Pédopornographie : l’ancien patron de la DGSI des Ardennes condamné

Publié le 14/09/2021

Mardi 14 septembre, l’ancien chef de l’antenne ardennaise de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) a été condamné à deux ans de prison pour détention d’images et consultation de sites à caractère pédopornographique. Il a été relaxé des faits d’agression sexuelle.

Palais de justice de Reims
Palais de justice de Reims (Photo : ©I. Horlans)

 Olivier Combe, dont le procès s’était déroulé le 22 juin (notre chronique « Deux policiers de la DGSI jugés pour de graves délits »), était absent du tribunal correctionnel de Reims (Marne) lorsque le président Pierre Creton a rendu son jugement en demi-teinte. Il est relaxé du chef d’agression sexuelle par personne ayant abusé de son autorité liée à sa fonction, une décision qui a « stupéfié » Pauline Manesse, l’avocate de Sylvie*, la victime.

En revanche, l’ex-commandant radié des cadres de la police est condamné pour la détention de dizaines de milliers de clichés d’enfants nus, stockés sur ses ordinateurs, quinze disques durs, six cartes SD, trois tablettes, clés USB et deux téléphones. Il l’est aussi pour avoir consulté depuis 2014, au sous-sol de son pavillon familial, des sites pédopornographiques via des logiciels cryptés. La peine infligée – deux ans de prison dont douze mois ferme – couvre la détention provisoire de juin 2019 à avril 2020. Il est par ailleurs soumis à un sursis probatoire jusqu’en 2023, à une obligation de soins, à l’interdiction d’exercer une activité impliquant un contact avec des mineurs, et son nom figure désormais au Fijais, le fichier des délinquants sexuels. Quant aux scellés, ils sont définitivement confisqués.

Le procureur de la République, Matthieu Bourrette, a indiqué « réfléchir à interjeter appel. Je me donne 24 heures de réflexion ».

« Une addiction à la con »

 Durant la phase d’enquête, Olivier Combe avait reconnu « une romance de quelques jours » avec Sylvie, adolescente de 17 ans dont il était chargé de freiner la radicalisation alors qu’elle se disait prête à « faire le djihad en Syrie ». Ce spécialiste de l’islam, à la tête d’une unité contre le terrorisme, avait admis des rapports sexuels, qu’il disait « consentis », avec celle qu’il considérait « comme [sa] fille » (du même âge), allant jusqu’à convenir de « l’aspect incestueux » de la relation. Devant le juge d’instruction, Olivier Combe avait minimisé ses actes, évoquant juste « une connerie, une erreur monumentale ». Aux enquêteurs, il avait précisé : « Je ne vous fais pas un dessin, j’aurais dû garder mes mains dans mes poches. »

A propos des sites consultés et des photos d’enfants en sa possession, dont des clichés de la fille de 10 ans d’une collègue, il s’agissait selon lui « d’un dérapage sous l’emprise d’une addiction à la con ».

Le chef du parquet de Reims, qui requérait contre lui le 22 juin, avait pour sa part fustigé « une consultation compulsive » pendant cinq ans ainsi que le comportement indigne d’un policier de 57 ans qui avait séduit, dans son bureau, cinq autres filles « fragiles » dont il s’occupait. L’accusation ayant caractérisé les faits grâce à des centaines de SMS et messages électroniques échangés entre 2016 et 2019, Matthieu Bourrette avait notamment requis quatre ans d’emprisonnement ferme.

 

*Prénom modifié

Mise à jour : Le procureur de la République Matthieu Bourrette a interjeté appel du jugement rendu le 14 septembre. L’ancien commandant de la DGSI comparaîtra donc devant la cour d’appel de Reims.

 

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