Affaire Dany Leprince : les 30 ans de combat du « boucher de la Sarthe »

Publié le 28/01/2025

Trente ans et quatre mois après le massacre à la feuille de boucher d’une famille de Thorigné-sur-Dué (Sarthe), le dossier du seul condamné a été transmis à la Cour de révision jeudi dernier. Dany Leprince, accusé du meurtre de son frère, de sa belle-sœur, de ses nièces, n’a cessé de clamer son innocence. Dans un an environ, on saura si la justice lui accorde un autre procès. Retour sur un dossier marqué par l’horreur et les erreurs.

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Le pavillon de Dany Leprince et celui de son frère Christian à Thorigné-sur-Dué (DR)

Plus que de l’air hébété du condamné Dany Leprince, on se souvient de la sidération de son avocat, le regretté Jean-Louis Pelletier. De ses mâchoires serrées contenant sa rage. C’était mardi 16 décembre 1997, aux assises de la Sarthe, au Mans. D’une voix autoritaire, le président venait d’énoncer le verdict : réclusion criminelle à perpétuité et peine de sûreté de 22 ans pour avoir massacré, le 4 septembre 1994, quatre membres de sa famille.

Trois ans plus tôt, à l’issue d’une enquête que l’on sait aujourd’hui bâclée, Dany Leprince, aîné d’une fratrie de trois garçons, avait été arrêté pour le meurtre de son frère Christian, 34 ans, de sa belle-sœur Brigitte, 36 ans, de ses nièces Audrey, 10 ans, et Sandra, 6 ans. Seule la petite dernière âgée de 26 mois, Solène, avait été épargnée ; elle attendait près de son lit que l’on vînt l’extraire du cauchemar. Dans le pavillon de Thorigné-sur-Dué, bourg gallo-romain niché dans la plaine céréalière sarthoise, ils gisaient dans un flot écarlate : murs éclaboussés de sang, sols visqueux et plafonds criblés. Une scène abominable témoignant d’un acharnement, 38 plaies cervicales au total, comme pour tenter de décapiter les victimes. Et d’autres blessures infligées au couteau, à la feuille de boucher, l’outil servant à découper des côtelettes.

Un tableau de Jérôme Bosch.

« Il faut rester prudent… »

 Trente ans et quatre mois plus tard, l’affaire du « boucher de la Sarthe » – ainsi fut surnommé Dany Leprince par les premiers journalistes – a connu un nouveau rebondissement jeudi 23 janvier 2025. Saisie en mars 2021 par M. Leprince, âgé de 67 ans et libre, la commission d’instruction de la Cour de cassation a accepté de transmettre sa requête à la Cour de révision des condamnations pénales. Les cinq juges qui, durant trois ans, ont dirigé les investigations considèrent qu’il y a assez d’éléments inédits pour annuler l’arrêt et renvoyer Dany Leprince devant une nouvelle juridiction. Mais la recevabilité de la demande ne signifie pas que les magistrats de la chambre criminelle désormais en charge y feront droit : ils peuvent la rejeter.

« Il faut rester prudent », répète Dany Leprince depuis jeudi. Il a raison : en 2010, une première commission se disait convaincue de son innocence, jusqu’à l’élargir prématurément. Et un an plus tard, la Cour de révision lui refusait ce recours et le renvoyait à sa cellule.

Pour mesurer l’absurdité des péripéties qui ont jalonné 30 ans de sa vie, il faut remonter le temps, repartir de zéro. Retourner sur les terres de Dany, paysan le jour, ouvrier la nuit, sans dimanche ni vacances, père de trois filles, époux mal aimé.

« Ne pas se précipiter au risque de commettre une erreur judiciaire »

 Lundi 5 septembre 1994, 9 heures. À la poste de Thorigné, on s’inquiète : la guichetière, Brigitte, n’est jamais en retard. À la carrosserie de son mari, Christian, les mécaniciens s’étonnent aussi : où est le patron ? Ils s’en vont jeter un œil chez le couple, empruntant le chemin de la Groie qui débouche sur deux pavillons isolés du village. Celui de Dany, celui de Christian. Au seuil du second, une large traînée de sang. Ils s’approchent d’une fenêtre, reculent, saisis d’effroi. Les gendarmes sont alertés.

