu-Juridique : Le département du Val-de-Marne va-t-il quand même bénéficier des Jeux olympique Paris 2024 alors qu’aucune compétition n’y sera présente ?

Pascal-Pierre Ponson-Sacquard : En 2016, pour choisir les sites de compétition, le Comité d’organisation des Jeux olympiques a sollicité les différentes fédérations sportives olympiques, le conseil régional et les conseils départementaux. Il lui fallait des sites emblématiques, comme Versailles, mondialement connu pour l’équitation. Le Val-de-Marne est l’un des trois départements d’Île-de-France, avec l’Essonne et le Val d’Oise, qui n’accueillera pas de compétition, à l’exception du tracé d’une des épreuves de cyclisme qui passera par Vincennes et Nogent-sur-Marne. Il ne va donc pas bénéficier de la présence de sites de compétition olympique ou paralympique et n’aura pas ces retombées immédiates. Néanmoins, le public des Jeux va chercher à se loger à proximité des départements de Paris et de Seine-Saint-Denis. Le Val-de-Marne, comme toutes les régions d’Île-de-France, va mécaniquement bénéficier de retombées dans le domaine du tourisme, de l’hôtellerie et de l’hébergement. D’autre part, s’il n’est pas pourvu en centre de compétition, le 94 est en revanche le premier département d’entraînement des athlètes. Le département va donc tirer profit de l’accueil des athlètes et de leur staff dans les centres de préparation aux Jeux.

Actu-Juridique : Quels sont ces centres de préparation ?

Pascal-Pierre Ponson-Sacquard : L’objectif, pour les délégations étrangères et particulièrement celles qui ne sont pas européennes, est de venir plusieurs fois s’entraîner dans les conditions climatiques qui seront celles des Jeux de Paris. Les athlètes des délégations étrangères venant de loin ont besoin de s’habituer au climat de notre pays. Plusieurs territoires ont candidaté auprès du COJO pour obtenir une habilitation de Paris 2024. En mettant en exergue les installations sportives du département mais aussi les ressources dans le domaine de l’hôtellerie-restauration et les sites à visiter, le Val-de-Marne a obtenu une habilitation pour une trentaine de centres de préparation. Sur les partenariats conclus, il y a, par exemple, celui avec l’équipe japonaise de breakdance qui est venue s’entraîner au Centre national de danse contemporaine de la Briqueterie, à Vitry-sur-Seine, et a déjà prévu de revenir. L’équipe de judo du Japon a également signé un partenariat avec la ville de Sucy-en-Brie pour un stage d’une semaine de préparation. La ville a par ailleurs accueilli la délégation américaine de para-athlétisme qui venait s’entraîner une semaine en amont des épreuves de la Coupe du monde qui se tenait au stade Charléty au mois de juillet dernier.

Actu-Juridique : Le département s’illustre également par son nombre de champions…

Pascal-Pierre Ponson-Sacquard : Je lance parfois la boutade : « On n’a pas les sites, mais on a les champions ! » C’est vrai. Historiquement, déjà : Pierre de Courbertin, père de la refonte des Jeux, ramait au club d’aviron de Nogent-sur-Marne. Le Val-de-Marne est depuis lors un des principaux pourvoyeurs de médailles lors des compétitions sportives internationales, avec des athlètes emblématiques. Aux jeux de Tokyo, à l’été 2020, l’ouverture du compteur de médailles avait été faite par un athlète Val-de-Marnais, Luka Mkheidze en judo lié au département par un contrat d’image. Pour les Jeux paralympiques de 2021, c’est Marie Patouillet, une para-athlète en cyclisme, également en contrat d’image avec le département, qui avait remporté une première médaille. Ces performances sont le fruit d’un engagement fort des différents partenaires publics et des missions d’Éducation nationale qui visent à développer le sport pour tous. À titre d’exemple, le programme « 30 minutes d’activité physique quotidienne » dans les écoles, lancé à la rentrée 2020 dans le cadre des mesures d’héritage de Paris 2024, et généralisé depuis septembre 2022 dans les 36 250 écoles primaires du pays, a été expérimenté dans le Val-de-Marne. Dans le 94, nous avons commencé une collaboration avec la Chambre de commerce pour inciter des PME/TPE à appuyer financièrement des sportifs olympiques et paralympiques val-de-marnais lors des phases de qualification. Car, dans le système actuel, si les grands sportifs qui ont déjà des résultats arrivent à trouver des accompagnements financiers, beaucoup de sportifs de haut niveau ont des difficultés et doivent lancer des cagnottes en ligne pour financer leur entraînement.

Actu-Juridique : Qu’attendez-vous des Jeux olympiques pour le sport dans le département ?

Pascal-Pierre Ponson-Sacquard : Le département bénéficie déjà de nombreuses infrastructures. Nous avons la chance d’avoir des terrains de foot ou de rugby partout dans le département. Ensuite, nous avons des sports collectifs en gymnase ou à l’extérieur. Les clubs équestres sont bien représentés. Le parc de Choisy a accueilli la cérémonie d’ouverture des championnats d’Europe de wakeboard (du ski nautique sur câble, NDLR). Il y a aussi une offre concernant les disciplines émergentes, comme la breakdance, un sport en démonstration aux Jeux olympiques, ou l’escalade : le Val-de-Marne a la chance d’avoir un mur transportable qui peut être présent sur différents événements. J’espère donc bien sûr que le département pourra bénéficier d’équipements, mais surtout de plus de cohésion au sein des différentes disciplines. L’objectif est de développer une nation sportive. Les fédérations, et leurs représentants dans les comités départementaux, doivent se coordonner, s’associer, convaincre l’ensemble des disciplines qu’il est certes important d’accroître le nombre de licenciés de chacun des clubs, mais plus encore d’avoir une offre de pratiques complète et cohérente par rapport aux structures du département, afin que chacun puisse tester la discipline dans laquelle il a envie de s’engager.

Actu-Juridique : Quelle vision du sport portez-vous, en tant que représentant du mouvement sportif du département ?

Pascal-Pierre Ponson-Sacquard : Le sport est bon pour la santé mais doit aussi avoir une dimension citoyenne, fédérer les différentes populations : les personnes éloignées de l’emploi, les jeunes issus des quartiers de la ville, les primo arrivants et les réfugiés. J’aimerais aussi que soient développés le Comité handisport et le Comité sport adapté, qu’ils aient une plus grande ouverture et une meilleure visibilité pour permettre à tous de développer une discipline sportive. En tant que représentant des fédérations, mon rôle est de défendre les pratiques compétitives, mais je pense que la pratique sportive à titre de loisir est également importante.

Plan