Les JOP 2024 mobilisent 80 % des effectifs du tribunal de Meaux

Publié le 22/07/2024 à 9h44

Le site nautique olympique de Vaires-sur-Marne qui accueillera jusqu’à 32 000 spectateurs par journée de compétition se situe dans le ressort du tribunal de Meaux (Seine-et-Marne), comme la fan zone de Chelles. Une affluence pouvant entraîner une hausse de la délinquance. La présidente de la juridiction et le chef du parquet mobilisent 80 % de leurs effectifs.

Les JOP 2024 mobilisent 80 % des effectifs du tribunal de Meaux
Palais de justice de Meaux (Photo : ©I. Horlans)

 La Seine-et-Marne, premier département francilien à obtenir le label Terre de Jeux 2024, s’apprête à devenir une destination olympique majeure. Les compétitions d’aviron et de canoë-kayak (cross, slalom, sprint) auront lieu sur la base nautique de Vaires-sur-Marne, où s’étaient préparées aux Jeux de Tokyo les délégations française, suisse, canadienne et australienne. Sur ce plan d’eau de 4 400 m2, classé 2e de France après celui de Pau (Pyrénées-Atlantiques), se dérouleront 45 épreuves olympiques et paralympiques du 27 juillet au 8 septembre (avec une interruption entre les 11 et 29 août).

Enfin, la base nautique seine-et-marnaise est retenue comme « plan B » en cas de pollution de la Seine. Les athlètes de natation marathon et triathlon sont susceptibles d’y échouer, a confirmé Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation des JOP 2024, au journal L’Équipe. Et à partir de vendredi, à Chelles, une fan zone accueillera les supporters : ils y suivront les Jeux en direct sur écran géant.

De quoi confronter les autorités à des « enjeux de sécurité inédits », révèle le préfet dans son arrêté publié la semaine dernière en prévision du relais de la flamme olympique, samedi 20, dans 12 communes du département. Il a pris des mesures contraignantes afin d’éviter les débordements sur le parcours de la torche, partie de Fontainebleau et arrivée à Meaux en début de soirée. Un passage qui s’est effectué sans incident.

Trois à quatre audiences de comparutions immédiates par semaine

L’événement international bouleverse les vacances des forces de sécurité, des services de secours et de soins, des avocats, des magistrats. Tout a été anticipé ces neuf derniers mois au barreau et au tribunal de Meaux. « Cela nous permet de mobiliser 80 % de nos effectifs, contre 40 à 50 % en cette période de l’année », indique le procureur de la République, Jean-Baptiste Bladier. « Nous prévoyons de tenir trois comparutions immédiates, voire quatre, contre deux chaque semaine durant la première quinzaine d’août, explique-t-il. Nous nous sommes également organisés pour procéder aux ordonnances et compositions pénales dans le cadre de défèrements, ce qui est inhabituel. On ne peut pas convoquer à date ultérieure des gens extérieurs au département ou des ressortissants étrangers et, ainsi, laisser les dossiers traîner pendant des mois. »

« On a renforcé les permanences pénales avec, notamment, deux juges des libertés et de la détention et leurs greffiers » ajoute la présidente Catherine Mathieu. Le JLD intervient à plusieurs stades de la procédure : il incarcère le suspect jusqu’au procès ou le place sous contrôle judiciaire, est sollicité dans le cadre de comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité si le mis en cause réclame un délai pour accepter la peine proposée. Pour tenir compte de l’afflux d’étrangers, possiblement en situation irrégulière, « nous avons doublé la permanence du JLD et des trois greffiers en charge du contentieux de la rétention administrative au Mesnil-Amelot », précise Mme Mathieu, promue en septembre à Créteil (Val-de-Marne).

Ils n’ont pas été contraints de demander le renfort des collègues de Melun ou Fontainebleau. Une cinquantaine de juges, parquetiers, et à leurs côtés la quasi-totalité des 162 fonctionnaires, seront d’astreinte jusqu’à la fin des épreuves.

Des appels à mener des actions relayés sur les réseaux sociaux

Au-delà du risque d’attaques terroristes, redouté par l’exécutif, le tribunal et le barreau de Meaux se préparent principalement à la délinquance dite « d’opportunité » liée à la présence de nombreux touristes, d’habitants, et à des manifestations. « Nous sommes cependant relativement optimistes. Le procureur et moi espérons que tout ce que nous avons prévu ne servira à rien », déclare la présidente Mathieu. Les comités de pilotage, tenus « en lien avec les avocats, les forces de l’ordre, les associations de victimes et la Protection judiciaire de la jeunesse » ont identifié tous les besoins. « Et la cour d’appel a signé une convention avec une école d’interprétariat. »

Le préfet Pierre Ory, ses équipes et ses partenaires, dont le Département, ont minutieusement identifié les risques. Jeudi 30 mai, 600 intervenants ont effectué un exercice au stade nautique de Vaires-sur-Marne, a rapporté Le Parisien, envisageant l’intrusion de terroristes armés de couteaux et fusils d’assaut sur le site olympique. Ils ont testé les réponses des services sollicités – police, gendarmerie, Raid, pompiers du Sdis 77, sécurité civile, Samu, hôpitaux franciliens, militaires –, leur capacité à prendre en charge un grand nombre de blessés.

Les autorités se soucient aussi des appels à mener des actions relayés sur les réseaux sociaux. « Des faits anti-police », recensés en Île-de-France par le site Actu17.fr, se sont encore traduits mardi dernier à Dammarie-les-Lys, près de Melun, par des tirs de mortiers d’artifice contre un hôtel qui hébergeait des policiers isérois arrivés en renfort. Pour anticiper le danger, et faire face au défi logistique considérable, le préfet devrait à la veille des épreuves renouveler en termes identiques l’arrêté du 16 juillet.

Le niveau « urgence attentat » plus que jamais d’actualité

Des manifestants ont réaffirmé leur intention de perturber le déroulement des JOP, ainsi qu’en témoigne l’apparition de “flyers” ici et là, traduisant des revendications diverses. La gauche radicale s’oppose par exemple à la guerre d’Israël contre le Hamas, quand d’autres manifestent depuis mars contre les réquisitions de logements universitaires au profit des forces de sécurité intérieure. Celles-ci sont les cibles « d’une vive hostilité, d’insultes et de menaces, tirs de mortiers, jets de projectiles, voire d’attaques contre des commissariats et des brigades », relève M. Ory.

Par conséquent, de vendredi à dimanche, dans les communes accueillant la flamme, organisatrices d’événements festifs dans la rue, il avait interdit la vente, le transport, l’usage d’artifices de divertissement, de carburant et autres produits inflammables, le port d’armes à feu y compris factices, les manifestations non déclarées et la consommation d’alcool dans les espaces publics. Ces mesures de prévention, applicables les jours de compétition, complète le plan Vigipirate élevé au niveau urgence attentat le 24 mars, et plus que jamais d’actualité.

 

 

 

 

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