À 9h30, Dany conditionne des steaks hachés à la Socopa, un abattoir situé à 17 kilomètres. Il a pris son service à 3 heures du matin, après le labeur dominical à la ferme, puis un coup de main à des amis en début de soirée. Sa femme, Martine, téléphone à l’atelier : « Viens vite, ton frère est mort ! » Les gendarmes bloquent le chemin. « Tout le monde est mort », précise un pompier à Dany Leprince.

Christian, Brigitte, Audrey, Sandra. Pas Solène.

« C’est une boucherie », dira le légiste. Ils ont été tués avec une sauvagerie telle que des primo-intervenants sont en larmes. Sous son parapluie noir, le procureur du Mans, Jean-Claude Thin, évoque « l’explosion de colère », « la folie meurtrière » d’un familier ; la porte n’a pas été fracturée, rien n’a été volé. Plus tard, voyant que la presse s’emballe, il aura ces mots : « Il ne faut pas se précipiter au risque de commettre une erreur judiciaire. »

Il soutiendra pourtant l’accusation avec assurance au procès de 1997.

Dany Leprince, Alain, son frère cadet, Renée et Robert, leurs parents, sont placés en garde à vue. Également Martine, l’épouse qui a passé la journée du lundi 5 à étendre quantité de vêtements lessivés devant les reporters – sans qu’aucun gendarme ne s’en émeuve.

Cinq jours plus tard, Dany est mis en examen et écroué. Le procureur Thin avance le mobile de la jalousie ; il exulte : « Il a passé des aveux complets. Il a reconnu tous les meurtres ! » Un mensonge, déploreront 16 ans plus tard ses pairs, réitéré à l’écrit dans son réquisitoire, puis devant les jurés à l’audience criminelle.

« Le boucher de la Sarthe » est né.

« Je me suis fait piéger comme un con »

À Dany, à Alain, aux parents, les gendarmes ont proposé un avocat. « Un avocat ? Pour faire quoi ? » répondent les Leprince, qui ne savent rien. Ils ont oublié Martine. Durant sa deuxième nuit à la brigade de Connerré, elle indique avoir vu son mari frapper Christian avec une arme tranchante qui luisait, entre leurs pavillons séparés d’à peine trente mètres. Célia, sa fille de 16 ans, raconte avoir surpris une scène identique, bien qu’elle n’ait pas remarqué sa mère au même endroit, au même moment. Laquelle, ajoute l’adolescente, n’a pas reparu au foyer en soirée. Martine, elle, assure avoir rejoint ses filles devant la télé. Elles changeront plusieurs fois de versions, qui demeureront contradictoires. À l’époque, personne ne s’en soucie.

La télé, justement. Les crimes ont été commis entre 21h30 et 23 heures. Le suspect est rentré chez lui à 21h20. Il a dîné, s’est douché, s’est mis au lit à l’étage devant un film avec Charles Bronson. Aux enquêteurs, il décrit une scène visible à 21h49. Sa femme et sa fille situent le meurtre de Christian lors la pause publicitaire sur M6, entre 21h39 et 21h45. L’alibi Bronson est balayé.

Comme le seront l’absence de sang sur les habits de Dany Leprince, de son ADN dans la maison, et ces empreintes de Doc Martens pointure 41 quand il chausse du 46 (Martine du 40, Célia du 41). « Ta femme t’accuse, ta fille aussi », lui martèle-t-on. Alors, à la 46e heure de garde à vue, il craque. « Je me suis fait piéger comme un con », répète-t-il depuis. Les enquêteurs le menacent de placer ses filles à la DDASS et ses vieux parents en détention. Il y croit. « J’ai tué Christian, pas Brigitte ni mes nièces. » L’affaire est pliée. Peu importe qu’il rétracte vite cet aveu.

