Procès des attentats de Trèbes-Carcassonne : Marine ou la banalité de la radicalisation

Publié le 14/02/2024 à 17h59

Durant deux jours, la cour s’est penchée sur le cas de Marine Pequignot, 18 ans au moment des faits. Elle-même radicalisée, la jeune femme était la petite amie du terroriste Radouane Lakdim qui a assassiné quatre personnes le 23 mars 2018.

Procès des attentats de Trèbes-Carcassonne : Marine ou la banalité de la radicalisation
Vue extérieure de la salle des grands procès où se tient le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne (Photo : ©P. Cabaret)

Depuis le début du procès, Marine Pequignot est assise au premier rang de la salle d’audience à côté de ses deux avocats. Si elle n’est pas dans le box, c’est parce qu’après deux ans de détention provisoire, elle a été remise en liberté sous contrôle judiciaire le 1er juillet 2020. Marine, 26 ans, est poursuivie pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. Elle encourt trente ans de réclusion. C’est en vain que l’on chercherait la moindre trace d’émotion sur son visage. Elle ne laisse rien paraître au fil des débats, jamais. C’est à peine si elle lève les yeux pour regarder ses anciens amis témoigner, ou bien les documents qui s’affichent sur l’écran.

Une adolescente en manque de « câlins »

La cour d’assises a consacré les journées de lundi 12 et mardi 13 février à l’examen de son cas. C’est l’occasion de découvrir l’incroyable banalité du mécanisme de radicalisation qui mène aux actes de terrorisme. En 2014, Marine est une adolescente de 14 ans qui mène une vie ordinaire dans un appartement HLM de Carcassonne, avec ses parents, sa sœur Marion qu’elle considère comme sa jumelle, et leurs deux frères, l’un est le benjamin, l’autre l’aîné de la fratrie. Elle aime le maquillage, la mode, ses copines et les réseaux sociaux. Mais Marine souffre d’un manque affectif. C’est la fêlure à l’origine de tout. Ses parents ne sont pas très « câlins », confie-t-elle. Son père ne sait pas, sa mère qui a grandi en famille d’accueil, n’a jamais appris à exprimer son affection. Surtout, cette dernière vient d’apprendre que son frère est atteint d’une tumeur au cerveau, alors elle délaisse un peu sa famille pour le soutenir dans l’épreuve. En pleine crise d’adolescence, Marine est livrée à elle-même. Elle ne travaille pas beaucoup à l’école, fume du shit. Un jour d’octobre 2014, elle n’a pas encore 15 ans et sort pour acheter du cannabis sur une aire de jeux pour enfants dans le quartier d’Ozanam. Cet ancien quartier ouvrier est désormais sous le contrôle de petits caïds qui trafiquent de la drogue et des armes.

Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire…

« Il est arrivé et a crié : blanc ou shit ?, j’ai dit shit » raconte Marine à la barre, mardi 13 novembre. Chemise beige sur un haut foncé, pantalon clair un peu large, cheveux châtains lâchés dans le dos, la jeune femme est soignée, mais sans excès. « Il » c’est Radouane Lakdim. Elle poursuit son récit avec fluidité, répondant facilement aux questions, sans gêne apparente, ni hésitation. Sincérité ou mensonge parfaitement maîtrisé ? C’est la question qui obsède tout le monde à ce procès. Radouane Lakdim est accompagné d’un autre garçon. Ils vont chercher la marchandise, reviennent, Marine et Radouane entament ce soir-là une relation amoureuse qui va durer quatre ans. Ce qui lui a plu chez lui ? C’est le premier homme qu’elle rencontre, elle le trouve viril, « protecteur et rassurant ». En réalité, le garçon est loin d’être le petit ami idéal. D’abord parce qu’il est bien trop vieux pour elle : 22 ans. Ensuite parce qu’il vit du RSA et de ses trafics. Il boit aussi beaucoup d’alcool, des shoots qu’il a en permanence sur lui dans de petites bouteilles de cristalline.  Et il est fiché S. À la maison, on sait que Marine a rencontré quelqu’un mais personne ne semble s’en préoccuper. À la barre sa sœur Marion explique qu’elle « respectait son intimité ». Quant au père, il s’est présenté à l’audience lundi soir pour dire qu’il ne savait rien, qu’il n’avait rien vu, rien entendu, et qu’il n’était au courant de rien. C’est un leitmotiv dans cette famille : ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. On ne sait pas si c’est la réalité, une manière maladroite de se défendre ou la seule façon qu’ils ont trouvé de gérer le poids de la faute et la honte. Tout juste apprend-on au détour d’une phrase qu’ils ont « beaucoup pleuré » après l’attentat et que leur nom est devenu un fardeau.

