Déclaration de revenus : la gestion fiscale de l’enfant majeur

Certains parents d’enfants majeurs peuvent choisir entre deux options : le rattachement à leur foyer fiscal ou la déduction des frais d’hébergement, de nourriture et de scolarité. Comment choisir ? Quels frais peuvent être déduits ? Dans quelles limites ? Le point sur les effets de chacune des deux options fiscales.
La campagne de la déclaration de revenus perçus en 2024 s’est ouverte le 10 avril 2025. Les dates limites des télédéclarations sont les suivantes :
– jeudi 22 mai 2025 pour les départements de 1 à 19 et pour les usagers non-résidents ;
– mercredi 28 mai 2025 pour les départements 20 à 54 ;
– jeudi 5 juin 2025 pour les départements 55 à 974 et 976.
Pour les déclarations papier, la date limite de dépôt est fixée au mardi 20 mai 2025, quel que soit le département ou le territoire.
Cette année, nombreux sont les parents à s’interroger sur la « gestion fiscale » de leurs enfants majeurs. Dès l’année de sa majorité, toute personne constitue en principe un foyer fiscal propre, imposable sur les revenus éventuellement perçus. Dans certaines situations, les parents conservent la possibilité de les rattacher à leur foyer fiscal. Lorsqu’ils ont le choix, ces deux options doivent être comparées pour trouver la solution fiscalement la plus optimale.
Vos enfants sont-ils encore rattachables à votre foyer à leur majorité ?
Oui dans certaines situations, vous pouvez les rattacher à votre foyer pour les besoins de votre déclaration et le calcul de votre impôt sur le revenu. Pour la déclaration 2025 des revenus perçus en 2024, votre situation s’examine sur l’année 2024. Si votre enfant avait moins de 21 ans, ou moins de 25 ans et qu’il poursuivait ses études le 1er janvier 2024, le rattachement est possible. Dans ce cas, vous bénéficiez d’une majoration de votre quotient familial. Toutefois, l’économie fiscale qui en résulte ne peut pas dépasser 1 791 euros pour chaque demi-part supplémentaire. N’oubliez pas que si votre enfant est rattaché à votre foyer, les revenus qu’il perçoit sont, le cas échéant, imposables entre vos mains.
Comment sont imposés les revenus perçus par les étudiants ?
Les indemnités de stages conventionnés et rémunérations de contrat d’apprentissage perçues en 2024 sont exonérées jusqu’à 1 Smic annuel, c’est-à-dire 21 273 euros pour l’année 2024. Les salaires des personnes de moins de 26 ans au 1er janvier 2024 sont, quant à eux, exonérés jusqu’à 3 Smic mensuels, c’est-à-dire 5 291 euros. En revanche, les rémunérations de contrat de professionnalisation et de stages non conventionnés sont imposables dès le premier euro.
Attention : les revenus de votre enfant peuvent figurer sur votre déclaration préremplie. Ayez le réflexe de vérifier que le montant reporté tient compte des exonérations précitées. À défaut, corrigez-les.
En cours d’année, vous pouvez signaler le rattachement de votre enfant sur le site impots.gouv.fr dans votre espace particulier, à la rubrique « Gérer mon prélèvement à la source ». Vous pouvez alors actualiser votre taux de prélèvement à la source pour tenir compte d’une hausse ou d’une baisse de revenus. Toutefois, cela ne vous exempte pas de bien renseigner votre déclaration de revenus.
Quelle est l’autre possibilité de prendre en compte les frais occasionnés par un enfant à votre charge ?
Si c’est préférable pour vous, vous pouvez toujours choisir de détacher votre enfant de votre foyer fiscal, et ce même s’il habite toujours sous votre toit. Dans ce cas, la loi vous donne la possibilité de déduire une partie des frais d’hébergement et de nourriture de vos revenus imposables. En effet, tant que votre enfant majeur n’est pas financièrement autonome, vous êtes lié par une obligation alimentaire. Vous devez pourvoir à ses dépenses quotidiennes. Cette situation peut perdurer si votre enfant n’est pas en mesure d’y pourvoir seul, soit qu’il est au chômage, soir qu’il est malade ou atteint d’un handicap le plaçant dans l’impossibilité de satisfaire les besoins de la vie courante par son travail.
Comment fonctionne la déduction de la pension alimentaire ?
Deux situations se présentent à vous selon que votre enfant majeur vivait chez vous en 2024 ou non. Dans le premier cas, vous pouvez déduire sans justificatif 4 039 euros par enfant majeur et ce, sans justificatif. Vous pouvez déduire le double de ce montant si votre enfant est marié ou pacsé. Ce forfait représente les frais d’hébergement et de nourriture. Lorsque l’hébergement de l’enfant ne porte que sur une fraction de l’année, son montant est éventuellement réduit au prorata du nombre de mois concernés. Si vos dépenses réellement supportées ont été plus élevées et que vous pouvez le justifier, vous avez le droit de les déduire pour leur montant réel. Toutefois, leur prise en compte est plafonnée à 6 794 euros par enfant en 2025. Ce montant est doublé si votre enfant est marié, pacsé, divorcé, veuf ou encore chargé de famille et que vous subvenez seuls à ses besoins. Cette option est intéressante pour prendre en compte des frais liés aux études supérieures ou à des frais de santé, par exemple.