L’étrange comportement de Martine, l’épouse accusatrice

 Jamais la juge d’instruction ne va douter. Quand s’ouvre le procès en 1997, l’avocat général Jean-Claude Thin – le procureur sous son parapluie – sert au jury « un puzzle » dont il manque des pièces, concède-t-il à demi-mots. Mais, après tout, il y a les témoignages de Martine, de Célia, et même de Solène ! La nounou du bébé de 26 mois en 1994, la juge et une psychiatre l’ont fait parler : « Tonton, méchant », aurait-elle crié. Cela suffit à ébranler le jury, déjà secoué par « l’épouvantable dégradation anatomique » que le légiste a détaillée.

À charge, aussi, en évidence sur un meuble au milieu du bain de sang, une reconnaissance de dettes qu’a signée Dany à Christian. Elle ne date pas de la veille et ne porte que sur 10 000 francs (2471 €). Trancherait-on le cou de fillettes pour cette somme dérisoire ? N’a-t-on pas voulu orienter l’enquête vers le frère désargenté, envieux de la réussite de son frère carrossier ?

En revanche, personne n’a tiqué, en pleine instruction, quand Martine s’est souvenue d’un « détail » deux ans après le massacre et 22 auditions : ce 4 septembre, le soir des crimes, elle est entrée chez son beau-frère, a enjambé les cadavres, trouvé Solène, l’a lavée puis emmenée chez sa belle-mère, et l’a finalement reconduite chez ses parents égorgés, avant d’aller se coucher auprès de son mari le tueur. Elle se rappelle tant les détails qu’elle dessine l’emplacement précis des corps. Renée Leprince contestera avoir vu Solène cette nuit-là, et ce jusqu’à sa mort en 2007. De désespoir, elle s’est pendue.

La commission : « Pas de preuves matérielles contre Dany Leprince »

Au procès, Martine Compain (elle a repris son nom de jeune fille après le divorce) pleure beaucoup. Surtout quand Me Jean-Louis Pelletier la presse de dire la vérité. Le pénaliste parisien aura beau souligner l’impossibilité de commettre seul, en trois minutes – durée retenue pour coller à l’horaire des accusatrices –, un quadruple meurtre aussi barbare, l’absence de traces de Dany sur place, ni sur lui alors que les parents des fillettes ont lutté avec force, « toutes les invraisemblances » du dossier ; rien n’y fait. Il n’obtient pas l’acquittement au bénéfice du doute.

En 1994, on ne peut pas interjeter appel, aux assises. L’article 79 de la loi Guigou entre en vigueur le 1er janvier 2001. Le pourvoi en cassation de Dany Leprince est rejeté en 1999. « Je suis innocent, je le prouverai », jure-t-il. Ses parents et son frère le soutiennent. Ils sollicitent Roland Agret, le président du comité Action Justice, réhabilité après une erreur judiciaire. Durant des années, il accompagne Dany dans sa quête de vérité, dénonce les failles, la légèreté de l’enquête, ses aberrations (1). Il tempête contre « ce bêtisier judiciaire ».

Aux nouveaux avocats de Dany, Mes Yves Baudelot et Jean-Denis Bredin, Roland Agret fournit des éléments permettant de saisir la Commission de révision des condamnations en 2005. Avec quatre conseillers, la présidente Martine Anzani se charge de l’instruction. En 2011, leurs conclusions font l’effet d’une déflagration. Ce jeudi 17 mars, la salle d’audience est bondée. « Les investigations n’ont pas apporté de preuves matérielles contre Dany Leprince ». Les éléments nouveaux sont révélés, autant que « les faiblesses du dossier initial ». L’avocat général Claude Mathon, aussi convaincu que ses collègues du siège, ne ménagera pas son collègue procureur.

La nounou, Martine, les gendarmes et l’auditeur de justice

Suivent « les éléments nouveaux » : la nounou du bébé Solène et Martine Compain (divorcée, elle a repris son nom de jeune fille) étaient « intimes » avec deux gendarmes chargés de l’enquête, dont le commandant. Sur un couteau jaune appartenant à l’ex-épouse qui éviscérait les porcs qu’élevait le couple, l’Institut génétique de Nantes a relevé « un ADN mêlé au sang de la petite Audrey, compatible avec celui de Martine » (2).

