Tribunal de Pontoise : « Vous prenez du plaisir à regarder des petites filles se faire violer ? »

Publié le 24/07/2024

Un jeune homme de 23 ans comparaît devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour détention d’images à caractère pédopornographiques. Il dit regretter et avoir agi par curiosité, coincé dans une bulle virtuelle qui ne lui aurait pas permis de se rendre compte de la gravité des faits.

Tribunal de Pontoise : « Vous prenez du plaisir à regarder des petites filles se faire violer ? »
Tribunal de Pontoise (Photo : ©J. Mucchielli)

 L’association « point de contact » met à disposition des internautes différents outils leur permettant de signaler les contenus potentiellement illicites. Elle a signalé aux autorités un fichier compressé contenant trois vidéos. Il s’agit de trois séquences de la même scène pornographique mettant en scène une fille prépubère avec des hommes adultes. C’est une vidéo répertoriée dans la base de données internationale, connue des services de polices qui enquêtent sur les réseaux pédocriminels et qui traquent les contenus pédopornographiques pour retrouver ceux qui les mettent en ligne et ceux qui les téléchargent. Cette fois-ci ils ont cueilli Vincent, 23 ans, un technicien informatique accroc au porno depuis l’âge de 15 ans. Il attendait depuis le début de l’après-midi sur un banc du fond de la salle et s’avance à l’appel de son nom, secouer sa mèche blonde à la barre des prévenus. Vincent reconnaît les faits de détention d’images à caractère pédopornographiques (prévention du 3 octobre 2022 au 7 février 2024) ; il est venu pour « s’expliquer ».

« Les policiers disent que vous cherchiez du ’12 ans et plus’ »

Il dit d’abord à la présidente – qui juge son troisième dossier d’affilée sur la thématique des violences sexuelles faites aux enfants – que cela n’est « pas venu du jour au lendemain ». « J’ai fait des recherches pour du porno classique d’abord, puis je suis tombé sur la vidéo une fois, puis une autre fois.

— Vous en avez pensé quoi ?

— J’ai toujours eu beaucoup de remords.

— Ça vous arrivait de les regarder ?

— Très rarement. »

Pourtant, c’est sur un forum à « tendance pédopornographique » que Vincent a trouvé les liens qui lui ont permis de télécharger ces fichiers. La présidente demande s’il se masturbait, il répond « Non, mais c’est quand même arrivé.

— Les policiers disent que vous cherchiez du ’12 ans et plus’.

— Oui, j’ai quand même mes limites.

— Vous analysez les choses comment ?

— C’est débile.

— Vous consultez du porno ?

— Tous les deux jours.

— Vous pensez que vous avez une addiction ?

— Oui, j’en ai parlé à un psy.

« Un truc en moi me disait que c’était pas vraiment réel »

— Vous prenez du plaisir à les regarder dans des mises en scène sexualisées, est-ce que dans votre vraie vie, vous avez eu des attirances pour des enfants de votre entourage ?

— Jamais.

— Comment vous expliquez cette distinction ?

— C’était une petite bulle. Un truc en moi me disait que c’était pas vraiment réel.

— Vous avez pensé que ces filles, ce qu’elles font sur ces vidéos elles le font sous la contrainte ? Toujours. Ce sont des viols. Vous prenez du plaisir à regarder des petites filles se faire violer. Vous avez une vie de couple ?

— Non.

— Vous en avez déjà eu ?

— Y’a longtemps, au lycée. »

« Derrière ces images, il y a des victimes de sévices sexuels »

Sur la même lancée, la procureure se « permet de remettre une couche : pourquoi ce type de faits sont sévèrement réprimés ? Derrière ces images il y a des victimes de sévices sexuelles, souvent dans le silence le plus total et dans une souffrance qui dure depuis longtemps ». Elle demande 10 mois de prison avec sursis probatoire, son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS) et l’interdiction d’exercer une activité au contact des enfants.

Son avocate estime pertinent de plaider que son client a fait ça « par curiosité professionnelle, pour accéder à ce qui est inaccessible », dit qu’il « pensait que la police viendrait avant et que son interpellation l’a soulagé. » Elle rappelle enfin qu’il a des limites : « une vidéo où un chien est mis en scène avec une petite fille ; ça, c’était trop, ça l’a dégoûté ».

Le tribunal l’a finalement condamné à la peine requise.

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