Seconde hypothèse : votre enfant ne vivait pas chez vous en 2024. Dans ce cas, vous n’avez que la possibilité de décompter vos dépenses réelles dans la limite de 6 794 euros par enfant.
Les pensions versées à des enfants majeurs non comptés à charge doivent être indiquées aux lignes 6EL et 6EM.
N’oubliez pas que le montant que vous avez déduit de vos revenus imposables doit être déclaré par votre enfant détaché, qui constitue un foyer à lui tout seul.
Que recouvre la pension alimentaire ?
Si vous déduisez un forfait, vous n’avez pas besoin de justificatifs. Si vous déduisez les dépenses réelles, encore faut-il savoir quels sont les frais déductibles. En effet, ces derniers doivent répondre aux besoins courants de votre enfant que sont : le logement (loyers et charges locatives), l’alimentation, les sons médicaux, mais aussi la scolarité, l’assurance, les abonnements, les abonnements aux transports publics etc. L’administration peut remettre en cause des dépenses qui ne relèvent pas de ce registre comme les vacances, ou, selon les situations l’achat d’un véhicule.
Comment justifiez ces dépenses ?
Si vous prétendez à leur déduction, pensez à conserver les justificatifs de ces dépenses. Vous pouvez les avoir supportés directement ou les avoir remboursées à votre enfant. Dans ce cas, conservez la trace de vos remboursements, par exemple par virement ou par chèque. L’administration ne considère pas comme étant des justificatifs les preuves des versements de sommes d’argent à une tierce personne qui les reverserait ensuite à leur bénéficiaire.
Quelle est la règle si mon enfant réside à l’étranger ?
Le lieu de vie de votre enfant n’impacte pas ces règles. S’il vit à l’étranger, et sous réserve des autres conditions, vous pouvez aussi déduire la pension alimentaire. Sachez toutefois que si l’administration vous demande des justificatifs au nom de son droit de communication, vous devrez les avoir fait traduire en français par les autorités administratives agréées que sont les ambassades et les consulats, ou encore par un traducteur assermenté.
Qu’est-il possible de faire pour les parents séparés ?
Lorsque les parents constituent deux foyers fiscaux différents, ces règles ne sont pas applicables exactement dans les mêmes termes. Dans l’hypothèse d’un rattachement, il faut savoir que l’enfant ne peut plus être rattaché au foyer fiscal respectif de ses deux parents séparés ou divorcés, et ce, même s’il vit de façon alternée chez l’un puis l’autre. C’est l’un des effets de la majorité de l’enfant. L’enfant majeur ne peut être rattaché qu’à un seul foyer fiscal. Il doit choisir son foyer fiscal de rattachement choix sur papier libre, à produire sur demande de l’administration.
Lorsque la pension alimentaire est versée à un enfant majeur en vertu d’une décision de justice, la pension déductible est, en principe, celle qui a été fixée par le juge ou par la convention de divorce, éventuellement revalorisée, sous réserve néanmoins de la limite de déduction de 6 794 euros par enfant majeur pour la déclaration 2025 des revenus 2024.
La pension déduite est imposable au nom du parent qui la perçoit si l’enfant majeur est rattaché à son foyer fiscal. Cependant, le juge ou les parents peuvent avoir décidé que la contribution serait versée directement à l’enfant majeur. Dans ce cas, le montant de la pension doit être indiqué dans les cases « personne à charge ».
Quelle option choisir ?
Vous ne pouvez pas bénéficier à la fois du rattachement et de la déduction de la pension alimentaire. Vous devez choisir. Pour rappel, les parents qui ont ce choix sont ceux dont l’enfant majeur avait moins de 21 ans le 1er janvier 2024, ou moins de 25 ans et poursuivait ses études. À défaut, la seule possibilité de tenir compte des frais supportés pour l’enfant passe par la déduction de la pension alimentaire. En résumé, cette dernière voie permet une plus grande économie d’impôt aux contribuables les plus fortement taxés. En effet, le rattachement au foyer fiscal permet une économie d’impôt maximale de 1 791 euros par enfant majeur. Alors que le gain fiscal tiré de la déduction de la pension alimentaire peut se calculer de la façon suivante. Il convient de multiplier le taux marginal d’imposition au montant de la pension alimentaire déductible (plafond de 6 794 euros sur justificatifs). Ainsi, les contribuables dont le taux marginal s’élève à 30 % peuvent obtenir une économie d’impôt de 2 038 euros (30 % x 6 794 euros).
Référence : AJU017h6