D’autres ADN, dont un masculin, ne « matchent » avec aucune partie à la procédure. « Il convient de noter que la totalité des scellés [24], y compris la feuille de boucher, ont été détruits sur ordre du procureur du Mans, ce qui interdit toute recherche génétique », précise Mme Anzani. Jeté, aussi, le bouton que tenait la petite Audrey dans sa main. « J’ai honte, s’exclamera l’avocat général Mathon. Il est inadmissible de détruire des scellés quand de telles anomalies sont constatées. »

Autre entorse au Code de procédure pénale : un auditeur de justice, élevé par Martine Compain et conservant pour sa nourrice une grande affection, était affecté au cabinet de la juge d’instruction chargée de l’affaire. Sa mère lui a fourni une avocate. Ces liens ne sont mentionnés nulle part. Entendu par la commission, devenu magistrat, il a dit avoir écouté l’interrogatoire de première comparution de Dany « sans être vu », précise s’être alors fait la réflexion que, « compte-tenu du peu d’éléments, il pouvait se rétracter le lendemain. »

Il est également acquis qu’au moins deux armes ont servi à tuer ; dès lors, on peut supposer la présence de deux meurtriers. Enfin, le visionnage des séquences du film avec Bronson que Dany a décrites, « fait apparaître une contradiction, une réelle incertitude, sur la chronologie des événements » rapportés par les accusatrices. Il fragilise leurs témoignages.

Mais le pire est à venir.

« J’ai peut-être tué quelqu’un, je l’ai dit à mon avocate »

Parce que Martine Compain invoque sans cesse « des trous de mémoire » quand point l’embarras, la commission a désigné des experts psychiatre et psychologue. Elle leur tient ces propos, qu’elle confirmera par la suite à la juge Anzani : « Je me demande si j’ai pas fait quelque chose, j’ai peut-être tué quelqu’un, je l’ai dit à mon avocate (…) J’ai demandé qu’on m’aide, je peux pas imaginer avoir fait quelque chose à ces gens et à leurs enfants. » Elle ajoute : « Si ça se trouve, j’ai participé » et « je m’en veux car j’ai accusé Dany. »

Ces seules déclarations justifieraient la tenue d’un nouveau procès.

D’autant plus qu’en 1999, un maire voisin a déposé au tribunal du Mans un couteau gravé « Leprince » dont le prénom a été limée, trouvé dans une carrière. La Socopa, cet abattoir qui employait Dany au conditionnement, fournissait des couteaux nominatif à ses ouvriers, notamment à Martine jadis affectée au parage de la viande pour la débiter.

L’avocat général sollicite l’annulation de l’arrêt, l’ouverture d’un nouveau procès, un complément d’enquête visant Martine Compain et sa fille Célia. Il fustige les « contre-vérités » de l’acte d’accusation, requiert la remise en liberté rapide de Dany Leprince qui doit encore purger cinq ans de prison. Déconcerté par la négligence des légistes, il se déclare « pantois » face à la découverte des relations entre la nounou, Martine, les gendarmes, entre la femme de Dany et l’auditeur de justice « qu’il fallait écarter du cabinet, voire de la juridiction ! » Enfin, il conclut : « On n’est pas là pour faire le procès de Martine Compain mais on peut se demander pourquoi elle n’a pas été mise en examen. »

Sous conditions, Dany quitte la centrale de Poissy le 10 juillet 2010. Une première judiciaire.

« Un échec effarant, une surprise totale »

Las ! La Cour de révision des condamnations à qui échoit la décision ne partage pas les avis de la commission d’instruction. Le 7 avril 2011, dans la salle où l’on se serre coude à coude, le président Louvel prend la parole 30 secondes : « Il n’existe aucun fait nouveau ou élément inconnu au jour du procès de nature à faire naître un doute sur la culpabilité de M. Dany Leprince. La demande de révision est rejetée. » Dany articule sept mots : « Je suis innocent. Je ne comprends pas. » Les gendarmes le menottent, et évacuent la salle. Retour en détention. Me Baudelot est consterné : « C’est un échec effarant, une surprise totale. » La Cour n’a pas apprécié la charge de la commission et l’élargissement du condamné.

Mme Anzani en est « malade ».

