Le sacre du PSG vire à la mise à sac
Publié le 04/06/2025 à 9h04
Le samedi 31 mai 2025, la victoire du Paris-Saint-Germain contre l’Inter de Milan lors de la finale de la Ligue des champions, à Munich, a viré à l’émeute : on a dénombré sur l’ensemble du territoire national environ 600 gardes à vue, 200 blessés et des dégâts considérables. Un policier a été aussi grièvement blessé à Coutances (Manche) par un tir de mortier, et il reste à déterminer si les deux morts qu’on a déplorées à l’occasion de ces incidents, à Paris et à Dax, sont également imputables à ces émeutes. Une fois de plus, la question se pose : est-il possible, désormais, que des évènements festifs puissent avoir lieu sans entraîner dans leur sillage des vagues de violences ?

Dans un communiqué, le Préfet de Police de Paris, a déclaré que de toute évidence, les personnes interpellées avaient l’intention d’en découdre et de casser, peu importe le résultat du match. « Ces personnes étaient manifestement là pour s’en prendre aux forces de l’ordre, commettre des pillages, des dégradations », a-t-il précisé, puisqu’elles « ne regardaient même pas le match » transmis sur les écrans.
Sept morts lors de la demi-finale de la Coupe du Monde en 2006
Certes des précédents existent : la victoire française en demi-finale de la Coupe du Monde de 2006 a été « couronnée » par sept morts (suite à des imprudences et à des rixes, tandis que des incidents graves ont été constatés à l’occasion de la défaite du club parisien contre le Bayern Munich en 2020, ou encore de la qualification du Maroc en demi-finale lors de la Coupe du Monde en 2022. Cette fois-ci, les incidents auraient-ils été bien plus graves ? Ce n’est pas l’avis de la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas : « Malgré les images et malgré les exactions qui sont réelles, les violences ont été inférieures à celles de d’habitude, sur d’autres gros phénomènes comme ça, populaires ».
Sommes-nous donc confrontés à une « habitude », certes lamentable, mais finalement bien française, ou bien à un phénomène à sa manière « nouveau » en raison de son intensité ? Il me semble bien que, cette fois-ci, on se retrouve face à un tournant, qui n’est pas constitué par les actes de violences en eux-mêmes, mais l’exaspération grandissante d’une partie de l’opinion publique qui ne les supporte plus. Cette exaspération peut se traduire de deux manières : certains incriminent la gestion du maintien de l’ordre, d’autres mettent en cause des « barbares » face auxquels les forces de l’ordre sont désarmées en raison d’un laxisme généralisé.
Dans la première catégorie, on retrouve sans surprise La France Insoumise qui, par le biais du député de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel, appelle à la mise en place d’une commission d’enquête de l’Assemblée Nationale afin de faire la lumière sur « la gestion de la sécurité publique après le match PSG-Inter Milan ». Voici son argument : « Il est quand même assez étonnant que le droit de manifester en France ou le droit d’exprimer une fête populaire de liesse, ne puisse pas se passer de manière correcte et dans la tranquillité pour les participants ». En l’état actuel des rapports de force au Palais Bourbon, il n’y a aucune raison de penser que le vœu de Monsieur Coquerel puisse se concrétiser.
L’opinion réclame une plus grande sévérité
Au risque de me tromper, je pense que la grande majorité de l’opinion publique se retrouve plutôt dans les propos sévères qui ont été prononcés par le Ministre de la Justice, Monsieur Darmanin qui, suite aux premières condamnations en comparution immédiate prononcées le 2 juin 2025, a considéré que les peines prévues et annoncées, notamment en ce qui concerne les violences à l’encontre des forces de l’ordre, « ne sont plus à la hauteur de la violence que connaît notre pays », souhaitant créer « une échelle de peines ferme, simple et réellement adaptée à la délinquance d’aujourd’hui ». Plus précisément, il souhaite « supprimer les aménagements de peine obligatoires, supprimer le sursis et mettre en place par la loi une condamnation minimum systématique une fois la culpabilité reconnue. Par exemple, trois mois de prison ferme (réellement exécutés) minimum pour toute agression envers un représentant de l’Etat ou encore amende très élevée pour toute destruction ». Ses propos ont été confortés par ceux du Ministre de l’Intérieur, Monsieur Retailleau, qui a déclaré que « des barbares sont venus dans les rues de Paris pour commettre des délits et provoquer les forces de l’ordre ».
Il me semble impossible de nier que l’opinion publique française, à l’instar des autres pays européens, réclame désormais une plus grande sévérité, qu’il s’agisse des sanctions pénales ou, plus généralement, de la politique sécuritaire – notamment en termes de contrôle de l’immigration. Le sujet est extrêmement complexe, et ne peut être réduit uniquement au nombre de places de prison disponible (au 1er mai, la France comptait 83.681 personnes incarcérées pour seulement 62.570 places).
À lire aussi, sur le même sujet, notre édito et le compte-rendu de la première journée d’audience devant le tribunal de Paris.
Référence : AJU499443

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