Tribunal de Pontoise : Dylan, 20 ans, refuse d’obtempérer et s’encastre dans un arbre

Publié le 29/09/2022

Le 1er septembre 2022, la police s’apprête à contrôler un véhicule pour un feu défectueux.  Mais l’automobiliste refuse d’obtempérer et démarre en trombe. À l’issue d’une folle cavalcade Dylan*, 20 ans, est interpellé. Il doit maintenant s’expliquer aux comparutions immédiates de Pontoise.

Voitures de police garées dans la rue.
Albachiaraa/ AdobeStock

Il est 20 h 50, ce jeudi 1er septembre, lorsqu’une patrouille de police avise sur un rond-point à Cergy, un véhicule dont l’un des feux stop est défectueux. Les policiers se portent à sa hauteur et font signe au conducteur de s’arrêter un peu plus loin pour se soumettre au contrôle. Ce dernier commence par ralentir, comme s’il allait obtempérer, avant d’accélérer brutalement.

Rétrospectivement, Dylan dit ne pas savoir ce qui lui a pris. La panique, sans doute. Outre un emploi chez Leclerc rémunéré 1 300 euros par mois, il complète ses fins de mois en faisant des livraisons pour Uber Eats avec sa voiture.

Quinze jours plus tôt, il s’était déjà fait contrôler, ce qui lui avait valu une convocation sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Parce que Ese a un problème, il conduit sans permis. Alors ce 1er septembre, il ne pense qu’à une seule chose : échapper à une nouvelle procédure pour ne pas perdre son outil de travail.

Course-poursuite effrénée

Sa petite amie qui se trouve dans la voiture a beau lui enjoindre d’obtempérer, Dylan part comme un fou. La  voiture de police le prend en chasse. La présidente souffle : « Bon, inutile de préciser que vous commettez de nombreuses infractions routières. » Sur l’A15, il tente de s’esquiver par la bande d’arrêt d’urgence. La police reste au contact. Le compteur des poursuivants affiche 157 km/h. Pour semer ses poursuivants, Dylan slalome entre les voitures, avant de sortir en trombe de l’autoroute en prenant la direction de la ville d’Osny. La poursuite continue en ville. Le policier regarde son compteur : 146 km/h. Sur le siège passager, la petite amie a renoncé à l’idée de calmer le conducteur, elle s’agrippe à son siège en serrant les dents. À la sortie de la ville, une courbe un peu serrée en rase campagne surprend l’effréné Dylan, la voiture quitte la route et s’encastre dans un arbre.

« Mais ce n’est pas terminé, car vous partez en courant », relève la présidente. « Oui », bredouille Dylan.

Le fuyard pique un sprint, saute un portail et se retrouve dans un verger. Il slalome entre les pommiers pour échapper aux policiers qui le talonnent. Mais des fils de fer relient certains arbres, et l’un d’eux vient couper la route de Dylan qui, après 18 km de course-poursuite, s’étale le nez dans l’herbe.

La garde à vue ne dure pas longtemps. Dylan est déféré sur-le-champ.

Face au tribunal correctionnel, il n’en mène pas large. « J’ai paniqué, j’ai conduit dangereusement, ça c’est sûr. J’aurais pas dû faire ça. » Il raconte n’avoir pas pensé à un autre moyen pour compléter ses revenus. « Mais vous n’avez pas anticipé le fait d’être contrôlé ? » Non, il n’y a pas pensé. Il s’excuse, encore et encore. La présidente est dépitée. « Les conséquences auraient pu être extrêmement graves ! » Le voilà qui s’excuse de nouveau.

« On n’a pas un mauvais citoyen devant nous. »

La procureure cingle : « S’il est renvoyé devant votre tribunal, c’est qu’il ne comprend pas, qu’il ne veut pas comprendre. » Elle déplore qu’il « conduise des gens quotidiennement, alors qu’il ne sait pas conduire ». Visiblement, elle confond le service de VTC Uber et celui de livraison de repas Uber Eats. Cela dit, elle requiert 6 mois de sursis probatoire avec diverses obligations.

L’avocat corrige le malentendu relatif à l’activité de livreur, mais sur le reste, il est entièrement d’accord. « Tout est reconnu. Ce jour-là, il est sur les nerfs. Il a eu une grosse poussée d’adrénaline et il est parti comme une balle. » Dylan se met beaucoup de pression pour être un bon copain. Sa copine attend-elle un enfant ? Il est trop tôt pour le dire, mais il semble que ce soit le cas. « Son casier judiciaire est vierge, il vit en couple et travaille en CDI. On n’a pas un mauvais citoyen devant nous » plaide l’avocat qui demande un sursis simple.

Le dernier mot revient toujours au prévenu. Dylan déclare d’une voix douce : « Je m’excuse énormément ». Finalement, le tribunal le condamne à 9 mois de prison avec sursis. « Il faudra passer le permis de conduire, Monsieur ! », tance la juge. Dylan lance un oui plein de conviction.

* Le prénom a été changé.

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