Le Bataclan ? « Je pensais que c’était justifié à cette époque-là, c’est qu’on me disait sur internet »

Durant deux ans, Marine et Radouane se voient tous les jours dans son quartier à lui ou sur les berges de l’Aude. Elle a tout juste quinze ans quand ils deviennent amants. Parallèlement, elle a commencé à fréquenter des comptes radicalisés sur les réseaux sociaux et entre dans un groupe Facebook où elle a pour mission de poster des messages religieux le vendredi, jour sacré chez les musulmans. Elle se convertit à l’islam, sans que l’on comprenne très bien si c’est sous son influence ou s’il s’agit d’un cheminement personnel. Toujours est-il que Radouane au minimum l’encourage dans cette voie. D’ailleurs, la conversion, c’est lui. Il lui a expliqué que c’était simple, il suffisait de prononcer une formule et de faire une ablution. En 2016, l’amoureux protecteur et empressé change brutalement de visage, il devient soudain plus violent. Ses amis témoigneront qu’il se radicalise. Marine, elle, regrette surtout de le voir moins. Mais il lui envoie des messages et des vidéos des événements en Syrie. Le poison de la radicalisation continue d’étendre son emprise sur l’esprit fragile de cette adolescente paumée. On retrouvera lors de son arrestation dans son téléphone des vidéos très violentes de décapitation. « Vous comprenez que tout le monde ne regarde pas ça » lui fait observer le président.  « La première choque et puis on s’habitue », lui répond-elle avec une confondante légèreté. Interrogée sur ce qu’elle pensait à l’époque des attentats qui endeuillent la France (Charlie et l’Hyper cacher en janvier 2015 –  Le Bataclan en novembre suivant – Nice et Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016 ) elle avoue avec franchise : « je pensais que c’était justifié à ce moment-là, c’est ce qu’on me disait sur internet ».

Sous le matelas, deux fusils, cinq ou six machettes et un revolver

Un jour de 2016, alors qu’ils ne se voient plus qu’épisodiquement pour des relations sexuelles, il soulève son matelas et lui montre deux fusils, cinq ou six machettes et un revolver. Son entourage dit qu’à l’époque elle pleure beaucoup de ne pas le voir assez, mais elle affirme bravache à la barre que ça lui convenait. Il faut dire qu’elle entretient en parallèle une relation avec un combattant en Syrie via les réseaux sociaux. Ce dernier lui dit qu’il l’aime, lui promet de l’épouser pour l’attirer en Syrie. Elle renâcle, il est déjà marié, or elle veut un « homme rien que pour elle ». Elle demande aussi si elle pourra combattre, si on lui donnera des armes. Aujourd’hui, elle assure qu’elle ne serait jamais partie. Tout ça, c’était virtuel. Pour Radouane Lakdim, ce n’est pas virtuel en revanche, il lui parle de plus en plus de religion et lui offre même deux livres sur ce sujet. Il lui confie aussi sa haine de la police et de tout ce qui représente l’ordre. Un jour sur les berges de l’Aude, il lui explique même comment fabriquer une bombe. Une avocate générale s’agace : il vous envoie des vidéos de combattants, vous dit qu’il veut « se faire des hauts gradés », il vous apprend à fabriquer des explosifs, il vous montre ses armes, mais Madame il vous manque quoi pour être alertée, à part qu’il vous dise qu’un jour il passera sur BFM TV ? ». Si la magistrate est en colère c’est que Marine répète inlassablement qu’elle n’avait pas « fait le lien » entre le comportement de Radouane Lakdim et un possible passage à l’acte terroriste, alors que beaucoup d’autres personnes de l’entourage du terroriste au contraire se douteront que c’est lui dès qu’ils apprendront l’attaque du parking. Il avait confié à certains en effet qu’un jour « il passerait sur BFM TV ».

