Transition écologique : le département de la Seine-Saint-Denis privilégie les forêts urbaines
Pour se mobiliser en faveur de la transition écologique, de la préservation de la biodiversité et lutter contre le changement climatique, le département de la Seine-Saint-Denis (93) mise sur les arbres avec un plan ambitieux.
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Constitution d’îlots de fraîcheur, source de biodiversité, filtration des polluants atmosphériques, captation de carbone : les arbres assurent des services écologiques majeurs. Ils jouent un rôle prépondérant pour contribuer à l’amélioration de la qualité de vie en ville, œuvrer à la protection de l’environnement et de la biodiversité et répondre aux enjeux de santé humaine. C’est en partant de ce constat que le département de la Seine-Saint-Denis a adopté le Plan Canopée qui dresse les grands axes de la politique départementale de l’arbre en Seine-Saint-Denis (2021-2030). Voté en juin 2020, ce dispositif ambitieux vise à mettre l’arbre au cœur du paysage urbain sur les dix prochaines années. Il s’articule autour de trois grands objectifs : développer, protéger et mobiliser. Ces trois objectifs sont eux-mêmes déclinés en 20 engagements pour favoriser le développement de la canopée en ville. Les 20 engagements du Plan Canopée sont mis en œuvre à travers le financement et la réalisation de 10 actions. L’investissement nécessaire à la mise en œuvre du Plan Canopée est estimé à 6 M€/an sur 10 ans.
2024 : Développer les forêts urbaines
Après avoir dressé un premier bilan d’étape positif en 2022, le département de Seine-Saint-Denis a lancé en 2024 un appel à développer les forêt urbaine. Son objectif ? Inviter les collectivités du territoire à une action collective pour la construction d’une Seine-Saint-Denis plus arborée. La plantation de forêts urbaines est un des engagements du Plan Canopée. Ces nouveaux écosystèmes, caractérisés par leur qualité écologique, sont en effet recherchés pour les nombreux services qu’ils rendent aux habitants tels que l’amélioration du cadre de vie, une atmosphère plus respirable dans un contexte de réchauffement climatique et une plus grande biodiversité au cœur des villes. L’appel à projet a pour objectif de faciliter la mise en place opérationnelle de projets de forêt urbaine en 2024 par les collectivités de la Seine-Saint-Denis souhaitant valoriser leurs fonciers. Le département de la Seine-Saint-Denis financera jusqu’à 80 % de la fourniture des plants et des travaux de plantations des forêts urbaines et apportera un appui technique pour la conduite de leur opération et une valorisation des projets retenus.
Des arbres remarquables…
Un alignement majestueux de platanes le long d’une route départementale, un cèdre du Liban monumental dressé au cœur de la ville ou encore une collection de chênes au parc du Sausset, le département gère un patrimoine arboré riche. Il comprend 28 000 arbres d’alignement le long des routes départementales, près de 5 000 arbres sur les parcelles des divers équipements départementaux (collèges, crèches, PMI, etc.), et 370 hectares d’espaces boisés dans les parcs départementaux. Les espaces boisés des parcs départementaux sont la première forêt de Seine-Saint-Denis et constituent l’habitat d’une diversité d’espèces dont certaines ont justifié le classement en site Natura 2000. Certains sont des boisements très anciens et remarquables à ce titre, comme le parc forestier de la Poudrerie ou le parc de la Haute-Ile ; d’autres beaucoup plus récents résultent de l’aménagement des parcs dans les années 1970 et 1980 par le département. Les essences sont insuffisamment diversifiées : platanes, tilleuls et érables représentent 60 % des arbres présents le long des routes, ce qui les rend ce patrimoine arboré vulnérable au réchauffement climatique, puisque certaines essences ne supportent pas la hausse régulière des températures aux pathologies particulières, comme, la propagation du chancre coloré du platane, apparu en novembre 2019 dans le département.
… mais un indice de Canopée insuffisant
La notion de forêt urbaine est récente et désigne un concept d’espace boisé inséré en milieu urbain, offrant aux citadins des espaces de respiration, au sein de parcelles densément végétalisées. Le développement de ce type de projet est innovant en Seine-Saint-Denis. Le département s’est donné pour objectif de créer deux forêts urbaines par an. Ces programmes devraient permettre d’augmenter l’indice de Canopée du département. La canopée c’est la partie supérieure de la forêt, le couvert forestier créé par la cime des arbres. L’indice de canopée est constitué par le rapport entre l’ombre fournie par cette forêt et la superficie totale d’un territoire. Dans un territoire dont le développement urbain est très dynamique, comme celui de la Seine-Saint-Denis, les arbres sont fragilisés : abattages liés à des projets publics ou privés, difficultés de plantation dues aux contraintes du milieu urbain dense, dégradations diverses, etc. La couverture arborée de l’espace urbain en Seine-Saint-Denis, représente aujourd’hui seulement 16 % des surfaces du territoire. Cet indice de Canopée est en dessous de la moyenne nationale en espace urbain fixée à 19 %. Le Plan Canopée a pour objectif de formaliser la politique départementale de l’arbre, afin de pérenniser et de renforcer sa présence sur le territoire, en vue de porter l’indice de Canopée urbaine du territoire de 16 à 20 % d’ici 2030.
Planter et préserver
Pour ce faire, la stratégie départementale consiste d’abord en un ambitieux programme de plantation d’arbres. Le département s’est donné comme objectif de planter 30 000 nouveaux arbres d’ici à 2030. La plantation massive d’arbres, conjointe au soin et la préservation accrue de ceux existants, devrait favoriser la captation de carbone à l’échelle globale. Plus localement, la multiplication des zones arborées, notamment en milieu urbain dense, limitera les pics de chaleur grâce à l’évapotranspiration générée par ces végétaux, agissant comme autant de systèmes de climatisation naturelle. L’effort sera focalisé vers des arbres à grande espérance de vie qui rendent des services écosystémiques. La palette végétale sera diversifiée, limitant chaque essence à 10 % maximum des arbres plantés pour les nouveaux projets, et en faisant du réchauffement climatique un nouveau critère de sélection des essences choisies. Le Plan Canopée devrait également avoir un impact important en matière de reconquête et de transformation des espaces publics. Dans un environnement fortement minéral comme celui du département de la Seine-Saint-Denis, chaque arbre planté permet de restaurer des sols fertiles, facilite l’infiltration des eaux de pluie et le retour d’une micro-faune sur le territoire.
Référence : AJU015k8