Toutefois, en avril 2012, un juge de l’application des peines de Melun a le courage de lever la peine de sûreté, qui courait jusqu’en 2017 : Dany quitte le centre pénitentiaire de Réau ; il portera un bracelet électronique. Autre forme de rébellion en 2015 : le procureur du Mans ouvre une information judiciaire contre X pour « complicité de meurtre aggravé », après le dépôt de plainte du père de Dany, veuf inconsolable.

L’affaire traine dans un coin jusqu’en 2023. Tout s’accélère en 2024, révèle Le Parisien : les conversations entre Martine Compain et sa fille Célia sont écoutés au moment où Dany Leprince fait la promotion de son livre (3) et seront interrogées en garde à vue ; la mère bénéficie en l’état du statut de « témoin assisté ». Le parquet a fait appel. C’est la chambre de l’instruction qui tranchera. L’audience n’est pas fixée.

Décédés en 2016 à six mois d’intervalle, Roland Agret et Robert Leprince n’auront pas profité de cette avancée et de la nouvelle victoire des avocats qui ont succédé à Mes Baudelot et Bredin.

 La deuxième tentative d’annulation du procès vise Martine

Définitivement libre depuis trois ans, Dany Leprince aurait pu se satisfaire des jours heureux partagés avec sa troisième épouse. Ils vivent entourés de champs, travaillent la terre. Mais le soir, immanquablement, il replonge dans son dossier. Avec deux collaboratrices, Mes Olivier Morice et Missiva Chermak-Felonneau l’ont étudié quinze mois. Le résultat est rapporté par Franck Johannès dans M Le Mag  : « Un mémoire de 169 pages avec une valise de pièces jointes » remis en 2021 à la commission d’instruction. Plus un autre, transmis le 18 octobre 2024. Seconde tentative pour faire annuler la condamnation, et encore des éléments inédits. Cette fois, selon Le Monde qui y a eu accès, ils visent Martine Compain.

Jugée recevable ce 23 janvier, la requête se trouve maintenant à la chambre criminelle de la Cour de révision.

Outre les incohérences soulevées en 2011, étayées de témoignages récents, une démarche stupéfiante étoffe la procédure : Solène, la rescapée âgée de 26 mois a 32 ans et s’est associée à la plainte de son grand-père. Dans une lettre consultée par notre confrère du Monde, elle exige la vérité et dit avoir été « instrumentalisée pour accabler Dany Leprince ». Elle écrit « n’avoir aucun souvenir de cette nuit du 4 septembre 1994 » : « Je n’ai pas vu Dany Leprince commettre les faits pour lesquels il a été condamné », démentant ainsi sa nounou, la juge et la psychiatre. Elle se dit « en colère » contre sa tante, Martine Compain, et souhaite un procès équitable.

Martine, toujours, est éreintée par la procureure du Mans qui a requis sa mise en examen, le 27 août, pour complicité de meurtre au motif qu’il est inconcevable qu’un seul individu ait pu frapper près de 70 fois les adultes éveillés et deux enfants en un laps de temps si court (trois minutes). Quant à la crédibilité de Martine et Célia, elle a fait long feu. La fille de Dany a été conduite à Thorigné-sur-Dué, ses accusations sont inconciliables avec la topographie des lieux.

Enfin, le malaise est renforcé par l’apparition de neuf témoins qui accusent Martine d’une cruauté inouïe à l’abattoir où elle travaillait et dans l’élevage qu’elle exploitait – Dany ne s’occupait jamais de l’abattage, il ne supportait pas la vue du sang. Cochons frappés à coups de pioche, porcelets lancés à terre pour leur éclater la tête et des cous tranchés. Comme ceux d’Audrey, de Sandra, de Brigitte, de Christian.

 

(1) Condamné à tort, par Roland Agret et Nicolas Poincaré, Michel Lafon, 2008, 261 pages, 2,42 euros

 

(2) Affaire Dany Leprince, Le Couteau jaune, par Franck Johannès, éditions Calmann-Lévy et Points, 648 pages, 10,20 €

 

(3) Ils ont volé ma vie, le livre de Dany Leprince avec le journaliste réalisateur Bernard Nicolas, Flammarion, 336 pages, 21 euros.

 

 

 

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