Fichée S en mars 2017

À la barre, Marine s’accroche à sa version : elle n’a « pas fait le lien », expliquant qu’il buvait beaucoup, que pour elle, il se vantait. La preuve, il la prenait même pour un agent des renseignements généraux ! Ses explications ne convainquent guère. En 2017, sa mère qui semble moins aveugle que les autres membres de la famille – mais n’est pas venue témoigner au motif qu’elle ne pouvait pas abandonner son travail – alerte le commissariat des velléités de sa fille de partir en Syrie, elle était déjà repérée par les services de renseignement en raison de ses propos sur internet. Le 21 mars 2017, elle est officiellement fichée S. On retrouvera lors de la perquisition dans sa chambre trois tapis de prières et 23 ouvrages religieux. Beaucoup lui ont été envoyés par le combattant en Syrie, mais c’est son propre père qui lui a acheté un livre de Tariq Ramadan. À la barre il persiste dans son mutisme, il n’a rien vu, n’était au courant de rien. Marine en dit un peu plus que lui. Quand elle demande à porter le voile, il lui répond qu’elle fera ce qu’elle voudra quand elle sera chez elle. Lorsqu’elle tente d’obtenir qu’il l’inscrive à un stand de tir, il refuse. Point. Personne n’en aurait reparlé. À les entendre, la sœur et le père, on se demande lequel est le plus dans le déni et le refus de voir ce qui se passe. Marine, elle, poursuit sa folle dérive. Elle poste sur les réseaux des photos d’elle en niqab, avec des couronnes de fleurs ou des oreilles de Mickey, fait ses prières dans sa chambre, fume 14 joints par jour qu’elle achète avec l’argent de poche que lui donne son père. Délire virtuel d’adolescente comme elle l’affirme ou dangereuse radicalisation comme le pense le parquet ? Toujours est-il que personne autour d’elle ne s’inquiète de rien. Ni du petit ami que la famille n’a jamais vu et qui la fait pleurer et même vomir à chaque rendez-vous (elle semble avoir redouté leurs rencontres autant qu’elle les souhaitait), ni de sa pratique d’un Islam radical, ni du fait qu’elle a abandonné les études et ne fait plus rien de ses journées à part se lever à dix heures, aller se promener et passer des heures jusque tard dans la nuit sur les réseaux sociaux. La seule qui a du plomb dans la tête dans toute cette histoire, c’est son ancienne meilleure amie, fille de policier, ancienne militaire, elle-même convertie à l’islam mais modérée. Elle rompt brutalement avec Marine lors du ramadan en 2017 lorsque l’accusée lui montre une vidéo sur Facebook de la guerre en Syrie et lui dit « il faut frapper fort la France ».

« — Pourquoi ne prévenez-vous personne à ce moment-là, L’interroge un avocat.

— Je me disais qu’elle avait été endoctrinée, je ne voulais pas la condamner. Beaucoup de gens m’ont dit de la dénoncer, j’ai refusé parce que pour moi c’était impossible ».

Il y a dans cette histoire ceux qui ne veulent pas voir, et ceux qui voient mais ne veulent pas dire.

