Tribunal de Pontoise : « Je vais t’égorger ! »

Publié le 13/09/2024

Un homme a fait irruption chez son ex-compagne et a violemment agressé les deux femmes qui s’y trouvaient. Sous l’emprise de l’alcool, il n’a pas de souvenir. Ce lundi 2 septembre au tribunal de Pontoise, il est honteux.

Tribunal de Pontoise : « Je vais t’égorger ! »
Tribunal judiciaire de Pontoise (Photo : ©J. Mucchielli)

 Pascal, dans son box, affiche un air désolé. Il se présente avec politesse voire une déférence surjouée, presque obséquieuse, au tribunal de Pontoise qui le juge en comparution immédiate. C’est parce qu’il a honte.

Le 29 août, arrivant à Bessancourt aux abords de l’appartement en rez-de-chaussée de son ex-compagne, il attrape le chat qui dort sur le rebord d’une fenêtre voisine et le lance à l’intérieur ; c’est précisément la scène dont est témoin une voisine qui fumait sa cigarette à la fenêtre et le voit ensuite se diriger vers la porte pour sonner à l’interphone.

Son ex-compagne, Hortense, n’est pas là, mais l’une des deux amies qu’elle héberge répond. Elle se prend immédiatement une bordée d’injures. Il réussit à pénétrer dans l’appartement  (la présidente ne précise pas si elle lui a ouvert malgré les insultes ou s’il est entré autrement), et vocifère des insultes (« je baise tous vos mères) et menaces. L’amie qui n’a pas ouvert est assise sur une chaise, tétanisée. Il ramasse un pic à brochette qui séchait au bord de l’évier et se dirige vers elle, pointant le pic sous sa gorge : « Je vais t’égorger ! » avant de la frapper à la base du crâne.

« J’ai bien honte de moi »

La présidente lève les yeux vers Pascal qui fait la grimace. « On va faire une petite pause, vous vous en souvenez ?

— Non, mais ce que je peux dire c’est que j’ai bien honte de moi, ce n’est pas moi, cet homme.

— Vous avez des problèmes avec l’alcool ?

— Pas particulièrement, je me suis fait entraîner ce jour-là. J’ai honte de moi.

—Et les violences ?

— C’est inacceptable, j’ai honte de moi.

— Concrètement, si vous êtes quelqu’un de sympathique et que vous êtes capable de ça, ne faudrait-il pas prendre des décisions par rapport à l’alcool ?

— Oui carrément, ce jour-là j’ai été influencé, on m’a fait boire du rhum et j’ai pas l’habitude.

— Vous avez quel âge ?

— 50 ans.

— Vous êtes influençable ?

— Vous avez totalement raison. J’aurais dû dire non. »

« Elles ont ressenti quoi ces deux femmes ? »

La procureure lui demande : « Vous pensez qu’elles ont ressenti quoi ces deux femmes ?

— Je pense qu’elles ont dû vraiment avoir peur, c’est normal je peux le comprendre. »

Pascal et Hortense se sont séparés il y a peu, après cinq ans d’une relation qui n’avait jamais connu de violences. Pascal ne boit presque pas, et on sait désormais pourquoi, Hortense vient le confirmer : les rares fois où elle l’a vu un peu ivre, il agissait « bizarrement ».

« Alcool mauvais »

Ce jour-là, il venait récupérer son chien, qu’elle héberge depuis leur séparation en attendant qu’il trouve un logement approprié. A la barre, elle est désolée pour lui, insiste sur sa gentillesse et l’extrême rareté de ces épisodes de boisson. La présidente demande : « Vous connaissez l’expression « alcool mauvais » ?

— Oui, il l’a clairement. Mais il ne buvait quasiment pas. C’est quelqu’un de normal et gentil au quotidien.

— Méchant et violent quand il boit ?

— Non, mais il peut se laisser emporter.

— Avez-vous un avenir avec lui ?

— Après ce qu’il a fait, je suis déçue.

— Monsieur, voulez-vous réagir ?

— Je tenais à remercier Hortense pour mon chien.

— Ce n’est pas le sens de ma question.

— Je voudrais m’excuser auprès de la victime, et je suis prêt à payer ce qu’il y a à payer.

— Et sur l’alcool ?

— C’est de la faute du rhum.

— C’est le verre de rhum qui décide ?

— C’est de ma faute. »

Pascal a été condamné une fois, en 2011, pour des violences sur conjointe. Il était sous l’emprise de l’alcool. « Ça fait quoi de dormir 3 nuits en prison ?

— C’est très dur, ça m’a donné une très bonne leçon. »

Comme Pascal n’est pas alcoolique et qu’il est résolu à cesser sa consommation, la procureure ne requiert qu’un sursis simple : 10 mois pour ces actes d’une « violence inouïe ». L’avocate du prévenu souhaiterait simplement que le quantum soit revu à la baisse. Accordé : Pascal est condamné à 8 mois de prison avec sursis simple.

 

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