« C’est le vide intersidéral, vous ne parlez que de maquillage ? »

Quand sa sœur Marion explique mardi 13 février à la barre qu’elle non plus « n’a pas fait le lien » entre le comportement de sa sœur et une possible « radicalisation » expliquant qu’elle était coquette, gentille et qu’elle ne serait jamais partie en Syrie parce qu’elle aimait trop sa famille, Me, Alexandra Boret, avocate de Marine, explose « Si vous cherchez à protéger votre sœur, ça ne la protège pas, arrêtez ! Ou alors vous cherchez à vous protéger du fait que vous n’avez rien vu, vous n’êtes pas accusée, pas en risque. Arrêtez ! Troisième hypothèse : c’est le vide intersidéral, vous ne parlez que de maquillage alors que vous êtes en cheminement spirituel avec des copains musulmans, c’est triste. La dernière option c’est que vous avez vu des choses, que vous en avez un peu parlé, mais que vous avez saisi les possibilités de vous rassurer ». Elle n’a pas plus de succès que le président, le parquet ET les parties civiles. La famille n’a rien vu, rien entendu, rien à dire. Ils n’ont « pas fait le lien ». On songe au refrain de la fameuse chanson « Tout va très bien, Madame la marquise ».

Lors de son arrestation, elle crie trois fois Allah Akbar

Dans la nuit du 10 au 11 janvier 2018, Radouane et Marine se rencontrent une dernière fois. Le vendredi 23 mars suivant,  elle est réveillée par les appels d’amis lui signalant l’attentat. Marine émerge tard comme à son habitude, va brancher BFM TV. Son meilleur ami a prévu de venir la chercher pour aller se promener. Il est homosexuel, elle le fréquente en cachette de Radouane Lakdim qui déteste les gays autant que les policiers. Les deux amis tentent d’aller sur une colline donnant sur le parking où a eu lieu le premier attentat pour voir ce qu’il se passe, mais on les empêche de passer. L’attaque terroriste en train de se dérouler à Carcassonne ne les intéresse pas plus que ça. Les voilà partis chez Décathlon puis au Mac Do. Ensuite ils vont se promener sur les berges de l’Aude. Il la ramène vers 17 heures. C’est là qu’une amie l’appelle pour lui annoncer que c’est « son copain » qui a commis l’attentat, copie d’écran à l’appui. L’amoureuse qu’elle est encore hurle, pleure, panique. Son homme est mort. L’accusation pense qu’elle était au courant de ses projets, elle affirme qu’elle le découvre à cet instant. Plus tôt, alors qu’elle s’inquiétait quand même un peu en apprenant que le preneur d’otage se prénommait Radouane, son ami l’avait rassurée, « il y a en a beaucoup des Radouane » et ça lui avait suffi. Quelques minutes plus tard, le RAID arrive chez elle. La police a été informée de l’existence d’une petite amie radicalisée susceptible de se venger par une amie de Marine, celle qui ne l’avait pas dénoncée en 2017. Elle crie trois fois Allah Akbar en voyant les forces de l’ordre. « Dans ces circonstances, c’est un cri de victoire » lui fait observer Me Thibault de Montbrial, l’avocat de la famille Beltrame. Elle s’en tient à sa version : conditionnement, peur et provocation. Ils l’arrêtent puis procèdent à une perquisition. Sa soeur Marion lance alors « Vous ne pouvez pas éteindre les lumières, l’électricité ça coute cher mes parents ne roulent pas sur l’or ! ». Radouane Lakdim vient de tuer quatre personnes. Lui-même est mort. Sa soeur est arrêtée, l’appartement de ses parents perquisitionné et elle s’inquiète de la note d’électricité. Cela laisse sans voix.

L’assassinat du Père Hamel ? « Je m’en fous ! »

Les déclarations de Marine en garde à vue laissent sans voix aussi. A propos d’Amedy Coulibaly, l’auteur du meurtre de la policière à Montrouge puis de la prise d’otage à l’hyper cacher en 2015, « il a fait ce qu’il avait à faire ». L’assassinat du Père Hamel en pleine messe à l’été 2016 ? « Je m’en fous ». Quant à l’attentat qui vient de se produire « vous ne comprenez pas la religion. Mais tout musulman doit défendre la religion en parole ou en acte » répond-elle, avant de préciser « Il n’avait pas forcément raison, il avait peut-être ses raisons ». Elle rajoute qu’elle « aurait pu l’accompagner par amour pour lui, mais pas tirer sur les gens ». Si maintenant elle dit n’avoir pas fait de lien et avoir toujours considéré qu’il se vantait, aux policiers alors elle confie que Radouane lui avait dit vouloir attaquer des CRS, la police, la gendarmerie, il aurait pu les égorger, leur couper la tête, il avait la haine, avoue-t-elle alors à chaud. Et pour mieux convaincre à ce moment-là les enquêteurs qu’elle ne savait rien, elle affirme « les choses importantes comme ce qu’il a fait le 23 mars, il n’en parlait pas. Il était très intelligent ».

Totalement sortie de la radicalisation ?

Autant dire que la psychologue qui l’a vue en détention au mois de novembre suivant n’apparaît guère crédible à la cour et à l’accusation, lorsqu’elle affirme en visioconférence que Marine était déjà déradicalisée huit mois après son incarcération. Elle en veut pour preuve que la jeune femme lui indique alors avoir demandé qu’on ne la sorte plus en promenade avec les radicalisées et avoir par ailleurs dénoncer deux codétenues qu’elle soupçonnait de vouloir commettre un attentat. « Je ne vais plus au culte musulman, je me sens mieux comme ça. Aujourd’hui je suis vraiment moi, je ne crois plus dans la religion, j’ai grandi, je sais que quand je sortirai je serai plus forte » lui confie-t-elle alors. La cour est dubitative, le parquet aussi. La psychologue poursuit, décrivant une jeune femme immature, hypersensible, fragile, présentant de nombreux traits anxiodépressifs, une dépendance affective importante « mais totalement sortie de la radicalisation ». Elle indique que Marine « a enfin de vraies relations avec sa famille », précise qu’elle a entamé des cours par correspondance pour avoir l’équivalent du bac et ambitionne de faire carrière dans le maquillage ou la mode. « Le processus de déradicalisation s’est mis en route grâce à son travail d’introspection, les liens familiaux se sont resserrés. Le risque de retour en arrière est peu conséquent » conclut-elle. Le tableau est tellement idyllique alors qu’il ne s’est même pas passé un an entre l’arrestation et cette rencontre qu’une avocate des parties civiles évoque l’hypothèse d’un contre-transfert entre la psy et sa patiente. Comprendre que la spécialiste se serait identifiée à son sujet d’observation.

Aujourd’hui, Marine a refait sa vie à Marseille. Elle travaille, vit avec un chauffeur routier prénommé Mohamed dont elle assure qu’il n’est pas radicalisé et même pas pratiquant. Ils se sont présentés à leurs familles respectives. La religion ? Elle ne veut plus jamais en entendre parler. Elle se sent bien maintenant, explique-t-elle, elle n’en a plus besoin. Un aumônier musulman spécialiste de déradicalisation est venu expliquer à la barre mardi matin que ça arrive : certains déradicalisés jettent « le bébé avec l’eau du bain ». Elle dit encore qu’elle a grandi, qu’elle a progressé, qu’elle comprend rétrospectivement ses erreurs et qu’elle en a honte. La justice devra apprécier ce qu’elle savait ou non de la radicalisation de son petit ami et de ses projets, ainsi que sa radicalisation personnelle et l’effectivité de son renoncement à ce lourd passé.

On ne peut échapper tout au long de ces journées d’audience à un sentiment de vertige face au vide de ses existences sans projets, que des individus manipulateurs ramassent à plein filets via internet pour en faire des combattants au service de leur idéologie. Le parcours de Marine rappelle étrangement celui des accusés dans l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray qui a coûté la vie au Père Jacques Hamel (Nos portraits des intéressés lors de leur procès en février 2022). Là aussi des adolescents désœuvrés avaient plongé en un temps record dans la radicalisation. Des gamins ordinaires, perdus, en quête d’un cadre, d’un sens à donner à leur vie et de la chaleur rassurante d’un groupe. Le tout sur fond de révolte contre l’injustice faite à d’autres musulmans qu’on leur présentait comme leurs frères. À l’époque, c’était la Syrie…

 

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